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Cour d’Investigation: Quand les officiers de la NCG passent un sale quart d’heure…

21 mai 2021, 15:50

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Cour d’Investigation: Quand les officiers de la NCG passent un sale quart d’heure…

En franchissant les portes de la cour No. 2 de l’ancienne Cour suprême, le PC Ujoodha, de la NCG Ops à Fort-William, et le PC Sujeebun, de la NCG de Deux-Frères, ne s’attendaient pas à être bombardés de questions du président Abdurafeek Hamuth et de ses assesseurs, Jean Mario Geneviève, Marine Engineer, et Johnny Lam Kai Leung, Marine Surveyor. En effet, des huit officiers convoqués hier, la cour d’investigation pour faire la lumière sur l’échouement du vraquier japonais n’en a écouté que deux. Les autres seront appelés le 25 mai.

Lors de son interrogatoire par l’assistant solicitor general, Rakjumar Baungally, le PC Ujoodha confie qu’il a été affecté au siège social de la NCG aux Salines en juin 2020. Parmi ses responsabilités, la surveillance de la US C-vision utilisée pour le trafic maritime. Revenant sur les événements précédant l’échouement du MV Wakashio, le 25 juillet 2020, il dit avoir vu le vraquier japonais à 18 h 05 à 11,5 milles nautiques de Maurice. Or, n’étant pas un vessel of interest ou navire suspect, il ne représentait aucune menace pour Maurice. «Comment un navire le devient-il ?», s’enquiert Me Baungally. Le PC Ujoodha répond que la NCG reçoit des emails de la Maritime Response Coordination Centre Room (MRCC) de la Réunion, d’Australie et d’Inde ou de l’Anti-Drug Smuggling Unit (ADSU) du port. Il poursuit qu’à 19 h 10, le MV Wakashio se trouvait à 6 milles nautiques. Il contacte donc le Coastal Surveillance Radar System (CSRS) de Pointe-du-Diable afin que la station établisse une communication avec le capitaine du vraquier et lui demande de dévier et de rester à 10-15 milles nautiques.

À une question de Jean Mario Geneviève, il dit qu’il a pris l’initiative d’appeler le PC Sujeebun pour lui dire d’entrer en contact avec le vraquier. «Ne vous a-t-il (NdlR : PC Sujeebun) pas dit qu’il avait essayé sans succès ? Il aurait dû vous le dire quand il vous a rappelé quatre minutes après», demande le président Abdurafeek Hamuth. Johnny Lam Kai Leung s’enquiert du protocole mis en place en l’absence de communication. «Si un navire ne répond pas, que faites-vous ?» Le PC Ujoodha fait ressortir que les Fast Interceptor Boats (FIB) peuvent intervenir et que cela prend 1-2 heures pour que l’équipage spécialisé puisse les sortir. De plus, les gros patrouilleurs comme le CGS Valiant prendra 3-4 heures pour quitter le port. Jean Mario Geneviève demande si ce n’était pas une priorité de contacter le PC Sujeebun pour s’enquérir de la situation quand ce dernier ne le rappelle pas. Face au silence du PC Ujoodha, Abdurafeek Hamuth intervient et ne le lâchera pas. «Vous n’aviez aucune idée de votre priorité à ce moment-là ? N’était-ce pas une situation qui demandait une attention particulière ? Le Wakashio ne nécessitait pas une attention étroite ? Vous auriez dû suivre ce qui se passait. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? Êtes-vous en train d’admettre que vous étiez négligent ?» À une question de Me Baungally, il révèlera qu’entre 19 h 10 et 20 h 00, soit pendant 50 minutes, il n’y a eu aucune communication. «Trouvez-vous cela normal qu’il n’y ait aucune action ? », s’enquiert l’assistant solicitor. «Il n’y avait aucun danger à ce moment. Aucun danger, aucune détresse», explique le témoin.

Me Ricky Bhookun, représentant du DPP, n’y est pas allé de mainmorte avec le témoin. «Si le Wakashio ne représentait pas une menace, à quelle distance le devient-il ?»  Le PC Ujoodha répondra qu’il le devient s’il se trouve à environ 1,6 mille nautique. À la question de savoir si, en 15 minutes, de 19 h 00 à 19 h 25 au moment de l’échouement, le Wakashio n’était pas une menace potentielle, le témoin répondra qu’il y a eu une ruée à ce moment-là. «Il y avait des choses plus importantes qu’un navire qui s’échoue ?», lancera le président de la cour, montrant son agacement face aux réponses du PC Ujoodha. «Vous regardez l’écran et donnez des instructions et ne regardez pas la US C-vision à nouveau. Vous ne le regardez qu’une seule fois. Vous ne surveillez pas ?  Votre responsabilité s’arrête après avoir parlé avec Sujeebun ? «Oui pour voir s’il y a d’autres incidents», répond le témoin.

 

Navin Sujeebun, posté à la NCG de Deux-Frères, confie pour sa part, que le jour de l’incident, de 8 heures à midi, il assumait des fonctions de sentinelle au Solana Beach Hotel car l’établissement était un centre de quarantaine. Ensuite, il a pris son service au CSRS de Pointe-du-Diable comme radar operator à 14 h 52. Il confie que ses nombreux appels au Wakashio dès 18 h 15 alors que le vraquier se trouvait à 11,5 milles nautiques sont restés infructueux. À une question de Me Baungally, il dira qu’à 19 h 10 après un appel de l’Ops Room, il a obtenu des informations sur le vraquier japonais, notamment le type de navire. À une question d’Abdurafeek Hamuth, le PC Sujeebun répondra qu’il regardait l’heure sur une horloge et non pas sur le radar car il n’y avait pas de minuteur. Jean Mario Geneviève l’interrogera sur le fait qu’il était le seul à savoir que le Wakashio s’était arrêté sur les récifs car c’est lui qui le surveillait. «Ne pensez-vous pas que c’était votre devoir d’informer l’Ops Room que le navire s’était arrêté ?» Il répondra que le navire se trouvait dans le passage inoffensif. La réponse choque l’assesseur. «Le bateau ne peut pas être dans le passage inoffensif s’il a stoppé car à 19 h 25 il ne naviguait pas.» Pour le président de la cour d’investigation, le PC Sujeebun était plus occupé à obtenir des informations pour remplir le log book que de sauver le navire. «Everybody is drowning and you’re more concerned about filling your entries.»