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Areff Salauroo: «Interdire l’accès du lieu de travail à un employé non vacciné n’est pas discriminatoire»

20 juin 2021, 19:30

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Areff Salauroo: «Interdire l’accès du lieu de travail à un employé non vacciné n’est pas discriminatoire»

Entre le rendez-vous pris pour cet entretien et sa tenue, une situation complexe s’est manifestée. Ce qui donne, du coup, une autre tournure à l’exercice déjà ambigu : un directeur des ressources humaines (DRH) en face des questions «on record» d’un de ses employés.

Si on est impertinent et qu’on ne vous fait pas de cadeaux durant cet entretien, vous n’allez pas inclure cela dans notre dossier, on est d’accord ?

Il nous regarde froidement derrière son masque, ne bronche pas et ne répond pas.

Quel est le pourcentage de vaccinés contre le Covid-19 parmi les employés de La Sentinelle d’une part, et d’autre part au sein du secteur privé qui est représenté au sein de l’association des professionnels des ressources humaines ?

84 % des employés de La Sentinelle sont vaccinés. La situation générale dans les entreprises varie. Les petites entreprises atteignent un plus gros score et s’approchent plus facilement des 100 %. Ce qui est logique puisqu’elles emploient peu de personnes. Et quand il y a peu de personnes, c’est plus facile de motiver l’ensemble du personnel à se faire vacciner.

Dans les grandes entreprises, ceux qui ne se font pas vacciner arrivent même à convaincre les autres de ne pas se faire vacciner. Quoi qu’il en soit, les entreprises progressent lentement vers le taux requis pour l’immunité collective. Les DRH continuent de motiver les employés à se faire vacciner.

Un des débats actuels, c’est l’interdiction des institutions de santé et d’éducation aux personnes non vaccinées. Les DRH du privé songent-ils à reproduire une telle mesure pour le lieu de travail ?

Oui (ferme). Oui (il se répète). Le choix du vaccin appartient à l’employé. Le choix de l’accès au bureau revient à l’employeur surtout si l’élément de risque est persistant. Prenons l’exemple de l’hôtellerie. Un touriste doit obligatoirement se faire vacciner. Mais si l’hôtel fonctionne avec du personnel non vacciné, cela ne va pas permettre la relance du tourisme. Les employés de ce secteur devront donc se faire vacciner. Cela s’applique aux restaurants et autres lieux où il y a des contacts physiques. Je pense que cela deviendra la norme. C’est comme dans sa maison, on a le choix de donner l’accès à qui on veut.

Mais n’est-ce pas discriminatoire quand on prend en compte les dernières observations du Conseil européen qui a statué qu’il ne faudrait y avoir aucune discrimination envers le non-vacciné et qu’il ne doit pas être soumis à l’obligation de se faire vacciner ?

Nous ne sommes pas en train de mettre un terme à son emploi. Si nous le limogeons, là oui je suis d’accord que ce serait une discrimination. Aussi longtemps que le salaire est garanti et que l’employé n’est pas remercié, je ne vois pas où est la discrimination. L’employé continue à travailler de chez lui. Ce n’est pas une discrimination, c’est une mesure pour protéger le lieu de travail et les employés.

Un employé pourrait faire des emballages de chez lui ? Il faut être raisonnable…

Il faut que vous compreniez qu’une telle décision n’est pas prise de gaieté de cœur. Aucun employeur ne souhaite qu’on en arrive jusque-là. Mais on se retrouve face à une obligation. Aussi longtemps que l’emploi, le service, les droits, les salaires, les bénéfices sont garantis, ce n’est pas une discrimination. Nous sommes dans une logique de sauver le maximum d’emplois possibles face à ceux qui ne veulent pas se faire vacciner et qui risquent de mettre à genoux toute une entreprise.

Est-ce qu’une décision a été prise pour La Sentinelle ?

La réflexion est engagée. Ce matin même, lors d’un comité de management, cette option a été privilégiée.

Donc La Sentinelle s’apprête à faire fi des observations du Conseil européen ?

Je répète que nous n’allons discriminer personne. Il nous faut garantir l’emploi et protéger l’entreprise. C’est une obligation. Ce n’est aucunement une discrimination. Nous prenons cette décision comme un dernier recours. Nous souhaiterions bien avoir le maximum de personnes pour pouvoir travailler sereinement, pour assurer un meilleur rendement, pour privilégier la productivité et pour rendre le climat au bureau plus convivial.

Les DRH doivent doubler d’efforts pour encourager les employés à se faire vacciner. Tâche très ardue car il faut à tout moment ne pas oublier que la vaccination n’est pas obligatoire, mais nécessaire. Nous sommes confiants que nous allons y arriver. Cette immunité collective si importante pour notre survie, nous allons l’atteindre… lentement mais sûrement.