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Euro: Alvaro Morata, l'incarnation des maux de l'Espagne

15 juin 2021, 16:30

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Euro: Alvaro Morata, l'incarnation des maux de l'Espagne

Alors que l'Espagne a trébuché lundi pour son entrée en lice à l'Euro contre la Suède (0-0), les critiques se sont focalisées sur le seul Alvaro Morata, sifflé par le public de Séville, mais la «Roja» a d'inquiétants problèmes de réalisme offensif.

«Qu'as-tu fait, Morata ?»: à l'image du quotidien sportif catalan Mundo Deportivo, la presse espagnole et internationale a trouvé en l'attaquant de la Juventus Turin le coupable des débuts ratés de la «Roja».

«Une nuit horrible pour Morata, et le manque de soutien des autres attaquants a transformé ce premier rendez-vous en une nouvelle déception», a commenté le journal espagnol El Mundo.

Les statistiques du match donnent en effet le tournis: l'Espagne a cumulé 953 passes, 75% de possession de balles et d'innombrables occasions claires, mais n'a pas réussi à faire trembler les filets du gardien Robin Olsen.

L'occasion la plus franche, c'est Morata (28 ans) qui l'a eue: à la 38e minute, après un dégagement manqué par la défense suédoise, il s'est retrouvé seul face au gardien adverse, mais son ballon brossé n'a pas trouvé le cadre.

D'autres responsables

Un raté qui a généré les premiers sifflets des tribunes de la Cartuja. Des sifflets qui résonneront plus fort que les rares applaudissements à la 65e minute, quand le sélectionneur Luis Enrique a choisi de faire sortir Morata pour le remplacer par Pablo Sarabia.

«Nul ne sait si Morata restera titulaire, après avoir été (lundi) désastreux et villipendé par un public qui ne le soutient pas vraiment», a pointé le Corriere della Sera, en Italie, pays de la «Juve». 

«Une entrée en lice à oublier pour Morata», a renchéri Tuttosport.

Le quotidien généraliste espagnol El Pais a préféré nuancer : «Morata n'est pas le seul chemin vers le but. Il y a d'autres raccourcis, d'autres responsables de cette sécheresse», rappelant qu'aucun des autres attaquants (Dani Olmo et Ferran Torres, les titulaires, ou Pablo Sarabia, Mikel Oyarzabal et Gerard Moreno, entrés en jeu), n'ont fait mieux que lui.

Luis Enrique, pour sa part, a d'abord accusé l'état de la pelouse, avant de souligner qu'il se doit de «défendre et de protéger» ses joueurs: «J'ai vu qu'ils l'ont aussi applaudi. Pour moi, c'est un grand joueur qui fait énormément de choses bien en attaque et en défense», a insisté Enrique. 

«Il n'a pas marqué et il doit vivre avec cela. Il est habitué. Mais c'est bien plus facile de corriger cela avec un public qui t'encourage», a taclé le sélectionneur.

Il va fermer les bouches

Ses coéquipiers aussi ont volé à son secours : «Au prochain match, il en mettra peut-être trois et il va fermer les bouches de tout le monde», a tranché Aymeric Laporte au micro de la chaîne TV espagnole Telecinco après le coup de sifflet final. 

La presse était tiraillée entre les critiques lapidaires à un attaquant qui cumule tout de même 19 buts en 41 sélections, et un appel à faire corps autour de la sélection qui n'a marqué que dix buts en six matches disputés en 2021 (1,6 but/match) alors que depuis 2000, la «Roja» tourne à 2,3 buts par match (618 buts en 276 matches)

«Que l'Espagne ait des difficultés à marquer, on le savait. Rien de nouveau, c'est un problème que l'on traîne depuis longtemps. Avec le même manque de réalisme, on a gagné deux Euros consécutifs (2008 et 2012) et un Mondial (2010). Donc la chose est grave, mais ça se soigne. Mais avec des supporters comme ceux-là à domicile, c'est presque mieux de jouer à huis clos», a relevé Carlos Carpio, le directeur-adjoint du journal Marca, dans un éditorial.

Samedi pour son deuxième match contre la Pologne de Robert Lewandowski (le Soulier d'Or européen lui aussi en panne sèche en sélection), l'Espagne devra trouver des solutions pour concrétiser sa domination en buts.

Même si Luis Enrique semble avoir une confiance aveugle en Morata, une des clés pourrait être Gerard Moreno : le «goleador» de Villarreal, qui a débuté sur le banc lundi soir, a cumulé 23 buts en Liga cette saison... soit autant que Morata, Dani Olmo et Ferran Torres réunis dans leurs championnats respectifs.