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Brésil: départ des chefs de l'Armée de l'Air, de Terre et de la Marine

30 mars 2021, 22:12

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Brésil: départ des chefs de l'Armée de l'Air, de Terre et de la Marine

 

Les chefs des Armées de l'Air, de Terre et de la Marine ont été remplacés mardi au Brésil au lendemain de l'arrivée d'un nouveau ministre à la Défense après un remaniement ministériel, dans un contexte de tensions entre le président Jair Bolsonaro et les militaires.

«Pour la première fois dans l'Histoire, les chefs des trois forces de l'Armée présentent leur démission collectivement, en désaccord avec un président», a relevé le quotidien Folha de Sao Paulo. 

Le ministère de la Défense n'a pas précisé les raisons de cette décision, qui a été annoncée à l'issue d'une réunion mardi à Brasilia en présence du ministre Walter Braga Netto et de son prédécesseur, Fernando Azevedo e Silva.

Selon la presse brésilienne, le départ surprise de ce dernier a été très mal vécu par les commandants des trois armes, le général Edson Pujol (Armée de Terre), l'amiral d'escadre Ilques Barbosa (Marine) et le chef de l'Armée de l'Air Antonio Carlos Bermudes. 

Dans le bref communiqué annonçant qu'il quittait son poste, le général Fernando Azevedo e Silva, ancien chef d'Etat-major, avait assuré lundi avoir été "entièrement loyal" au président Bolsonaro. Mais il avait aussi rappelé l'importance de "préserver l'Armée comme une institution d'Etat".

Pour Merval Pereira, chroniqueur politique du quotidien O Globo, le ministre sortant était «mal à l'aise quand Bolsonaro utilisait l'Armée à des fins politiques».

Ce malaise était aussi présent chez les principaux chefs militaires, notamment le commandant de de l'armée de Terre, le général Edson Pujol.

En mai 2020, alors que la crise sanitaire du coronavirus commençait à prendre de graves proportions au Brésil, le président Bolsonaro avait voulu lui serrer la main lors d'une cérémonie officielle, mais il avait préféré lui tendre le coude, suivant les recommandations sanitaires pour éviter les contaminations.

 Six ministres remplacés 

De nombreux généraux désapprouvent également l'attitude de militants bolsonaristes nostalgiques de la dictature militaire (1964-1985) qui avaient réclamé l'an dernier une "intervention" de l'Armée contre le Parlement et la Cour suprême. 

Jair Bolsonaro, ancien capitaine de l'Armée, bénéficierait en revanche d'un vaste soutien parmi les militaires moins gradés. 

La plupart des analystes estiment que le remaniement ministériel avait justement pour but d'accentuer son contrôle sur l'Armée.

Au total, six ministres ont été remplacés lundi, y compris ceux de la Justice et des Affaires Etrangères.

Sous le feu des critiques en raison de sa gestion chaotique de la crise sanitaire qui a fait plus de 313.000 morts au Brésil, le président Bolsonaro a aussi tenté un rapprochement avec le "Centrao", groupe informel de parlementaires centristes qui monnaient leur soutien en échange de postes importants. 

Il a ainsi nommé Flavia Arruda, une figure du Centrao, au secrétariat du Gouvernement, chargé de dialoguer avec le Parlement.

«Ces changements ont répondu à une double logique: d'abord, il devait faire de la place au Centrao, et ensuite il voulait être entouré de personnes les plus loyales possibles, notamment au sein de l'Armée pour faire face à la crise politique», explique le spécialiste en Relations Internationales Oliver Stuenkel