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Squatteurs: un an après, certains ont trouvé un toit et le sourire

1 mai 2021, 22:00

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Squatteurs: un an après, certains ont trouvé un toit et le sourire

De Pointe-aux-Sables à Quatre-Cocos ou encore de Riambel à Souillac, ces personnes en ont bavé. Aujourd’hui, elles sourient à la vie car un nouveau chapitre s’ouvre pour elles. Ce parcours a été possible grâce à leur volonté et au coup de pouce de la plate-forme Drwa A Enn Lakaz, un an après qu’elles ont reçu leur lettre d’éviction.

Son sourire est rayonnant. Et ce, malgré les conditions climatiques des derniers jours. Assise dans sa nouvelle maison à Quatre-Cocos, Ronie Bégué se repasse encore ces images qui ont traumatisé toutes les personnes qui se sont retrouvées, du jour au lendemain, expulsées sans ménagement. En effet, le 28 avril 2020, les familles de Pointe-aux-Sables, Malherbes et Riambel ont reçu l’ordre de quitter les terres qu’elles occupaient illégalement. Elles avaient ensuite obtenu un délai d’un mois avant que la police ne vienne les y expulser à l’aide de pelleteuses.

Cet épisode restera à tout jamais gravé dans l’esprit de Ronie Bégué. Mais elle n’a pas laissé la mésaventure prendre le contrôle de sa vie, elle a continué à lutter pour un meilleur avenir. «Et c’est le 30 décembre que les fonctionnaires de la NHDC (National Housing Development Company Ltd) m’ont demandé de venir récupérer les clés de ma nouvelle maison.»

Certes, la maison est très éloignée de Pointe-aux-Sables, mais qu’à cela ne tienne, elle est la sienne. «J’ai longtemps été gardienne dans une maison à La Tour Koenig. Mais quand le patron a voulu récupérer son terrain, il nous a dit de partir. Et j’ai atterri à Pointeaux-Sables.» Mais aujourd’hui, cette histoire est loin derrière elle. «Depuis janvier, on est venu s’installer ici. Et honnêtement, ce changement n’est pas pour me déplaire car je voulais aller dans une région où il y avait des champs de canne.»

Ronie Bégué, mère de deux enfants, sait que le travail ne lui fait pas peur. «J’ai travaillé dans plusieurs secteurs. Sur les bateaux, j’ai nettoyé les voitures, j’ai été coupeuse de cannes, et même maçon. Je sais que rien ne m’arrêtera si je veux obtenir du travail.» À la suite de son passage comme squatteuse, elle confie qu’elle a perdu tous ses effets personnels. «Les intempéries ont aussi joué les trouble-fêtes et je ne possède pas grand-chose. Heureusement que grâce à des bénévoles, j’ai pu avoir un four, un téléviseur et des vêtements. Et je tiens à remercier tous ceux qui nous ont aidés.»

Ronie Bégué raconte que la plateforme Drwa A Enn Lakaz l’a pleinement soutenue. «Que ce soit pour les formulaires, les documents, les transferts d’argent, tout cela a été possible grâce à ce groupe.» Désormais, elle a le regard tourné vers l’avenir. «J’espère arriver à construire une chambre pour chacune de mes deux filles. Elles en ont vu de toutes les couleurs et maintenant, je ne veux que le meilleur pour elles. D’autant plus que l’adaptation à Quatre-Cocos a pris du temps. Mais aujourd’hui, elles sont heureuses.»

On met le cap sur Souillac à présent pour rencontrer Sharone Banzigou. Exerçant dans le domaine de l’hôtellerie, du jour au lendemain, elle a vu sa vie chambouler suivant le premier confinement en 2020. Ne pouvant subvenir à ses dépenses, elle a rejoint sa mère en mai 2020 sur les terres de Riambel. Et dire que depuis qu’elle a commencé à travailler, elle économise pour pouvoir s’acheter une maison de la NHDC. «C’est une lutte démarrée il y a 15 ans. J’ai fait mes efforts. À deux reprises, j’ai passé des entretiens et les deux fois, mon dossier a été rejeté. Et sans qu’aucune raison ne me soit fournie. Puis, on m’a proposé une maison à Pamplemousses en 2019 et au début de 2020, on m’a dit que le dossier a été rejeté.» Frustrée face à ce revers, elle ne baisse pas les bras.

Elle raconte que la NHDC lui a proposé, à la fin 2020, une maison à Cottage ou encore une maison saisie et délabrée. Elle a refusé. «Mon combat n’allait pas se terminer comme cela. Et finalement, c’est à Souillac que j’ai pu obtenir une maison. C’était en février. Maintenant, j’attends de pouvoir y emménager.» Le second confinement est venu retarder son déménagement. Et faisant d’une pierre deux coups, sa mère a également été régularisée et peut construire une maison à Riambel.

Delphine Ahnee: «Rs 559 500 versées à la NHDC pour 20 familles»

<p>Le bilan après presque un an de lutte est à la hauteur des espérances pour la plate-forme Drwa A Enn Lakaz. <em>&laquo;Des 20 familles, 11 ont déjà reçu leurs clés du ministère du Logement via la NHDC. Nous suivons les neuf autres dans leurs démarches et problèmes logistiques, afin qu&rsquo;elles puissent enfin vivre dans une maison décente. Et ces neuf familles ont rendez-vous pour des entrevues à la NHDC la semaine prochaine, dont trois familles de Riambel&raquo;,</em> avance Delphine Ahnee, la présidente de la plate-forme Drwa A enn Lakaz.</p>

<p>La lutte continue aussi pour les autres familles dont les dossiers rencontrent certaines difficultés. <em>&laquo;Vingt et une familles sont suivies, dont certains hardship cases. Cela, selon les critères à partir desquels ces personnes se sont enregistrées à la NHDC ou la NEF avant l&rsquo;année 2020. Sur un total de 41 familles, les dossiers de 34 familles ont été dûment répertoriés auprès des autorités. Dix suivent leur cours et sept ont toujours des dossiers posant problème.&raquo;</em> Quoi qu&rsquo;il en soit, Drwa A Enn Lakaz ne lâche pas prise. Cette organisation fait tout son possible car elle estime que chaque personne a droit à un domicile décent.</p>

Riambel : la promiscuité et la drogue ne font pas bon ménage

<p>Des familles ont abandonné ce terrain étroit où elles ont vécu pendant presque un an. Toutefois, Sylvanie Philibert et son enfant d&rsquo;un an s&rsquo;y trouvent toujours. N&rsquo;ayant aucun autre endroit où aller, elle se voit obligée de continuer à vivre sur cette parcelle de terre. <em>&laquo;Il faut être courageuse pour vivre seule dans cette région. Toutes les autres familles ont pu trouver un endroit pour aller vivre. Je ne sais pas à quelle porte frapper pour avoir un meilleur avenir. Je dois essayer de survivre pour mon enfant.&raquo;</em> Elle lance, pour la énième fois, un appel à l&rsquo;aide.<em> &laquo;Aidez-nous. Il y a aussi une autre personne qui vit dans les mêmes conditions que moi sur ce terrain. Ce n&rsquo;est pas facile de dormir ainsi à la belle étoile.&raquo; </em>Elle tient à remercier les personnes qui l&rsquo;aident au quotidien.<em> &laquo;Il y a des gens qui viennent nous apporter de quoi manger. En fait, c&rsquo;est grâce au soutien de Mélodie (Marie Rose) Ramdamy que nous arrivons à avoir de quoi nous nourrir. Elle fait régulièrement appel à la générosité.&raquo; </em>La fille de Mélodie Ramdamy, Jequiel Laviolette, ancienne squatteuse, affirme que l&rsquo;endroit est devenu malfamé car des drogués ont pris possession des lieux<em>. &laquo;On ne peut mélanger la promis- cuité et la drogue. Ces raisons ont poussé les familles à partir.&raquo;</em> Elle aussi lutte pour avoir une maison pour elle et son bébé d&rsquo;un an et demi.</p>

Pointe-aux-Sables : les préjugés font mal aux habitants restants

<p>Cela fait presque un an depuis que Marie Florise Nadal vit dans sa maison de fortune. Elle continue à se battre pour ses enfants. Et cela lui fait mal de voir comment sa fille de 14 ans vit ces moments. <em>&laquo;Elle pleure et ne veut pas se rendre au collège. Les autres se moquent d&rsquo;elle, lui disant qu&rsquo;elle habite dans le &laquo;camp&raquo;. Je me retrouve impuissante face à cela.&raquo;</em> Marie Florise Nadal ne comprend toujours pas pourquoi elle ne peut avoir une maison comme les autres familles qui habitaient à Pointe-aux-Sables. <em>&laquo;Aujourd&rsquo;hui, nous ne sommes que quatre familles à vivre ici. Et l&rsquo;on ne demande pas grand-chose, juste un petit bout de terrain pour pouvoir y construire une case en tôle.&raquo;</em> C&rsquo;est également le souhait émis par Pascaline Moonien. Cette dernière est toujours aux côtés de ces familles et leur apporte de la nourriture au quotidien. <em>&laquo;Je n&rsquo;ai qu&rsquo;une requête : que le gouvernement ou même des particuliers puissent nous donner un lopin de terre. Et nous allons y construire quatre petites maisons en tôles pour ces familles. </em><em>Aidez-nous à les aider.&raquo;</em></p>