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Patients dialysés: six morts en 11 jours

10 avril 2021, 12:39

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Patients dialysés: six morts en 11 jours

Depuis que les patients dialysés de l’hôpital de Souillac ont été admis en quarantaine le 26 mars, six d’entre eux sont décédés. Parmi, quatre étaient positifs. Le premier décès est survenu le 29 mars et le sixième dans la soirée d’hier, vendredi 9 avril.

Le premier patient dialysé dont le résultat PCR était négatif est décédé le 29 mars. Le deuxième patient dialysé testé négatif a rendu l’âme le 7 avril dernier. Il s’appelait Dharmanand Beesoo. Âgé de 54 ans, ce patient dialysé n’avait plus que deux jours à passer en quarantaine avant de pouvoir enfin rentrer chez lui. Mais ce qu’il a enduré pendant 12 jours consécutifs a eu raison de cet habitant de Baie-du-Cap, le mercredi 7 avril. L’ancien employé dans le secteur du textile, qui a pourtant cumulé deux tests de Covid-19 négatifs en une semaine, a poussé son dernier souffle dans ce que son épouse qualifie de cellule, à l’hôtel Tamassa. Pour Vimi Beesoo, mère de deux enfants, on ne lui a laissé «aucune chance de survie».

C’est avec beaucoup de peine que Vimi Beesoo se remémore les derniers jours de son mari. «Le 26 mars, nous avons reçu un coup de fil nous annonçant que mon mari devait être transféré en quarantaine. Cette nouvelle l’a d’emblée mis dans une déprime.» Mais Vimi Beesoo, sa fille et le frère du quinquagénaire lui ont remonté le moral et l’ont convaincu que la quarantaine lui sera bénéfique. «Lorsque mon mari était anxieux, il écoutait des prières pour s’apaiser. Nous lui avons dit qu’en quarantaine, il aura une télévision et une connexion Internet à sa disposition…» Mais au grand dam du défunt, la chambre était privée des deux. «Nous avons fait plusieurs requêtes. En vain. Le priver de quelque chose de si important était synonyme de signer son arrêt de mort. (...) C’était comme s’il se trouvait dans une prison.»

Pour ajouter à sa peine, les horaires pour les séances d’hémodialyse ont changé en quarantaine. Qui plus est, le triste décompte funèbre des patients dialysés depuis leur admission en quarantaine a anéanti le quinquagénaire. «Lundi soir, lorsque je lui ai parlé, il était irrité et complètement bouleversé à la fois.» La raison ? Dharmanand Beesoo venait d’apprendre le décès d’un ami, aussi dialysé. Le patient avait 68 ans. «Il m’a dit qu’ils sont partis pour leur séance d’hémodialyse ensemble mais qu’il est rentré seul. Il m’a aussi confié que c’est son cadavre qui sortira de quarantaine.» Vimi Beesoo aura une conversation pour la dernière fois avec son mari mardi matin, vers 9 h 30. «Il était faible et ne voulait rien manger. J’ai pensé qu’il était entre de bonnes mains et qu’on s’occupait de lui.»

Mais le lendemain, vers 10 h 30, elle reçoit un appel de son employeur qui vient d’apprendre le décès de Dharmanand Beesoo sur la page Facebook de l’express. «On m’a juste appelée pour me dire de préparer les documents nécessaires pour les funérailles. C’est plus tard que j’ai appris qu’il ne respirait plus lorsque le personnel du ministère est parti frapper à sa porte.» Aucun des proches de Dharmanand Beesoo n’a pu le voir une dernière fois, même s’il était négatif au Covid-19. «Selon nos rites et coutumes, on donne un bain au défunt avant de dire adieu. Mais pour nous, tout ce qu’il restait à faire, c’était de l’enterrer. Mon fils était pourtant là pour lui donner, au moins, des funérailles dignes de l’homme qu’il était. Comment faire un deuil dans un tel cas ?»

Les proches de Dharmanand Beesoo n’envisagent pas de poursuites, certes, mais ils exhortent les autorités à sauver la vie des autres patients dialysés. «Je ne veux pas que d’autres personnes subissent le même sort que mon mari. Il a été tué. C’était un crime odieux».