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Affaire Juglall: «Aucun marquage où les chevaux sont tombés», dit l’ASP Ghoorah

14 juillet 2021, 19:00

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Affaire Juglall: «Aucun marquage où les chevaux sont tombés», dit l’ASP Ghoorah

Il a été appelé à fournir des précisions portant sur un plan érigé par les enquêteurs de la «Major Crime Investigation Team» (MCIT) à la suite de la chute mortelle du jockey Nooresh Juglall au Champ de-Mars survenue le 15 mars. C’est lors des travaux de l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur les circonstances entourant la mort du jockey, hier, devant la magistrate Shavina Jugnauth de la cour de district de Port-Louis, que l’«Assistant Superintendent of Police» (ASP) Ghoorah de la MCIT devait tout d’abord indiquer le stade de l’enquête.

«Je ne peux dire si l’enquête a abouti ou pas car peu après le 26 mai, on m’a demandé de remettre le dossier à la police des Jeux.» Déclaration de l’ASP Ghoorah, hier, en cour de district de Port-Louis, lors de l’enquête judiciaire sur la mort du jockey Nooresh Juglall. Contre-interrogé par Me Yahia Nazroo qui représente les intérêts de la Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL), l’enquêteur principal a également concédé que bien que la piste des courses consiste en plusieurs «posts», le plan qui a été dessiné ne révèle pas la présence de tous les poteaux qui affichent les différentes distances. «The posts which stand before and after the place where the incident occurred don’t show on the plan?» demande Me Nazroo. Ce à quoi l’ASP répond par la négative.

Le policier a aussi indiqué qu’aucun marquage n’a été fait par son équipe pour démontrer le lieu où les chevaux sont tombés, lors de cet incident survenu lors de la septième course de la première journée de courses hippiques de la saison 2021. «C’est vrai qu’il n’y a aucun marquage mais une description a été faite en écrit dans les ‘statements’», poursuit l’ASP Ghoorah.

Idem pour les deux «crossing» sur la piste des courses qui ne figurent pas sur le plan. «N’était-il pas important de tracer les deux ‘crossing’ qui font parties de la piste ?» s’enquiert l’homme de loi. Cela, vu que lors des deux premiers «crossings», les chevaux n’avaient pas fait de saut contrairement à ce qui se serait passé au troisième passage. Le témoin Ghoorah soutient alors qu’il n’a pas jugé important de le faire. La magistrate a, quant à elle, fait une remarque à l’avocat du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) lui demandant s’il ne serait pas mieux de produire un nouveau plan plus structuré.

Le jockey malaisien Benedict Woodworth, qui s’était blessé (au coude) lors de l’incident, était aussi en cour. Comptant plus de 31 ans d’expérience, il a tout d’abord parlé de sa carrière et la raison de sa présence à Maurice. «J’ai un permis pour monter les chevaux lors des courses hippiques à Maurice et j’y étais en 2007 et cette année j’ai décroché un contrat et je suis mariée à une Mauricienne», dit-il.

Ainsi, il devait expliquer les différents types de «trackworks». «Les chevaux font des galops lors du ‘training’ sur les pelouses, le sable et les ‘barrier trials’ sont destinés pour les nouveaux chevaux. Cela, afin de les entrainer pour bien sauter, bien se comporter dans des ‘barrier trials’ lors des courses hippiques et ces nouveaux chevaux sont ceux qui ont été en quarantaine après avoir quitté leur pays. Normalement, cela prend quatre mois minimum pour un cheval de se débarrasser de ses mauvaises habitudes.» Toutefois, dit-il, cela dépend de l’entraîneur et un cheval peut même prendre un an pour s’habituer à son nouvel environnement.

«Que se passe-t-il si lorsque vous montez à cheval lors de ces ‘barrier trials’ et que vous notez un problème ?» demande l’avocat du bureau du DPP. Ce à quoi le jockey Benedict Woodworth soutient qu’il rapporte l’affaire à l’entraîneur. Il ajoute que certains chevaux sautent même devant vu que la couleur du gazon n’est pas uniforme. «When they jump the crossing, the other horses follow and as a result, it gets jammed and some may break down. C’est-à-dire qu’ils peuvent avoir une fracture de la patte», poursuit-il. Le Malaisien est d’avis que ce sont plus ou moins les nouveaux chevaux qui courent pour la première fois lors d’une course qui sont davantage susceptibles de l’objet d’un accident.

Il a aussi précisé que ces nouveaux chevaux ont dû mal à s’adapter au nouvel environnement car leur entraînement se fait le matin entre 5 et 7 h 30 et font la sieste vers 14 h 30 et que les courses hippiques ont eu lieu pendant l’heure de leur sieste.

«Vous avez dit dans une déclaration faite à la police que les ‘barriers trials’ représentent une distraction pour les nouveaux chevaux et des ‘eye blinkers’ sont utilisés afin de les aider à se concentrer lors des courses hippiques. Est-ce correct ?» demande l’avocat du bureau du DPP. Ce à quoi Benedict Woodworth répond par l’affirmative.

La séance se poursuivra mardi prochain, soit le 20 juillet, devant la même instance judiciaire où deux vidéos seront produites sur le grand écran que dispose la salle. Me Nazroo a toutefois fait une requête : il estime que l’opérateur de l’IT Unit devrait être celui affecté à la Cour suprême et qu’ils ne devraient pas solliciter les équipements technologiques de la police pour visionner les vidéos lors de cette enquête indépendante. La magistrate est sur la même longueur d’onde.