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Au Bangladesh, 52 morts dans l'usine en feu, le propriétaire arrêté

11 juillet 2021, 11:35

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Au Bangladesh, 52 morts dans l'usine en feu, le propriétaire arrêté

Le propriétaire d'une usine d'alimentation au Bangladesh, dont l'incendie aura duré plus de 24 heures et tué 52 personnes, a été arrêté pour homicide, et pourrait également être poursuivi pour emploi illégal d'enfants.

La police a annoncé avoir arrêté samedi Abul Hashem et quatre de ses fils, ainsi que trois autres responsables de cette usine de Rupganj, ville industrielle proche de Dacca, qui fabriquait notamment des bonbons, des nouilles et des jus de fruit.

Les pompiers ont mis plus de 24 heures à venir à bout du feu qui s'était déclaré jeudi dans ce bâtiment où étaient stockés notamment du plastique et des produits chimiques inflammables.

Lorsque les secours sont arrivés au troisième étage, ils ont trouvé 48 cadavres. Les travailleurs n'avaient pu s'enfuir car la porte d'accès à l'escalier principal, qui aurait pu leur permettre de se réfugier sur le toit, était fermée à clé, ont indiqué les pompiers.

Selon le chef de la police locale, Jayedul Alam, non seulement cette porte était verrouillée, mais de nombreux règlements de sécurité n'étaient pas respectés dans l'usine.

«C'est un meurtre délibéré», a-t-il déclaré à l'AFP.

Avant son arrestation, le propriétaire a suggéré que l'incendie pourrait être «le résultat d'une négligence de la part des ouvriers», estimant qu'une cigarette mal éteinte pouvait être à l'origine du feu.

Enfants payés 20 cents/h

La ministre du Travail Monnujan Sufian a par ailleurs indiqué qu'une enquête avait été lancée sur l'emploi d'enfants dans cette usine.

Elle a dit à l'AFP avoir parlé à l'hôpital à deux survivants de l'incendie âgés de 14 ans, et une femme a expliqué à l'AFP que son enfant de 11 ans, qui travaillait dans l'usine, était porté disparu.

Laizu Begum, après des heures d'attente devant l'usine en flammes, a expliqué à l'AFP être sans nouvelle de son neveu, âgé de 11 ans, qui travaillait au troisième étage.

«Nous avons entendu dire que la porte du troisième étage était verrouillée. Quand nous avons vu comme l'incendie était énorme, nous avons réalisé qu'il était probablement mort», a-t-elle raconté, en pleurs.

Devant la carcasse calcinée de l'usine, l'AFP a parlé à une trentaine de survivants et de parents des victimes, qui ont confirmé que des enfants travaillaient dans cette usine, pour 20 takas (20 centimes d'euro) de l'heure.

Bilal Hossain, père de Mitu Akter, une adolescente de 14 ans qui n'a toujours pas été retrouvée, allait de la police aux médecins devant la morgue, à la recherche des restes de sa fille.

«J'ai envoyé ma petite fille à la mort! Comment vais-je annoncer ça à sa mère?», s'est-il lamenté.

La ministre, parlant des enfants survivants qu'elle a vus à l'hôpital, a indiqué que le plus jeune lui avait dit avoir 14 ans.

La loi au Bangladesh permet aux mineurs de travailler à partir de 14 ans, mais dans des emplois non dangereux, ce qui n'était pas le cas de cette usine, a expliqué Mme Sufian.

«S'il est prouvé qu'il employait des enfants, nous poursuivrons non seulement le propriétaire, mais aussi les inspecteurs du travail», a-t-elle ajouté.

Les incendies et les effondrements de bâtiments sont relativement fréquents au Bangladesh, un pays pauvre d'Asie du Sud, en particulier dans son importante industrie textile, en raison d'un manque de respect des normes de sécurité. Et les réformes promises dans ce domaine par le gouvernement tardent à se concrétiser.

En 2013, l'effondrement du Rana Plaza, un complexe de neuf étages qui abritait des usines de confection à Dacca, avait fait plus de 1 100 morts.

Ce nouveau drame illustre selon les syndicats combien la législation sur le travail est peu respectée.

Pour l'Organisation Internationale du Travail, l'incendie «illustre la nécessité urgente» que les autorités et l'industrie du bâtiment du Bangladesh s'assurent que les usines respectent les normes de sécurité.

Le gouvernement doit «régler avec plus de vigueur les manquements à la sécurité sur les lieux de travail à travers le pays», a demandé l'agence onusienne.