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Arvin Boolell: «La marée noire aurait pu être évitée»

2 juillet 2021, 11:48

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Arvin Boolell: «La marée noire aurait pu être évitée»

C’est Arvin Boolell qui a défilé à la barre des témoins à la cour d’investigation sur le naufrage du MV Wakashio, hier. Pour le député, il faut une enquête pour savoir pourquoi le pompage n’a pas débuté plus tôt.

Des demi-vérités et des omissions et des inexactitudes. C’est ce qu’Arvin Boolell est venu prouver, hier, devant la cour d’investigation instituée pour établir les responsabilités dans le naufrage du MV Wakashio l’année dernière. Pendant plus d’une heure, le député du Parti travailliste a fait une analyse des réponses parlementaires et des déclarations faites à l’Assemblée nationale depuis le naufrage. Il estime que les autorités ont échoué dans la gestion du vraquier japonais.

Selon Arvin Boolell, entre le 25 juillet et le 6 août 2020, qui est considérée comme la période «pre-spill», personne n’était au courant des mesures spécifiques et détaillées qui ont été prises pour prévenir un déversement d’hydrocarbures. Pourtant, citant la déclaration de deux pages du ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, datant du 28 juillet 2020, un pompage prématuré du fioul figurait clairement à l’agenda des autorités. Aussi, fait-li ressortir, à aucun moment le ministre n’a fait mention des conditions météorologiques ou de l’état de la mer qui a empêché le pompage du fioul.

«Il faut une enquête pour savoir pourquoi l’exercice de pompage n’a pas débuté à partir du 26 juillet 2020. Car la marée noire aurait pu être évitée», a-t-il affirmé. Selon lui, si l’on se fie à la chronologie des évènements, il semblerait que tout ait bien commencé. «Une fois que l’alerte a été donnée, le ministère de l’Environnement a activé le National Oil Spill Contingency Plan. La National Coast Guard et la Special Mobile Force ont été mobilisées sur le site avec des équipements anti-pollution à partir de 5 heures du matin le 26 juillet», a expliqué Arvin Boolell.

Ainsi, à la lumière de la déclaration de Kavy Ramano, Arvin Boolell a soulevé plusieurs incohérences, hier. Tout d’abord, le gouvernement pouvait procéder au pompage des hydrocarbures. Ensuite, le pompage a été envisagé aussitôt après le naufrage. Pourquoi fallait-il maintenir l’opération de pompage pendant la première semaine après le naufrage ? Pour Arvin Boolell, les mauvaises conditions météorologiques et la mer houleuse n’ont débuté qu’à partir du 31 juillet 2020.

Arvin Boolell a aussi évoqué la Private Notice Question qu’il avait adressée au ministre de l’Économie bleue, Sudheer Maudhoo. Ce dernier avait affirmé que ce n’est que le 6 août à 8 h 50 que le Special Casualty Representative a informé le directeur du Shipping qu’il y avait un risque imminent de marée noire. Selon Arvin Boolell, la question est de savoir si la structure du vraquier qui s’endommageait alors qu’elle se cognait systématiquement au récif n’aurait pas dû être anticipée au moment du naufrage. Selon lui, dans les semi-vérités, le gouvernement a concédé qu’il n’y a pas eu de due dilligence par les autorités sur l’état du vraquier pendant la première semaine de l’échouement.

Le député rouge a aussi indiqué que la question a été posée aux autorités pour savoir si les plongeurs n’auraient pas dû être envoyés pour vérifier la structure immergée du vraquier pour évaluer son état en cas de fissures. Arvin Boolell note également des contradictions concernant les appels de la NCG au Wakashio entre 18 h 15 et 19 h 10, et entre 19 h 45 et 20 h 10. Il a évoqué un appel anonyme à la mi-août pour l’informer qu’un des deux officiers qui aurait dû être en poste à Pointe-duDiable entre 18 h 15 et 20 h 10, ne s’y trouvait pas. Alors que le second n’était pas familier du fonctionnement du radar et de l’équipement radio. Il a aussi soutenu que le 4 août quelques traces d’huile ont été détectées dans le lagon. Cette information aurait dû être relayée et des actions rapides initiées, a-t-il dit.

Autre point soulevé : le Premier ministre a affirmé au Parlement que le commissarie de Police l’a informé à 19 h 10 que le vraquier qui se trouvait à 6 milles nautiques de nos côtes était devenu «un navire suspect». Pourtant entre 19 h 10 et 19 h 25, au moment du naufrage, aucun patrouilleur n’a été déployé, a relevé le député. Tout comme Bruno Laurette, Arvin Boolell estime que les ministres Ramano et Maudhoo ainsi que le Premier ministre doivent venir volontairement déposer devant la cour d’investigation car ils prenaient des décisions lors de la crise du MV Wakashio.