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Philippe Journade: «On donnera le maximum et le meilleur de nous-mêmes pour que ces sportifs restent motivés»

24 mai 2021, 13:25

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Philippe Journade: «On donnera le maximum et le meilleur de nous-mêmes pour que ces sportifs restent motivés»

W+Life Health & Wellness Center est au cœur du plan d’accompagnement des sélectionnés mauriciens pour les Jeux olympiques de Paris en 2024. Son directeur, Philippe Journade, met en lumière dans l’interview qui suit, le rôle d’un centre médical et d’une équipe de spécialistes pluridisciplinaires dans l’optimisation des périodes d’entraînement et des cycles de compétition.

Lors du point de presse tenu par le comité directeur d’Horizon Paris 2024 le jeudi 11 février, à Côte-d’Or, son président, Dominique Filleul, insistait sur le fait qu’une préparation olympique requiert des moyens très importants et un suivi médical de premier ordre. Que faut-il entendre par «suivi médical de premier ordre» ?

Aujourd’hui, le suivi médical d’un sportif de haut niveau ne peut être fait uniquement par un médecin. En fait, il a besoin de toute équipe pluridisciplinaire qui se coordonne, qui communique et qui met en avant toutes les qualités et les faiblesses de son sportif afin de lui permettre d’optimiser toutes les périodes d’entraînement, tous les cycles qui l’emmènent à la compétition.

De quoi est composée l’offre médicale que propose W+Life Health & Wellness Center aux sélectionnés mauriciens en vue des Jeux de Paris en 2024 ?

W+Life Health & Wellness Center va proposer tout le suivi de médecine générale, médecine du sport, dentiste et toutes les pratiques paramédicales nécessaires à la santé et au bien-être du sportif et bien sûr à sa performance. Seul W+Life Health & Wellness Center ne peut pas faire, donc nous nous sommes coordonnés avec des laboratoires pour tout ce qui va être analyse de sang et des cliniques pour tout ce qui est examen complémentaire. Nous aurons recours, par solidarité, à pas mal de praticiens spécialistes qui ne font pas partie de W+Life Health & Wellness Center mais qui voudront bien participer à ce sponsoring et aider tout sportif mauricien en vue des Jeux de Paris en 2024.

Comment est-ce que le centre médical que vous dirigez aidera les sélectionnés à gérer douleurs et fatigue et à se focaliser sur la logique de performance tant dans leurs entraînements que leurs compétitions ?

En fait, le suivi médical et paramédical du sportif est coordonné avec le cycle d’entraînement qu’organisent les coaches, les DTN. En fonction des périodes, nous allons axer nos soins sur de la récupération, avec les kinés, les ostéopathes et les massothérapeutes, soit sur de la prévention, avec toute l’équipe médicale et tous les examens qui vont avec et bien sûr, nous allons permettre à chaque sportif d’aller au maximum de son potentiel d’entraînement et aussi au maximum de son potentiel de récupération pour arriver le jour-J à être à cent pour cent de ses compétences.

Lors du point de presse, vous confiiez vouloir apporter aux sélectionnés «ce petit plus». De quoi sera-t-il constitué ?

Le petit plus qui vient du médical, c’est souvent la confiance en son corps, en ses moyens, en son potentiel à donner le maximum au jour-J. Grâce à l’avis médical, un sportif se sent beaucoup plus à l’aise et moins angoissé quand il sait que son corps, qui est son outil de travail pour la compétition, sera optimisé au maximum et sans avoir de risque de blessure. La blessure fait partie du quotidien des sportifs mais elle se gère. Elle se gère, elle se coordonne avec l’entraînement et elle permet aux sportifs de continuer à progresser à tout moment.

«La philosophie de notre prise en charge est que la confiance s’installe dès le départ afin de connaître les problématiques de chacun. Nous devons devenir une famille sportive dans laquelle le médical est inclus», disiez-vous. Concrètement, comment intervenez-vous pour bâtir cette confiance dans la durée ?

La confiance, c’est un des points clés de notre intervention. Si on arrive à bâtir cet esprit d’équipe, qui s’assimile à un esprit de famille en fait, on aura une participation pleine de tous les sportifs qui seront à notre écoute. Il y aura une possibilité de faire une éducation santé auprès de ces sportifs et cette éducation permet à chaque sportif d’évoluer vers le haut et de mieux connaître son corps, ses limites et ses capacités. Du coup, la confiance qui doit s’établir, c’est par notre relation humaine avec chacun des sportifs et chacun de leur entraîneur et chacun des dirigeants encadrant des fédérations. Ça va se bâtir petit à petit et heureusement, on a un objectif à 2024, donc ces trois années qui nous restent nous per- mettront de vraiment créer cette complicité et cette confiance.

Les rencontres entre professionnels de santé et sélectionnés olympiques se font uniquement à Médine ou est-ce que votre équipe se rend également sur les lieux d’entraînement ?

Ces rencontres se font finalement un petit peu partout car il y aura plusieurs centres médicaux qui seront partenaires pour participer au suivi médical. Il y aura des professionnels de santé qui se déplaceront sur site et dépendant des spécialités, bien sûr, que les professionnels médicaux proposent, tout cela sera plus ou moins possible. Mais on va essayer d’être au maximum présents dans le planning d’entraînement des sportifs. On ne pourra pas être en permanence à leurs côtés mais on va faire le maximum pour les aider à chaque demande et on va même faire beaucoup plus de prévention que l’on imagine au départ.

Avez-vous déjà commencé à effectuer les bilans vous permettant de mieux comprendre l’état de forme et de santé des treize sélectionnés ?

Nous avons commencé durant la crise de Covid les premiers bilans avec les médecins qui ont fait leur check-up. Et on devait passer aux analyses labo. Tout ça est freiné puisque la Covid nous a mis en confinement. Mais tout cela a démarré correctement et on est optimiste sur l’état de santé de nos sportifs sélectionnés.

Les Jeux olympiques de Tokyo devraient se tenir en juillet. En raison de leur report d’une année, ils se superposent sur les Jeux de Paris en 2024 en chevauchant la prochaine olympiade qui a déjà commencé en fait. Les sportifs de haut niveau et les professionnels de santé qui les accompagnent parviennent-ils à s’y retrouver ?

Personnellement, ce sont des Jeux olympiques qui nous feront rêver et j’espère qu’ils auront lieu comme prévu. Au niveau de la préparation, tout est chamboulé en raison de la Covid. C’est beaucoup plus compliqué de miser sur Tokyo et c’est vrai que notre focus reste Paris 2024 du fait des trois années qu’il nous reste pour préparer les sportifs et les amener au plus haut niveau. Tokyo reste, à mon avis, une très belle expérience pour ceux qui partiront. Mais leur préparation aura été moins facile et du coup, ça doit devenir une expérience qui va les faire encore plus progresser pour Paris 2024.

Ce chaos causé par la pandémie de Covid-19 va-t-il s’estomper, selon vous, avec la campagne de vaccination planétaire en cours actuellement ?

Je ne suis pas apte à vous dire si c’est la solution la plus efficace, je l’espère. J’espère qu’on arrivera rapidement à Maurice à avoir atteint le seuil d’immunité collective. Le gouvernement travaille pour cela et nous souhaitons tous qu’on aille vraiment au mieux au plus vite pour retrouver une vie la plus normale possible.

Quand on entend toutefois que le variant B1525 inquiète la communauté scientifique car 70 % plus meurtrier et contenant la mutation E484K dans sa protéine spiculaire, qui lui permet d’échapper à certains vaccins et sachant que ce variant s’est déjà répandu dans le monde et se trouve en Angleterre, en Ecosse, au Danemark, en Australie et au Nigeria notamment, faut-il craindre un cauche- mar pire que ce qu’on aurait pu imaginer jusqu’ici ?

Je ne suis pas apte à vous éclairer sur ce sujet.

Face à une telle incertitude, face à une situation sanitaire qui continue de s’aggraver malgré les accalmies, face à une situation économique dépressionnaire, peut-on encore espérer maintenir le sport de haut niveau à flot ?

C’est sûr que tout cela sera bien plus difficile dans les conditions actuelles de notre société à Maurice car le sport de haut niveau nécessite forcément beaucoup d’argent et d’investissements et beaucoup de participation humaine. Aujourd’hui, je ne peux pas promettre, je n’en sais rien sur l’avenir qu’auront les sportifs de haut niveau à Maurice. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on donnera le maximum et le meilleur de nous-mêmes pour que ces sportifs restent motivés, puissent s’entraîner et arrivent à faire des exploits tels que l’on espère.

L’Homme a besoin de repères pour vivre. La Covid-19 a effacé nombre de ses repères socioprofessionnels, sociétaux, culturels. L’angoisse et la dépression le minent de l’intérieur alors que le danger invisible rôde à l’extérieur. L’activité physique est-elle un exutoire indispensable par les temps qui courent ?

Je pense en effet que l’activité physique est un exutoire, il est indispensable pour chacun de trouver un moyen de bouger, car le mouvement, c’est la vie. Et du coup, avec les contraintes actuelles, il faut trouver une routine, on va dire, quotidienne à la maison pour bouger et dès que le gouvernement nous le permettra de partir se balader, de rester, bien sûr, avec les meilleures mesures sanitaires possibles, dans l’action. Bouger, faire du sport restent une promotion de la santé.

Il faut penser que le sport peut se pratiquer à la maison pendant cette période de lockdown, bien sûr, il ne faut pas imaginer qu’on doit sortir absolument. Si le gouvernement décide que l’on doit rester chez nous, on doit être actif à la maison. Il y a plusieurs façons d’être actif et d’avoir une activité physique cardio-respiratoire qui est synonyme de bonne santé.

C’est aussi le propre de l’Homme d’espérer, de garder espoir. Chacun à son niveau, dans sa sphère de compétences, doit continuer à fonctionner en attendant des jours meilleurs…

Chacun dans sa sphère de compétence doit continuer à fonctionner au mieux en attendant des jours meilleurs. Ça, c’est une certitude de mon côté. Et je pense qu’on va mettre en avant notre solidarité entre nous tous, avec les plus défavorisés, une solidarité avec les décisions du gouvernement pour pouvoir faire avancer le pays, et bien sûr solidarité avec tout le système économique qui est ébranlé pour que tout le monde continue à rouler au mieux possible, nos compagnies, nos self-employed, nos employés. Il faut que tout cela tienne le coup le plus longtemps possible pour trouver les jours meilleurs.

Ces jours-là ressembleront aux jours d’avant, selon vous, ou appartiendront-ils à un monde nouveau qui aura émergé ?

Honnêtement, j’aimerais connaître la réponse mais je préfère attendre et découvrir. Nous verrons bien ce qui se passera dans notre monde. Tant qu’on a le cœur pour qu’il soit beau, il restera beau et agréable.

Portrait

Passionné de sport et de pelote basque

Philippe Journade, 45 ans, est kinésithérapeute-ostéopathe. Il est arrivé de France à l’île Maurice en 2009. Le sport a toujours été une passion chez lui. «Quand je vivais en France, je jouais à la pelote basque, un sport traditionnel de ma région que j’ai pratiqué toute ma vie jusqu’à arriver au plus haut niveau et participer aux compétitions internationales, notamment avec l’Amérique du Sud et l’Espagne. C’est un sport assez restreint en termes de pratiquants mais c’est un sport qui est très connu et apprécié dans la région du Pays basque», confie-t-il.

Philippe Journade a toujours encadré des équipes sportives en France. Il a accompagné le rugby professionnel et les joueurs de pelote basque et d’autres pratiques sportives. A Maurice, il a offert un encadrement aux trailers, aux nageurs dans divers centres, plus particulièrement au nageur Bradley Vincent que le centre qu’il dirige a sponsorisé pendant toutes ses années de pratique en compétition. «Nous avons aussi suivi Ranini Cundasamy au niveau de sa pratique de la boxe pour l’avoir aidée à être au mieux de sa forme durant tous ses combats», ajoute-t-il. Philippe Journade est marié et père d’un enfant de 14 ans, Paco.

W+Life Health & Wellness center : un centre multidisciplinaire

W+Life Health & Wellness Center est né du «réel besoin de regrouper les thérapeutes et les professionnels de santé au sein d’un centre multidisciplinaire». Philippe Journade a voulu offrir à la population un large spectre de pratiques médicales et paramédicales ainsi que de wellness et créer une vision commune à tous ces thérapeutes qui étaient éparpillés à travers l’île et qui avaient besoin de repenser leur travail d’équipe.