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Cuba: à huis clos, Raul Castro préside son dernier congrès du parti

16 avril 2021, 22:21

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Cuba: à huis clos, Raul Castro préside son dernier congrès du parti

Soixante ans jour pour jour après la proclamation par Fidel Castro du caractère socialiste de la révolution cubaine, son frère Raul présidait vendredi son dernier congrès du Parti communiste, à huis clos.

Le rendez-vous historique, qui durera quatre jours, doit marquer le départ en retraite du célèbre révolutionnaire et l'ascension d'une nouvelle génération.

Contrairement aux précédentes éditions, aucune image n'était diffusée vendredi matin à la télévision, seules quelques photos et vidéos étant partagées au compte-gouttes par les médias d'Etat via les réseaux sociaux.

L'une d'elles montrait les centaines de délégués du PCC (Parti communiste cubain), venus de toutes les provinces du pays, applaudir debout, à son arrivée, Raul Castro, 89 ans, dont l'uniforme militaire tranchait avec la simple chemise blanche de son successeur désigné, le président Miguel Diaz-Canel, 60 ans.

Ce dernier, qui l'a remplacé à la présidence du pays en 2018, sera le premier civil à diriger aussi le parti, au sein duquel il a mené toute sa carrière. Il devrait être désigné nouveau premier secrétaire, poste le plus important à Cuba, au dernier jour du congrès lundi.

C'est «le congrès de la continuité», a-t-il rappelé via Twitter, soulignant ainsi que les lignes directrices du pouvoir à Cuba, l'un des cinq derniers pays communistes au monde, ne changeraient pas.

Si des réformes économiques sont urgentes, dans ce pays en profonde crise sous l'effet des sanctions américaines et de la pandémie, le dogme du parti unique sera maintenu.

Fidèles à l'héritage

«Le parti constitue la garantie de l'unité nationale et la synthèse des idéaux de dignité, de justice sociale et d'indépendance de générations de patriotes qui nous ont précédés et de celles qui nous ont défendus pendant toutes ces années de lutte et de victoire», a déclaré José Ramon Machado Ventura, 90 ans, numéro deux du parti lui aussi appelé à prendre sa retraite.

Il a inauguré le congrès «avec la conviction que nous continuerons à être fidèles à l'héritage de nos martyrs et à l'exemple de Fidel et Raul», selon les déclarations retranscrites par les médias d'Etat, seuls autorisés au sein du Palais des conventions où se déroule la réunion.

Après la mort de Fidel en 2016, le départ de Raul tourne une page historique pour l'île et ses habitants, dont presque tous n'ont jamais connu d'autre famille dirigeante.

«Raul ne va plus être à la tête du parti, mais en cas de problème Raul sera là, il n'est pas mort», veut croire Ramon Blande, militant communiste de 84 ans, masque en tissu sur le visage pour se protéger du coronavirus.

Selon les médias officiels, après un hommage à Fidel, Raul a présenté vendredi matin aux délégués le rapport central du congrès, dans lequel il a fustigé la «guerre économique» menée par les Etats-Unis, après quatre ans de l'administration Trump qui a durement renforcé l'embargo en vigueur depuis 1962.

Les partis communistes de Chine, Vietnam, Laos et Corée du Nord ont envoyé des messages de félicitations à Cuba.

L'effet internet

Dans les rues de La Havane, les Cubains semblent surtout préoccupés par les pénuries alimentaires, les files d'attente face aux magasins et l'inflation vertigineuse provoquée par la récente unification des deux monnaies locales.

«J'espère qu'avec le congrès ça va s'améliorer car les prix sont très élevés, les salaires ont augmenté (...) mais ça ne suffit pas», se lamente Maria Martinez, retraitée de 68 ans.

Pour Norman McKay, analyste de The Economist Intelligence Unit, «le départ de (Raul) Castro est un événement marquant, non seulement parce qu'il marque la fin d'une dynastie qui a duré plus de 50 ans, mais aussi parce qu'il intervient dans une période de difficultés et de perturbations économiques importantes».

«Cela ne veut pas nécessairement dire qu'il y aura un changement brutal dans le style du Parti communiste», mais «internet devrait faciliter les demandes de transparence et de libertés, donnant lieu à des défis pour le gouvernement que le Parti communiste aura du mal à ignorer».

Ces derniers mois, Cuba vit une grogne sociale inédite, sous l'impulsion de l'arrivée récente de l'internet mobile, avec des manifestations d'artistes, des protestations de dissidents et des mobilisations d'autres secteurs de la société civile comme les défenseurs des animaux.

Et si les sanctions de Donald Trump ont considérablement compliqué le quotidien des Cubains, la multiplication des magasins en dollars sur l'île est aussi source de frustration pour les habitants.