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La Chine approuve une réforme radicale du système électoral à Hong Kong

30 mars 2021, 10:50

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La Chine approuve une réforme radicale du système électoral à Hong Kong

La Chine a approuvé mardi une réforme radicale du système électoral hongkongais qui marginalisera totalement l'opposition dans le territoire semi-autonome en organisant la sélection des candidats par un comité acquis à Pékin. 

Cette réforme imposée par le pouvoir communiste sans que le Conseil législatif (LegCo, le Parlement hongkongais) n'ait son mot à dire s'inscrit dans le cadre de la reprise en main musclée de l'ex-colonie britannique engagée par Pékin après l'immense mouvement de contestation de 2019.

Dans une brève dépêche, l'agence officielle Chine nouvelle se contente d'indiquer que le «président Xi Jinping a signé les ordres présidentiels promulguant les annexes amendées».

Celles-ci viennent modifier la Loi fondamentale («Basic Law»), la mini-constitution qui garantissait à la ville, après sa rétrocession par Londres en 1997, des libertés inconnues dans le reste de la Chine.

Mais dans les faits, les 7,5 millions d'habitants de la «région administrative spéciale» (RAS) du sud-est de la Chine ignorent ce que contient exactement cette réforme dont les détails n'ont pas été officiellement dévoilés.

Toutefois, Tam Yiu-chung, le seul représentant de Hong Kong au sein de l'organe décisionnel suprême du Parlement chinois, a donné quelques précisions sur les modifications décidées, en confirmant notamment que chaque candidat au LegCo devra être approuvé par les services de sécurité de la ville.

Elire des patriotes

«Le Comité pour la sécurité nationale et la police de la sécurité nationale prépareront des rapports sur chacun des candidats pour aider le processus de contrôle du comité de validation», a-t-il dit à l'AFP.

Le pouvoir chinois aura donc un rôle clé pour déterminer si tel ou tel candidat est un «patriote» digne de prétendre à un siège au LegCo.

La nouvelle loi prévoit que le nombre de sièges au LegCo passe de 70 à 90.

Seuls 20 sièges (soit 22% du total) seront désormais attribués au suffrage universel direct, a précisé M. Tam. Jusqu'à présent, 35 sièges, soit la moitié du total, l'étaient ainsi.

Et 40 sièges seront octroyés par un comité de personnalités pro-Pékin.

Les 30 derniers sièges seront désignés par des groupes socio-professionnels, selon un système alambiqué qui a déjà cours et qui a toujours été favorable à Pékin.

Cette réforme a été votée il y a environ deux semaines à l'unanimité des 167 membres du Comité permanent du Parlement chinois

Lors d'une conférence de presse, Zhang Xiaoming, un haut responsable du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du gouvernement chinois, avait alors justifié cette loi par le «chaos» qui s'est selon lui emparé de la métropole financière lors des énormes manifestations contre l'exécutif pro-Pékin en 2019.

Implacable repression

Le projet de loi, et l'adoption l'an dernier d'une loi sur la sécurité nationale qui a étouffé la contestation, constituent «une suite de coups de poing (...) destinée à enrayer efficacement le chaos» à Hong Kong, a déclaré M. Zhang.

Cette réforme électorale avait été condamnée par certaines capitales occidentales. Londres s'était notamment insurgé de ce que Pékin ne respecte plus l'esprit de la déclaration sino-britannique qui avait présidé à la rétrocession.

Alors que des foules étaient descendues dans les rues de Hong Kong pendant des mois en 2019 pour demander justement, entre autres, l'avènement du suffrage universel, le pouvoir central chinois s'est engagé dans un chemin radicalement opposé en orchestrant depuis un an une implacable répression dans sa turbulente région.

Le principal instrument de cette reprise en main a été la loi draconienne sur la sécurité nationale imposée l'été dernier, là encore sans débat au Parlement hongkongais, pour réprimer la sécession, la subversion, la collusion avec les forces étrangères et le terrorisme.

Elle a permis l'arrestation de dizaines de militants pro-démocratie.

Citant le prétexte de la pandémie, l'exécutif hongkongais avait l'été dernier reporté d'un an des élections législatives que le camp pro-démocratie espérait remporter pour la première fois.

L'opposition entendait en effet capitaliser sur l'immense popularité du mouvement de protestation, qui avait été illustré par le triomphe des pro-démocratie lors des élections locales de novembre 2019.