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Examens: dure épreuve pour les parents et les enfants

4 avril 2021, 21:00

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Examens: dure épreuve pour les parents et les enfants

À J-2 du début du Primary School Achievement Certificate (PSAC) et après trois jours d’examens du premier National Certificate of Examination (NCE), tant attendus par les élèves de grade 6 et de grade 9 ainsi que leurs parents, la situation sanitaire critique dans l’île fait que ces épreuves se déroulent dans un climat tendu et des conditions, certes difficiles. Le premier jour du NCE a été marqué par des couacs inévitables : problèmes de transport dans les zones sensibles, négligence des gestes barrières, pluies diluviennes et changement de centres d’examens à Curepipe, élèves en quarantaine…

Un médecin et une organisation non gouvernementale ont sollicité la ministre de l’Éducation pour renvoyer les examens et une minorité de parents ont même décidé de garder leurs enfants à la maison. Mais, à la conférence du National Communication Committee sur le Covid-19 vendredi, la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun a rassuré les parents, promettant que les mesures sanitaires seront renforcées dans les centres d’examens. Elle a lancé un appel aux parents pour qu’ils encouragent leurs enfants à respecter les gestes barrières. Le ministre du Transport a donné des garanties que les services d’autobus seront à la hauteur de la situation.

Face aux parents désemparés et à leurs questionnements dans un tohu-bohu de voix discordantes, nous avons interrogé des pédagogues et spécialistes de l’adolescence sur les enjeux de ces examens nationaux de fin de cycle. Cette situation impactera-t-elle pas la performance des enfants ? Quelle est la responsabilité des autorités, des parents et des enfants eux-mêmes ? Ces professionnels nous livrent leur analyse.

Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children, explique qu’il ne faut pas généraliser l’impact sur la performance des candidats qui attendaient ces examens et qui sont confiants. «J’ai parlé à des enfants qui attendaient impatiemment le début des examens. Ceux qui ont un bon encadrement familial et qui ont appris à se protéger ne seront pas grandement affectés.».

Les autorités et les parents, ajoute Rita Venkatasawmy, doivent s’assurer que le droit à la santé des enfants soit respecté. «Je pense que les autorités ont fait de leur mieux. Idem pour les parents qui peuvent accompagner leur enfant au centre d’examen.» Au sujet du resit ou de la promotion des élèves qui auraient de mauvais résultats, l’Ombudsperson for Children demande qu’il y ait une analyse de la situation et une concertation avec les enfants avant toute prise de décision.

Gilberte Chung, directrice du Service diocésain de l’éducation catholique (SDEC), soutient, pour sa part, que cette situation inédite aura définitivement un impact sur la performance des élèves. «Ils font face à un changement d’environnement où ils devront respecter des mesures sanitaires.» Les autorités, estime-t-elle, doivent s’assurer que toutes les mesures de précautions soient prises.

«Ceux qui se chargent des bus, ou même des Work Access Permits pour le personnel des établissements, par exemple, doivent faire leur travail.» Pour la directrice du SDEC, il n’est pas question de faire redoubler des élèves qui auraient échoué. «Le Mauritius Examinations Syndicate doit faire la correction des papiers comme il se doit et si des élèves n’ont pas réussi dans deux ou trois matières, il faudrait leur donner une chance de resit après que la situation s’est améliorée.»

Le président de l’union des recteurs et assistants-recteurs des collèges d’État, Preetam Mohitram, explique que ces élèves ont en général une pression sur leurs épaules. «Ils ont la pression de la réussite, mais aussi psychologique. Ils doivent jongler entre respecter les mesures sanitaires et s’appliquer lors des examens. Il est trop tôt pour dire que leur performance sera impactée.»

Quant à la question de promotion ou de faire redoubler les élèves avec de mauvais résultats, Preetam Mohitram soutient que cette décision revient au promotion committee de chaque établissement. «La question devra être traitée au cas par cas et déterminer les raisons pour lesquelles l’élève n’a pas réussi ses examens, entre autres, avant de prendre une décision.»

Le porte-parole des managers de collèges privés, Bashir Taleb, souligne, quant à lui, le risque réel que des élèves qui n’ont pas participé aux examens soient pénalisés. «Dans la logique des choses, si le gouvernement organise des examens et qu’un élève décide ne pas y prendre part, il sera pénalisé. Mais si l’enfant a raté un seul papier, la situation pourrait être différente.» En revanche, il rejette l’idée de promouvoir des élèves en cas d’échec. «Cela n’aura pas de sens de mettre des élèves ayant réussi et ceux ayant échoué à la même enseigne.»

Pour une enseignante du privé, passer des examens dans un tel contexte est angoissant. «Malgré les mesures prises, les élèves se côtoient durant les pauses ou à la sortie.» Les autorités doivent donc renforcer les mesures de sécurité pour les élèves et les parents doivent s’assurer que leurs enfants passent leurs examens dans les meilleures conditions. «Pour les examens, le mal est déjà fait en les maintenant. La performance est une autre paire de manches. Pour l’élite, la messe est dite mais il serait judicieux d’encadrer les élèves moyens ou faibles plutôt que de les promouvoir et compromettre leur avenir.»

La psychologue spécialiste de l’adolescence Astrid Tixier avance qu’il ne faudrait pas conclure trop rapidement que la performance des enfants sera impactée. «Nous pouvons plutôt dire que la situation peut avoir un impact sur leur état émotionnel. Ils peuvent être stressés et inquiets face au virus et cela peut affecter leur concentration», indique-t-elle. «Les parents doivent gérer leurs émotions. S’ils montrent qu’ils sont stressés, cela va affecter leur enfant. Il leur faut apprendre à relativiser et à être positifs.»

Le père d’un candidat au NCE ne cache pas son inquiétude. «Devant lui, je fais semblant d’être serein pour qu’il ne stresse pas plus. Mais quand il quitte la maison, j’angoisse», confie-t-il. «Les autorités doivent faire tout pour protéger nos enfants.» Il souhaite juste que son fils réussisse pour qu’il puisse passer à autre chose.

Rite de passage obligé

Les examens du NCE reprennent le mardi 6 avril jusqu’au jeudi 8 avril. Ceux du PSAC débutent mardi et finiront vendredi. Ces examens nationaux représentent un enjeu crucial pour plus de 30 000 adolescents (environ 17 000 au PSAC et 14 298 au NCE), dont il déterminera l’avenir à court ou long terme. Cette première édition du NCE souligne une étape importante au secondaire. La récompense des meilleurs éléments de grade 9 sera le sésame pour une académie d’État et les autres seront promus dans leur collège actuel. Ceux qui échouent seront orientés vers le vocationnel/technique. Le PSAC marque la transition du primaire au secondaire, déterminant un «bon collège» pour les meilleurs et le passage en pré-vocationnel des plus faibles et des échecs pour les trois prochaines années.