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Administrations régionales: suis-nous au coeur des municipalités

12 mai 2021, 17:01

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Administrations régionales: suis-nous au coeur des municipalités

Depuis la fin de la semaine dernière, l’annonce du renvoi des élections municipales a soulevé un tollé. C’est quoi une municipalité ? Pourquoi est-elle importante ? Quel est l’impact du renvoi de ces élections ? Un ancien maire t’explique tout cela.

C’est quoi une municipalité ?

Tu habites dans une maison avec tes parents et vous constituez une famille. Tout comme toi, il existe des milliers de familles à Maurice qui vivent dans des villages ou dans des villes. «Des villes sont de grands villages. Dans ces villes, il y a des routes pour que toi et ta famille vous puissiez circuler. Il faut aussi éclairer ces routes la nuit pour que vous puissiez vous orienter et il faut toujours s’assurer que les lampadaires fonctionnent. Les familles génèrent des déchets. Et il faut bien que quelqu’un les ramasse quand ils sont mis à la poubelle. De plus, là où tu habites, tu n’aimerais pas que l’on construise une usine à côté car cela va perturber ton environnement. Il faut respecter les zones d’habitations et celles industrielles. Pour gérer tout cela, il faut toute une équipe et dans les villes, ce sont les municipalités qui gèrent tout cela», explique Ananda Rajoo, ancien maire de Curepipe.

Comment fonctionne-t-elle ? 

Pour s’assurer du nettoyage, du ramassage d’ordures, pour donner le permis de construction des maisons ou les autorisations pour démarrer un commerce, tu t’imagines qu’il faut des gens pour superviser tout cela, de même une organisation dédiée. «Toute la gestion des villes est confiée à un conseil municipal. Ledit conseil est composé de plusieurs personnes. Ce sont les habitants des villes qui les choisissent lors des élections municipales. Selon la loi, ces élections doivent avoir lieu tous les six ans», explique Ananda Rajoo. À Maurice, il y a cinq villes, et chacune est composée de plusieurs quartiers ou arrondissements. Par exemple, à Port-Louis, qui est la capitale, il existe huit arrondissements. Beau-Bassin–Rose-Hill en comprend six, Curepipe cinq et Vacoas–Phoenix six. Les habitants de chaque arrondissement doivent, le jour des élections, choisir quatre personnes qui les représenteront sur le conseil. Le nombre de conseillers sera différent pour chaque ville, dépendant du nombre d’arrondissements que contient cette dernière. Par exemple, à Port-Louis, pour connaître le nombre de conseillers pour cette ville, il te suffit de multiplier le nombre d’arrondissements qu’elle contient par quatre, soit 32 conseillers. Une fois élus, les conseillers municipaux passeront au vote pour élire le maire, soit celui qui présidera le conseil municipal.

Le budget

Tout comme tes parents travaillent, ont un salaire et font des dépenses, il en va de même pour les municipalités. C’est pourquoi il leur faut un budget. Les principaux revenus des municipalités proviennent du gouvernement, qui alloue, chaque année, une certaine somme aux municipalités. Outre cet argent, les municipalités génèrent aussi des revenus par rapport aux permis qu’ils allouent et par rapport à la taxe immobilière et commerciale, entre autres. «Mais souvent, les revenus des municipalités sont insuffisants pour faire face aux dépenses», souligne l’ancien maire. Si les conseillers et le maire changent tous les six ans, la municipalité emploie plusieurs personnes à plein temps pour s’occuper des divers départements que comprend la municipalité.

La raison du renvoi des élections 

Le gouvernement souhaite amender la loi en vue de renvoyer les élections municipales. Ces élections étaient censées avoir lieu le mois prochain. Ce renvoi serait justifié par la volonté de limiter la propagation du nouveau coronavirus. Les changements à la loi devraient être débattus et votés au Parlement très bientôt. Ainsi, la nouvelle loi devrait permettre au gouvernement en place de renvoyer initialement d’un an les élections en cas de situation d’urgence dans le pays ou de crise sanitaire comme c’est le cas actuellement. Et si l’année suivante la situation demeure inchangée, le gouvernement pourra, à nouveau, renvoyer les élections pour encore une année. Bref, le pouvoir sera entre les mains du président de la République, qui pourra renvoyer les élections municipales pour une période maximale de deux ans.

La levée de boucliers 

L’annonce de ces amendements a suscité des vagues, surtout du côté des partis constituant l’opposition parlementaire. Que signifie ce renvoi des élections municipales ? «Cela signifie que les conseillers, qui sont déjà en place, le resteront. Cela signifie aussi que les habitants ne pourront pas s’exprimer quant au choix de leurs représentants sur le conseil. Si, par exemple, ils ne sont pas satisfaits du travail accompli par ces conseillers durant ces cinq dernières années, ils ne pourront pas s’exprimer et le conseil municipal continuera à agir comme il le faisait», explique Ananda Rajoo. 

Pire, ces amendements à la loi sont considérés par les membres de l’opposition comme étant une tentative du gouvernement «d’accaparer le pouvoir sans laisser la chance aux autres partis politiques d’y accéder». Ce qui est très grave car ceci va à l’encontre des règles démocratiques. Ananda Rajoo souligne que d’autres moyens, comme l’élection par ordre alphabétique, «comme on l’a fait pour les supermarchés en plein confinement», auraient pu être appliqués. De plus, certains trouvent ridicule que le public soit autorisé à voyager dans des autobus où il est plus probable de contracter le virus car il n’y a pas de distanciation physique d’appliquée, qu’en allant voter. D’autres rappellent qu’après le premier confinement, les élections villageoises, elles, avaient été organisées. Enfin, Anand Rajoo souligne que ce n’est pas la première fois que ce gouvernement «fait une entorse aux règlements des élections municipales. Après l’élection générale de 2014, il avait profité de la conjoncture pour organiser les élections municipales en faisant fi des délais prescrits par la loi». Il y a de quoi s’interroger sur le statut démocratique du pays.