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La semaine décryptée

23 mai 2021, 10:55

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 17 mai 2021 au vendredi 21 mai 2021.

 

LUNDI 17 MAI 

Arrestation de Valayden : C’était show

Ce qui s’est passé chez Rama Valayden aux petites heures, lundi 17 mai, pourrait servir de trame pour la réalisation d’un film digne de Bollywood. À en croire les autorités, c’est l’avocat lui-même qui avait invité la police à venir le cueillir chez lui à 2 heures pour être conduit aux Casernes centrales pour y être interrogé sur sa participation à une manifestation pro-palestinienne. On ne sait pas si généralement Valayden voyage par autobus ou taxi. Selon ce dernier, on était venu plutôt l’arrêter à 2 heures, ce qui serait outrageant car il n’avait commis aucun meurtre, ne mettait pas en danger la vie de quiconque et n’était pas que l’on sache sur le point de commettre un acte terroriste. La manifestation proPalestine de dimanche dernier a, semble-t-il, donné plus de soucis aux autorités que l’échouage du Wakashio. En effet, après la manifestation, de gros bonnets étaient restés mobilisés jusqu’à fort tard dans la nuit. Le chef du CCID, Heman Jangi, était toujours à son bureau à 1 heures du mat’… Si on accepte la thèse selon laquelle l’avocat Valayden était tellement pris professionnellement à 9 heures le lundi 17 mai et qu’on pouvait, pour lui faire plaisir, ouvrir les portes des Casernes centrales à 2 heures, on aurait certainement accordé les mêmes faveurs à sir Hamid Moolan, Yousouf Mohamed, Gavin Glover ou encore Antoine Domaingue qui sont de loin des professionnels plus prisés que Rama Valayden en raison de leur compétence exceptionnelle. On se réjouit du fait qu’avec des chefs de la police travaillant 24 heures sur 24, cette culture de discipline finirait par être intériorisée par tous les hommes en uniforme ou en civil. Ce qui les aurait mis à l’abri de la tentation de véhiculer des marchandises pour le compte des Gurroby du pays. 

MARDI 18 MAI 

Ce rat de Candos 

L’express du mardi 18 mai rapporte qu’une séance de dialyse à l’hôpital de Candos  a été perturbée par…un rat. On a connu plusieurs cas de décès après que des patients ont été contaminés par le Covid-19 lors des séances de dialyse à l’hôpital de Souillac, dans la circonscription même du ministre de la Santé Kailesh Jagutpal. On aurait cru que suivant ces graves cas de manque de vigilance, les autorités auraient pris des mesures draconiennes pour mieux protéger les dialysés. Compte tenu du grand nombre de personnes qui font partie du personnel médical et des moyens colossaux dont disposent les hôpitaux, on aurait dû éliminer toute possibilité de presence de rats dans un lieu où se pratiquent les dialyses. Cette affaire de rat met à mal la prétention de Maurice de se présenter comme le Singapour de l’Afrique ou la Suisse de l’océan Indien.  

Dans le passé, avec des moyens plus limités, le gouvernement était capable de contrôler les rats dans le lieu hautement attrayant pour eux qu’était le grenier au port où on stockait du riz et de la farine reçus dans des sacs. Ce n’est pas l’ambassadeur Showkutally Soodhun qui dira le contraire. 

MERCREDI 19 MAI 

Le Diego des Indiens 

Suivant une déclaration du Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth, sur la possible présence d’armes à Agalega, un grand débat est lancé sur ce que comptent faire vraiment les Indiens dans cette île appartenant à Maurice. La construction d’une piste aérienne de trois kilomètres par les Indiens constitue l’indication la plus claire que cette facilité est destinée à des avions militaires de haute performance que l’Inde a acquis des États-Unis et de la France. Le développement des infrastructures à Agalega dans le but de lui donner une vocation touristique haut de gamme n’aurait pas nécessité la construction d’une piste de trois kilomètres. Pour être politiquement correct, le gouvernement mauricien dira que les avions et navires militaires d’autres pays auront toujours accès à Agalega comme cela se fait à Port Louis et à Plaisance où tout le monde est «most welcome». Mais croit-on vraiment que si un avion militaire pakistanais ou chinois demande d’atterrir à Agalega, la permission nécessaire lui sera accordée ? Maurice se voit de plus en plus imbriqué dans le jeu stratégique des grandes puissances. Toutefois, connaissant le sens des affaires de certains, il n’est pas exclu que Maurice accorde des contrats plus juteux encore que Safe City pour «compenser» Agalega . 

JEUDI 20 MAI 

L’université des pêcheurs 

Depuis des décennies déjà, le ministère de la Pêche installe au large de la côte un dispositif de cordes et autres objets afin d’y attirer des poissons. Avant que le business de la vielle ferraille ne prenne de l’ampleur, on faisait même couler des navires devenus inutilisables pour créer de nouveaux habitats.  

C’est ainsi qu’un tel dispositif au large de Trou-aux-Biches a récemment attiré une baleine de sept mètres qui malheureusement s’est retrouvée piégée dans les cordes. C’est ce que rapporte l’express du jeudi 20 mai. Trou-aux-Biches se trouve dans la circonscription de Triolet/Pamplemousses dont est bien familier l’ancien ministre de la Pêche Prem Koonjoo. Il y a été candidat en plusieurs occasions. Cette baleine aurait sûrement intéressé l’ancien ministre, qui croyait que ces énormes cétacés n’existaient pas dans les eaux mauriciennes. La baleine a mobilisé des officiers du ministère de la Pêche qui ont coupé toutes les cordes du dispositif, libérant ainsi le cétacé mais tout en endommageant totalement l’installation. Il faudrait 2100 mètres de cordes pour reconstruire le dispositif. Or, si avant l’opération couper les cordes les officiers avaient sollicité l’avis et l’aide des pêcheurs, on aurait sauvé et la baleine et le dispositif. En effet, des pêcheurs ont déjà libéré des baleines dans de pareilles situations dans le passé. Ils disent qu’il fallait tout simplement passer une corde autour de la baleine et l’extirper hors de son piège. Morale de l’histoire : les pêcheurs ont été à l’université constituée de générations de connaissance acquise de leurs ancêtres et parents. 

VENDREDI 21 MAI 

Welcome to the Pada-Mani World Trade Centre 

Renganaden Padayachy et Yash Manick. 

Showkutally Soodhun avait vu grand quand il avait annoncé son intention de transformer la ville de Vacoas–Phœnix en New York. Il n’avait toutefois pas précisé quel quartier jouerait le rôle de Manhattan, quel autre celui de Bronx ni encore où serait aménagé notre Central Park. Mais on sait que le monde progresse parce que les rêveurs conçoivent des projets grandioses qui finissent par être réalisés. À cette liste de ceux qui rêvent grand, il faudrait maintenant ajouter les noms de Renganaden Padayachy, ministre des Finances et Yash Manick, CEO de Mauritius Africa Fund (MAF), un organisme d’État chargé d’allouer des fonds d’investissement en Afrique. En effet, le tandem PadayachyManick a vu plus haut que l’argentier du ministre. Il s’agit de la construction à Côte-d’Or dans le no 8 d’un immeuble de 50 étages qui sera connu comme le World Trade Centre de Maurice. Côte-d’Or compte déjà le complexe multisport, ayant coûté au moins de Rs 4,7 milliards, mais qui ne sert pratiquement à rien. Après l’éléphant blanc, place au mammouth blanc maintenant. Un building de 50 étages. Cela nécessiterait des investissements de plusieurs milliards. Le tandem Pada-Mani compte sur le secteur privé pour financer en grande partie la construction de l’immense bâtiment mais évidemment le gouvernement y ajoutera aussi sa contribution. L’architecte Sostratus (trois siècles avant l’ère chrétienne) s’était arrangé pour perpétuer son nom au lieu du pharaon d’Égypte après la construction du phare d’Alexandrie, l’une des sept merveilles du monde. Sostratus avait caché une plaque solide avec son nom sous celle, fragile et dégradable, honorant le pharaon. Le tandem Pada-Mani n’aurait pas à trafiquer la plaque d’inauguration de l’immeuble de 50 étages pour faire disparaître éventuellement le nom du roi mauricien. Ils seront automatiquement adulés par les Mauriciens du pays et de toute la diaspora pour avoir construit le bâtiment le plus haut de l’océan Indien si on en exclut le Sri Lanka.