Le Japon pourrait suspendre toutes ses aides au développement pour la Birmanie, a prévenu le ministre japonais des Affaires étrangères dans un entretien publié vendredi, alors que la junte birmane continue de réprimer les opposants à son coup d'Etat.

«Nous ne souhaitons pas du tout en arriver là, mais nous devons dire fermement qu'il sera difficile de continuer dans ces circonstances», a déclaré Toshimitsu Motegi au quotidien économique japonais Nikkei.

«En tant que pays ayant soutenu le processus de démocratisation en Birmanie de diverses manières, et en tant que (pays) ami, nous devons représenter la communauté internationale et transmettre clairement» ce message, a ajouté le ministre.

Le Japon est l'un des premiers Etats contributeurs à l'aide au développement pour la Birmanie, lui ayant fourni l'équivalent de 1,4 milliard d'euros sur l'exercice annuel 2019/20. La Chine de son côté ne divulgue pas le montant de ses aides.

En réaction au coup d'Etat du 1er février, Tokyo avait annoncé en mars la suspension de toute nouvelle aide de sa part pour la Birmanie, mais n'a pas imposé de sanctions individuelles à l'encontre de responsables birmans, contrairement aux Etats-Unis, à l'Union européenne ou au Royaume-Uni.

Plus de 800 personnes ont été tuées dans des troubles en Birmanie depuis le putsch et l'arrestation d'Aung San Suu Kyi, qui était de facto la cheffe du gouvernement civil.

La diplomatie japonaise poursuit son dialogue avec la junte birmane, comme elle l'avait fait avant la parenthèse démocratique dans le pays entre 2011 et 2021.

«Par rapport à l'Europe ou aux Etats-Unis, nous avons une plus grande variété de canaux (diplomatiques, NDLR) en Birmanie, y compris avec l'armée», a souligné M. Motegi. «Les ministres des Affaires étrangères du G7 comprennent cela parfaitement».

Un journaliste japonais arrêté à la mi-avril en Birmanie après avoir couvert des manifestations pro-démocratie a été libéré et renvoyé au Japon la semaine dernière, au moment où Tokyo a offert à la Birmanie une aide d'urgence de 4 millions de dollars via le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

Ce journaliste, Yuki Kitazumi, a appelé vendredi le gouvernement nippon à avoir le «courage» de peser de tout son poids face à la junte birmane.

«Les gens en Birmanie attendent et espèrent que le gouvernement japonais prenne des mesures concrètes», a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Tokyo.

«J'espère que le pouvoir du gouvernement japonais qui a permis ma libération sera employé en faveur des gens en Birmanie», a-t-il encore ajouté.