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Joyeux Anniversaire

11 avril 2021, 20:39

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Joyeux Anniversaire

Une année de plus

Lorsqu’on fête les anniversaires tous les ans, c’est toujours synonyme de joie et d’allégresse. Un an de plus, ça se fête. Et c’est justement notre rapport au temps qui se manifeste dans les anniversaires. Une année de plus, c’est une année que l’on a volé au temps, à la mort. Effectivement, la mort est omniprésente dans les anniversaires, présente car nous affirmons, en fêtant un an de plus, que nous sommes toujours là. Lorsqu’on fête un anniversaire, c’est la vie et… la mort que nous fêtons. Celle-ci est repoussée, mise à l’écart, vaincue, d’une certaine manière. « Veni, vidi, vici », je suis « venu » fêter mon anniversaire, j’ai « vu » de la joie autour de moi et j’ai « vaincu » la mort, car je suis toujours là. Peu importe, d’ailleurs, si on personnifie la mort (comme dans de nombreuses cultures) ou, si seulement, on y fait allusion d’une manière ou d’une autre. Marquer le coup le jour de l’anniversaire, c’est dire oui à la vie, et dire non au temps qui passe, non à ce qui est inéluctable. Vivre, c’est tout bonnement affirmer notre capacité à être là, à être en vie.

Le temps qui passe                                                                

Nous savons tous que le temps passe, et pourtant parfois nous avons l’impression qu’il ralentit, voire qu’il cesse de s’écouler. Bien étrange ce rapport ambivalent au temps qui nous caractérise : un coup on se rend compte que des années sont passées, un autre fois, que le temps s’est arrêté, qu’il ne passe plus, qu’il a cessé sa course. Galilée aurait sans doute dit « Et pourtant, il passe !». N’empêche, nous y revenons encore, le temps est ici synonyme de mort, pas de mort imminente, bien entendu, mais cette temporalité qui nous constitue et qui amène le vieillissement. Vivre, c’est vieillir, et dès la naissance, dès les premiers moments de la fécondation, même, quand le processus de la vie se met en marche, la mort est déjà présente, le temps s’est mis en marche dans le cours incessant de la vie. La vie et la mort semblent comme les deux faces d’une même pièce, elles sont l’une contre l’autre, se touchant sans cesse. Mais pourtant elles sont à l’opposé et ne se regardent jamais. Et la vie ne tient qu’à un fil, elle peut basculer, sans que l’on sache, et le temps qui court est sans relâche. Le temps ne s’arrête jamais, et pourtant il arrête la vie. « Ô temps, suspend ton vol !» disait le poète. On pourrait lui rétorquer « Ô temps, qui tôt ou tard, nous prend en vol !».

Une année de moins

Comme dirait le comique, une année de plus, c’est une année de moins à vivre. À voir ! Admettons que ce soit le cas, le fait même que nous sachions tous que nous allons mourir devrait nous faire prendre conscience que seule l’existence mérite la peine d’être vécue, et qu’en dehors de la vie, il n’y a plus de vie. Savoir que le temps qui passe nous rapproche de la mort doit nous rapprocher le intensément de la vie. Vivre, c’est savoir que la mort est tout le temps là, et que justement l’on doit vivre sans s’arrêter, comme le temps. Exister a ceci d’incroyable qu’il provoque de la joie, sentiment que l’on éprouve dans des moments heureux, et la vie doit nous rendre heureux, dans la mesure où nous pouvons écarter la souffrance. Souffrance, voici l’autre nom de la mort et qui s’insinue toujours dans nos vies. Qu’elle soit physique ou psychologique, la souffrance ne cesse de jouer les trouble-fêtes ; mais fêter chaque année le jour de sa naissance, c’est montrer que la souffrance peut être, sinon évitée, du moins contournée. Et si le contour dure longtemps, c’est la vie qui s’affirme et qui nous rend joyeux.