Publicité

Infrastructures publiques: plus de Rs 128 M dans des crématoires inutilisés

5 avril 2021, 14:08

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Infrastructures publiques: plus de Rs 128 M dans des crématoires inutilisés

Ils ne sont pas utilisés alors qu’ils sont déjà prêts. Quinze crématoires construits pour le ministère des Collectivités locales depuis l’année dernière ne sont pas opérationnels.

D’après nos renseignements, ces projets financés par un prêt du gouvernement indien ont débuté en 2019. Selon les termes de l’accord, apprend-on, l’Inde aurait prêté la somme de 2,5 millions de dollars pour l’achat et l’installation des incinérateurs uniquement. Cependant, c’est le gouvernement mauricien qui devait financer la construction des bâtiments destinés à abriter ces appareils. D’ailleurs, dans le Budget pour l’année financière de 2018-19, le gouvernement a voté la somme de Rs 8 millions pour chaque crématoire. Il n’est pas mentionné si cette somme est destinée à la construction des bâtiments seulement ou pour les appareils également.

Selon l’accord avec l’Inde, le ministère des Collectivité locales devait engager un fournisseur indien pour les appareils, alors que c’est un représentant local qui devait se charger de leur installation.

Huit crématoires sont arrivés fin 2019. Ils ont été installés à Montagne Blanche, Solferino, Souillac, Camp-Le Vieux, Highlands, Richelieu, Cipailles Brûlée et Avenue Berthaud, à Quatre-Bornes. Des techniciens indiens envoyés par le fournisseur ont travaillé avec le représentant local et les crématoires devaient être livrés au gouvernement en février 2020, mais les Indiens sont partis sans faire le nécessaire.

 «Aucun défaut»

Au début de l’année dernière, huit autres appareils sont arrivés à Maurice pour être opérationnels en septembre 2020 aux Salines à Port-Louis, à Mahébourg, à l’Allée Brillant, à Belmont, St-Antoine, à La Marie, à GrandBois, à Chamouny et à Bigarade. Les travaux ont pris fin sauf dans le cas de Chamouny. Encore une fois, le fournisseur a envoyé ses techniciens à Maurice, mais ils n’ont pas encore remis ces crématoires au gouvernement tout comme ceux qui devaient être opérationnels en février 2020.

Ces crématoires commencent à intéresser les élus locaux et des députés. Kemraz Ortoo, élu de Gros-Cailloux siégeant au conseil de district de Rivière-Noire, avait posé une question en février dernier au président de ce conseil, Ludovic Labeauté, pour savoir pour quelle raison celui de Richelieu n’est pas opérationnel. Le président du district avait répondu qu’il attendait le feu vert du ministère des Collectivités locales sans donner de précisions sur la nature du problème.

Le député du PMSD, Kushal Lobine, adressera directement une question au ministre Anwar Husnoo demain à l’Assemblée nationale. Il veut savoir quand les travaux pour l’installation du crématoire de Solferino ont pris fin et il veut connaître le nom de l’entrepreneur ayant installé les appareils.

Contacté, le ministère des Collectivités locales maintient qu’il n’y a aucun défaut de fabrication. «Un premier lot de huit incinérateurs a été reçu en octobre 2019, installé par le groupe local. Le fournisseur avait envoyé une équipe technique à Maurice en décembre 2019, pour effectuer un relevé des travaux réalisés. L’équipe indienne est rentrée en Inde en février 2020 puis revenue à Maurice en novembre 2020 pour visiter les sites en vue de planifier la mise en service des incinérateurs. Au cours de ces visites, ils ont constaté que sept des réservoirs de gaz déjà installés sur les huit premiers sites étaient âgés de plus de 15 ans, alors que la date de fabrication n’aurait pas dû précéder 2018. Le fournisseur a dû prendre des dispositions pour le remplacement de ces réservoirs de gaz par de nouveaux. Cet exercice devrait être achevé d’ici la fin de ce mois d’avril 2021.»

On ajoute que la mise en service des incinérateurs sera effectuée par l’équipe indienne qui est toujours à Maurice. «L’équipement fourni est aux normes internationales et est conforme à toutes les spécifications techniques des documents d’appel d’offres. La question de “défaut de fabrication” est infondée et pourrait nuire à la bonne exécution de ce projet que le gouvernement souhaite compléter dans les plus brefs délais.» La valeur du contrat pour le projet est de 2 256 000 USD, confirme le ministère et un exercice d’appel d’offres a été lancé par l’intermédiaire de l’EXIM Bank of India, le 5 octobre 2018. Une seule offre a été reçue.