Publicité

Parlement: expulsion d’Assirvaden sur fond de décès d’une fonctionnaire

14 juillet 2021, 10:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Parlement: expulsion d’Assirvaden sur fond de décès d’une fonctionnaire

La question d’Osman Mahomed sur le décès d’une fonctionnaire au Registrar Building, le 9 juin, a entraîné l’expulsion du député Assirvaden, le mardi 13 juillet, à l’Assemblée nationale. La réponse émaillée de détails personnels du ministre de la Fonction publique est pourtant perturbante.

Une longue réponse du ministre Vikram Hurdoyal, suivie de plusieurs questions parlementaires sur le décès de Faheza Mooniaruth, une ex-Office Management Executive du ministère de la Santé, le 9 juin, dans des circonstances encore inconnues, a été le point fort de la deuxième partie de la séance parlementaire d’hier.

Il est d’usage au Parlement de ne pas prononcer le nom de quelqu’un, surtout pour en dire du mal, car la personne n’est pas là pour se défendre. La fonctionnaire citée n’est même plus, puisqu’elle a trouvé la mort au pied du Registrar Building. Or, Vikram Hurdoyal a non seulement prononcé le nom de la malheureuse mais l’a décrite comme souffrant de dépression. Il a même énuméré tous les congés maladie qu’elle avait pris depuis janvier 2021.

Si, au début, la réponse du ministre et les premières questions étaient suivies dans un silence de cathédrale, en revanche, il y a eu à la fin des échanges entre des ministres et les députés du Parti travailliste (PTr), Osman Mahomed et Patrick Assirvaden. Ce dernier a été finalement expulsé de l’hémicycle au grand dam de nombreux parlementaires.

Patrick Assirvaden n’était pas d’accord que l’on donne le nom et les détails de cette fonctionnaire. Il a donc signalé cet impair au speaker mais celui-ci ne l’a même pas écouté et, comme nous le dit le travailliste, Sooroojdev Phokeer s’est adonné à son sport favori, à savoir l’expulsion des membres de l’opposition. Patrick Assirvaden est révolté : «Lorsque j’avais parlé de l’ambassadeur Soodhun, le speaker est allé même jusqu’à effacer ma question du Hansard. Aujourd’hui (NdlR, mardi), il n’a pas demandé au ministre de retirer ses propos, mais il m’a expulsé.» C’est un manque de respect, a-t-il ajouté, envers la mémoire de la décédée et sa famille.

«Disorderly conduct»

Quelques minutes avant son expulsion, on a vu le ministre Bobby Hurreeram murmurer «Ki to montré mwa ledwa» au député du PTr. Difficile pour nous de dire ce qu’a fait ou prononcé Patrick Assirvaden car, de la galerie de la presse, il n’est pas évident de voir les gestes et d'entendre les paroles prononcées des députés à gauche ou à droite du speaker, là où est assis le député du PTr. Mais il a été prié par le président de la Chambre de «withdraw from the House». «Qu’est-ce que je fais M. le président ?» a interrogé le député travailliste.

Au même moment, le chef de file du PTr, Arvin Boolell, a demandé au speaker pour quelle raison Patrick Assirvaden a été expulsé. La réponse de Sooroojdev Phokeer : «Disorderly conduct.» «It’s not fair», a répondu Arvin Boolell. Le speaker a alors rétorqué : «On ne peut pas juger ma décision» et «I am not cross examined». Patrick Assirvaden a pris son temps pour quitter l’hémicycle et le speaker a alors lancé : «I can’t wait for you so I suspend the seating.»

Quant aux circonstances du décès de la fonctionnaire dont le nom a été cité par le ministre, qui l'a ensuite désignée par ses initiales ou «that lady», Vikram Hurdoyal a indiqué que deux enquêtes ont été menées jusqu’ici par son ministère. À ce stade, il ne peut pas se prononcer, si c’est un suicide ou un accident. Mais selon lui, il y avait une chaise du lieu d’où venait la chute. Cet endroit était en réparation, mais la porte d’entrée n’était pas verrouillée.

Toutefois, le ministre a indiqué que la fonctionnaire était dépressive et il s’est appuyé sur des rapports médicaux pour étayer ses dires. Il a rappelé que la fonctionnaire avait pris des congés à quatre reprises entre le 18 janvier et mai. Quand elle avait repris le travail, elle avait été transférée de la Training Unit du ministère de la Santé au Registry. Selon le ministre, vu son état de santé, elle s’est vu affecter dans un département où il y avait un travail plus léger.

Ehsan Juman a alors demandé au ministre si la fonctionnaire n’avait pas été transférée à un poste inférieur à celui qu’elle occupait. Vikram Hurdoyal a répondu que sa mutation était due à son état de santé. Selon lui, il n’y avait aucune pression sur elle.

Conclusion hâtive

Pour Vikram Hurdoyal, une enquête policière est toujours en cours. C’est à la suite des conclusions de cette enquête qu’on pourra en savoir plus sur le décès de l'ancienne fonctionnaire.

Osman Mahomed a, de son côté et sous le couvert d’une question supplémentaire, rappelé au ministre Hurdoyal qu’il est parvenu à une conclusion un peu hâtive en alléguant que la défunte s’est jetée du haut du bâtiment alors qu’il venait lui-même de déclarer que l’enquête policière est en cours. «Quelqu’un a-t-il vu la dame sauter du haut de l’immeuble ?» a-t-il demandé sans obtenir de réponse. Le premier député de la circonscription numéro 2 voulait aussi connaître la raison pour laquelle on a dégradé la fonctionnaire alors que la hiérarchie pensait qu’elle se portait mal.

Il a aussi souligné qu’aucun fonctionnaire, dont ses collègues, n’ont rendu visite à la famille de la défunte. Cette remarque a été suivie par des murmures des membres du gouvernement qui lui ont lancé : «Pe fer politik avek dimounn mor». À quoi Osman Mahomed a précisé que c’est à la demande de la famille de la défunte qu’il a voulu passer ce message.

Contacté, Naushad Mooniaruth, l’époux de la fonctionnaire décédée, condamne les propos du ministre. «Ma femme ne souffrait d’aucune dépression à la maison. Mais elle souffrait au bureau, étant harcelée moralement.» Il ne comprend pas pourquoi Faheza se serait suicidée, tant elle était attachée à sa famille. «Si elle s’est suicidée, on l’aurait poussée à le faire.» Il regrette également qu’aucun fonctionnaire du ministère n’ait rendu visite à sa famille endeuillée. «Même pas un coup de fil…»