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C1: Manchester City-Chelsea, deux «nouveaux-riches» à l'image écornée

24 mai 2021, 21:32

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C1: Manchester City-Chelsea, deux «nouveaux-riches» à l'image écornée

Pionnier en Angleterre dans la catégorie des clubs dopés aux millions venus de l'étranger, Chelsea affrontera en finale de la Ligue des champions, samedi, son plus brillant «élève», Manchester City, devenu en 10 ans la puissance dominante en Premier League.

L'arrivée du milliardaire russe Roman Abramovitch à la tête des Blues en 2003 a été un tournant majeur dans le football britannique.

Pour 140 millions de livres à l'époque - environ 230 M EUR aujourd'hui -, il avait pris le contrôle d'un club aux finances précaires pour en faire l'une des références des années 2000/2010.

Il ne partait pas de rien. Chelsea avait glané des trophées à la fin des années 1990: deux coupes d'Angleterre en 1997 et 2000, une Coupe de la Ligue et l'avant-dernière Coupe d'Europe des Vainqueurs de Coupe en 1998.

Mais avec le soutien massif de leur propriétaire-mécène, Chelsea a mis fin à 50 ans d'attente pour un deuxième titre de champion d'Angleterre en 2005, récidivant en 2006, 2010, 2015 et 2017.

Cinq Coupes d'Angleterre (2007, 2009, 2010, 2012, 2018), trois Coupes de la Ligue (2005, 2007, 2015) mais aussi deux Ligues Europa (2013, 2018) et surtout une Ligue des Champions (2012) sont venues garnir les armoires à trophées de Stamford Bridge.

Une rencontre inévitable

Et si depuis quelques années le rythme des succès s'est espacé, c'est en grande partie dû à l'émergence de City, racheté en 2008 par le cheikh de Dubaï, Mansour bin Zayed al Nayan.

Après des années passées dans l'ombre de l'encombrant voisin United, il a fallu 4 ans pour arriver au sommet de la Premier League à des Citizens qui ont remporté 5 des 10 derniers titres, mais aussi 6 Coupes de la Ligue, et une Coupe d'Angleterre.

Avec un effectif construit à coup de dizaines de millions d'euros et un organigramme très «barcelonais» - Pep Guardiola sur le banc, Txiki Begiristain et Ferran Soriano comme directeur du football et président -, les Citizens sont bâtis pour dominer le football anglais.

La rencontre des deux clubs en finale de la Ligue des Champions était presque inévitable.

Depuis l'arrivée d'Abramovitch, Chelsea n'a connu que deux saisons sans Ligue des champions, alors que City la joue depuis 2012 sans interruption.

Malgré cela, ces deux clubs se sont trouvés mêlés au projet de Super Ligue dissidente qui leur aurait assuré, ainsi qu'à 13 autres clubs européens, une place tous les ans dans une compétition à 20 équipes.

Le faux-pas de la Super Ligue

La colère de leurs supporters a fait rapidement jeter l'éponge à leurs propriétaires, mais cela reste un faux-pas surprenant pour deux clubs où l'ambiance était plutôt apaisée, contrairement à Manchester United, Liverpool ou Arsenal, et objets de «soft power» par excellence donc très soucieux de lisser leur image.

Chelsea a longtemps été considéré comme l'un des clubs les plus détestés d'Angleterre.

La réputation sulfureuse de ses supporters, associés au hooliganisme des années 1970 et 1980, et aujourd'hui infiltrés par l'extrême-droite, pèse encore.

Le management impitoyable vis-à-vis des entraîneurs - dont a encore pâti l'idole Frank Lampard en milieu de saison, remplacé par Thomas Tuchel -, l'empreinte laissée par des personnalités comme José Mourinho, sans oublier les scandales sexuel et raciste liés à John Terry, figure emblématique du Chelsea triomphant, font aussi des Blues un club très clivant en Premier League.

Quant à City, la méfiance, pas toujours dénuée de racisme, vis-à-vis des pétrodollars qui ont infléchi sa destinée, ne s'est jamais démentie, alors que le jeu si particulier importé par Guardiola en fait un OVNI dans le foot insulaire.

Malgré 4 titres de champion, 4 Coupes de la Ligue et une coupe d'Angleterre sur les 5 dernières années, le qualificatif d'«arrogant» continue à lui coller à la peau, même s'il semble surtout traduire le ressentiment de ceux qui n'arrivent pas à suivre le rythme, malgré des moyens pas si éloignés.

En Europe non plus, ces clubs n'échappent pas à une certaine défiance, Chelsea pour sa politique agressive de recrutement de jeunes joueurs, souvent prêtés sans jamais porter son maillot ou presque, qui lui a valu un an d'interdiction de recruter il y a peu, et City pour avoir défié avec succès l'UEFA devant les tribunaux sur le Fair-Play Financier.

Dans une finale 100% anglaise, la troisième en 13 ans, ils représenteront toutefois la fierté d'un football anglais qui domine à nouveau le continent.