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Guéri du Covid-19: «Pa test Bon Dieu sa, lekzame sa»

7 avril 2021, 21:15

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Guéri du Covid-19: «Pa test Bon Dieu sa, lekzame sa»

Ce mercredi 7 avril, Khadil Dilloo, marchand de légumes de La Caverne, Vacoas, devait retrouver les membres de sa famille, qui étaient en quarantaine à l’hôtel Tamassa à Bel-Ombre. Mais la veille de ces retrouvailles, ces derniers ont appris que leur séjour serait étendu d’encore 14 jours après qu’un membre du personnel soignant, affecté à ce centre de quarantaine, a été testé positif au Covid-19. Pour Khadil Dilloo, qui opère à La Caverne, Vacoas et qui avait été contaminé par un couple lié au foyer de contamination de Forest-Side, c’est comme passer un examen.

Cet homme de 44 ans a regagné son domicile dimanche soir, après avoir été testé négatif à son dernier test PCR. Rappelez-vous, le mercredi 24 mars dernier, il avait été testé positif au Covid-19. Asymptomatique, il avait été conduit dans un centre de traitement alors que son épouse et leurs deux enfants, âgés de 16 et 20 ans, avaient été placés en quarantaine. Il en a été de même pour ses deux frères et les membres de leur famille respective, qui vivent dans la même cour familiale que lui.

Bien qu’il soit aujourd’hui guéri, Khadil Dilloo est stressé. «Je croyais que c’était ma famille qui allait pouvoir regagner la maison avant moi. Ou au pire, qu’on allait y retourner à intervalle de quelques jours. Nous n’aurions jamais imaginé que nous devrions patienter encore 14 jours. On comprend qu’il y a un protocole à respecter. Mais que se passera-t-il si au bout de cette extension, un autre membre du personnel soignant du centre de quarantaine est testé positif ? Est-ce que mes proches devront rester encore en quarantaine ?», se demande-t-il. 

Depuis son retour à la maison, il dit se sentir «kouma enn samo dan dezer», soit seul non seulement à son domicile mais aussi dans la cour familiale car sa fratrie est en quarantaine. Ce n’est pas tout. Il se voit contraint de dormir dans la pièce qui leur sert de salle de jeu. «Mo pe res kouma dimounn mizer dan mo lakaz. Vu que mon épouse a quitté la maison après moi, elle a pris les clés de notre chambre à coucher, qui est climatisée. De plus, après les sept jours que je  dois passer en auto-isolement, je ne pourrai toujours pas reprendre mes activités car deux de nos véhicules ont rencontré des problèmes mécaniques et je doute fort de pouvoir trouver un mécanicien qui veuille venir les réparer dans le contexte actuel. Et les clés du troisième véhicule ne sont pas en ma possession. Apre, ban legim osi inn pouri dan store», raconte Khadil Dilloo.

Comment fait-il pour s’alimenter ? Le quadragénaire dit se débrouiller avec ce qu’il y a dans la maison. Deux de ses sœurs, qui habitent aussi Vacoas, ont proposé de lui porter à manger mais il a décliné l’offre, pour le moment du moins, après avoir vécu une mauvaise expérience.  Une personne bien intentionnée lui a apporté de la nourriture et l’a déposée sur la clôture de la cour sans l’en avertir. «Ce n’est qu’après avoir démarré son véhicule et avoir parcouru une certaine distance que cette personne m’a appelé pour me dire qu’elle avait déposé à manger pour moi. Mo trouv sa difisil pou pran sa manze la. Kouma dir pe donn manze lisien… Je comprends qu’il faille respecter les gestes barrières et qu’on ait peur d’être infecté par une personne testée positive. Mais il y a une manière de faire», estime-t-il.

Inversement, raconte-t-il, un ami lui a porté à manger et lui a remis le plat, tout en respectant les mesures sanitaires. Khadil Dilloo peut aussi compter sur le bon cœur de ses voisins. Face à sa situation, il ne peut que donner raison à sa fille de 16 ans, qui lui a dit que cette épreuve, ce n’est «pa test Bon Dieu sa, lekzame sa