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La semaine décryptée

13 juin 2021, 15:30

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La semaine décryptée

Lundi 7 juin - Après Modi, Biden aussi «bad news» pour l’offshore mauricien

Le gouvernement Modi a été le premier à secouer le secteur offshore mauricien en rendant très difficile sinon impossible pour les grands capitalistes indiens à tricher sur le fisc de leur pays en créant des compagnies chez nous. Puis la réputation de Maurice comme centre d’Investment a été compromise quand le pays a été placé sur la liste noire de l’Union européenne (UE) et la liste grise du Groupement d’action financière (GAFI). Ensuite le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont fait des observations nullement flatteuses sur la gestion économique et financière de Maurice.

On fait face maintenant à une nouvelle menace celle-là brandie par le nouveau président américain, Joe Biden. En effet, Biden a pris l’initiative de réclamer un impôt de 15 % aux firmes américaines opérant à l’étranger. Biden a réussi à obtenir le soutien de l’UE sur cette mesure qui frappe les juridictions comme Maurice qui permettaient aux compagnies étrangères, principalement américaines, à se faire enregistrer dans un centre offshore et de bénéficier ainsi d’un impôt le plus minime, parfois zéro même comme l’Estonie.

Une fois cette mesure de 15 % d’impôt rendue effective, les centres offshore n’auront plus d’attrait pour des compagnies occidentales voulant échapper au fisc dans leur pays d’origine. En ce qui concerne Maurice, Biden viendrait achever ce que Modi a initié.

Mardi 8 juin - Basant Roi, Agalega et Tianli

L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi (RBR), exprime normalement des opinions très fortes et crédibles sur les questions économiques, financières et bancaires mais son incursion dans le monde diplomatique est tout à fait aussi remarquable.

Dans une interview réalisée par Nad Sivaramen et publiée dans l’express du mardi 8 juin, RBR fait une ré- flexion tout à fait originale sur Agalega. Puisqu’on s’oppose avec raison à la militarisation d’Agalega par les Indiens, RBR fait remarquer que les Chinois contrôlent pas moins de 200 arpents dans une région qui fait partie de la capitale. Ainsi, se demande-t-il, ‘in this age of unprecedented possibilities’, cette portion de terre dans un endroit hautement stratégique pourrait bien être utilisé comme un ‘outpost of China in a high-tech military conflit in the region’.

RBR va plus loin encore en expliquant qu’il est toujours possible pour Maurice, en cas de conflit militaire, d’évacuer quelques centaines de ses ressortissants d’Agalega. Mais comment va-t-on mettre à l’abri plus de 1,2 million de Mauriciens en cas d’attaque sur l’île principale pour les protéger d’une attaque militaire ?

Mercredi 9 juin - Hommage à SAJ

Le Parlement s’est réuni exceptionnellement, peut-être même en violation des standing orders, pour rendre hommage à feu sir Anerood Jugnauth (SAJ) qui a occupé les fonctions de Premier ministre et de président pendant des décennies.

Normalement, c’est à une séance suivant le décès d’un ancien membre du Parlement que le Premier ministre et le leader de l’opposition saluent la mémoire du disparu mais dans le cas de SAJ, le MSM compte bien exploiter une aubaine politique. Et encore une fois, on a innové et permis à tous les chefs de parti de faire les éloges de SAJ.

Le grand perdant lors de cet exercice a été Nando Bodha qu’on disait très proche de SAJ, certains le décrivant même comme le fils politique de l’ancien leader du MSM. Le speaker a refusé à Nando Bodha le droit à la parole lors de cet exercice spécial. Homme sobre et élégant, Nando Bodha n’a pas cherché l’affrontement. Un autre à sa place aurait engagé une action en cour pour contester la décision du speaker ou même entamé une grève de la faim au jardin de la Compagnie.

Jeudi 10 juin - Belle destinée pour le kreol morisien

Les résultats du National Certificate of Education (NCE) auxquels ont pris part quelque 14 000 élèves de Grade 9 indiquent que la langue kreol est en forte progression.

En effet, le kreol enregistre le plus fort pourcentage de réussite – 96,6 % – comparé aux autres matières dont l’anglais (89,9 %), le français (87, 5 %), les sciences (79,9 %), les mathématiques (79, 5 %). La langue orientale qu’est l’hindi n’a connu que 75,2 % de réussite. Le taux de réussite en général aux examens de NCE a été de 71, 6%.

Cette maîtrise du kreol réjouit les pédagogues car ils estiment que par le biais de cette langue, les enfants pourraient mieux étudier les sciences et les mathématiques.

Le système éducatif mauricien a bien évolué depuis l’indépendance du pays. Du temps des Britanniques, on faisait tout apprendre par cœur. Ainsi, les premières leçons d’anglais se faisaient de cette façon. Pour expliquer quel est le nom anglais pour l’ananas, la miss faisait toute la classe chanter ‘ananas, pineapple, ananas, pineapple’. Certains enfants croyaient que c’était ‘ananas, panier-poule’ ‘ananas-panier poule’.

Vendredi 11 juin - Il ne manquait que les noms des rues

L’exercice de communication par rapport au dernier budget porte éminemment les empreintes du secrétaire financier Dev Manraj, un vétéran dans ce business.

Dev Manraj n’est pas un homme pieux comme Yogida Sawmynaden mais il n’a jamais cessé d’invoquer le mantra ‘quand le bâtiment va, tout va’. Cette phrase a été prononcée pour la première fois le 7 mai 1850 en France par le maçon Martin Nadaud qui devint député. On comprend alors les différents projets de construction en tous genres annoncés par le ministre Renganaden (billet Rs 100) Padayachy.

L’autre recette de Dev Manraj : créer de la joie chez le maximum de Mauriciens. D’où le pénible exercice auquel s’est livré le ministre pour faire allusion à un maximum de villes, villages et quartiers du pays. Chacun s’est senti servi par ce budget. Il ne manquait plus que de mentionner les noms des différentes rues du pays.

Autre astuce de Dev Manraj : annoncer une mesure qui ne va pas coûter énormément au fisc mais qui aura un impact spectaculaire sur les Mauriciens. C’est ainsi que le ministre a annoncé des serviettes hygiéniques et des lunettes gratuites pour les élèves moins fortunés. On parlera de cette mesure pendant longtemps.

Le packaging est important. L’essentiel, c’est encaisser de plus en plus de TVA. Objectif assuré davantage par la forte dépréciation de la roupie et l’augmentation généralisée des prix, donc une TVA de plus en plus élevée.