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Covid-19 2021: l’homme décédé en janvier de retour d’Inde était-il le patient zéro ?

28 mars 2021, 22:30

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Covid-19 2021: l’homme décédé en janvier de retour d’Inde était-il le patient zéro ?

Les autorités avaient annoncé le premier cas de la deuxième vague en mars. Pravind Jugnauth a ensuite affirmé lors de l’annonce du reconfinement qu’en fait, le virus pourrait avoir été introduit au début de février. Vendredi 26 mars, Kailesh Jagutpal a déclaré, pour sa part, que le virus serait venu «bien avant», soit en décembre, alors que la Dr Catherine Gaud a mentionné les mois de janvier et de février… 

Des informations approximatives, qui soulèvent bien des interrogations, dont celles de Me Rouben Moorongapillay, postées sur sa page Facebook, vendredi soir… 

Dans le post en question, l’avocat se demande si ce n’est pas finalement un employé de l’hôpital de Souillac, qui veillait sur un patient décédé en janvier – qui serait donc le patient zéro – qui aurait pris des libertés avec le protocole sanitaire et ainsi contaminé d’autres personnes... Mais commençons par le commencement.

Balade pour un infirmier proche de Jagutpal

Un employé de l’hôpital de Souillac, que nous avons contacté hier, samedi 27 mars, confirme : le patient – que nous surnommerons ‘Re’ – est revenu d’Inde en décembre et a été testé positif au Covid-19. Il était ‘surveillé’, lors de son bref séjour à l’hôpital de Souillac, par cinq membres du personnel hospitalier. Mais Re est décédé en janvier et il a été inhumé au cimetière Bigarra, dont une ‘partie’ est réservée à ceux qui décèdent alors qu’ils étaient porteurs du virus (voir plus loin). 

Mieux. Ou plutôt encore. Trois des employés chargés de veiller sur Re, dont le chef infirmier, que nous surnommerons B., une Charge Nurse et une infirmière ont été testés positifs et admis à l’hôpital ENT à Vacoas... 

Nous apprenons aussi que B., qui serait proche du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, n’aurait pas respecté le protocole sanitaire pendant qu’il gardait Re. «Il sortait souvent et se baladait même en dehors de l’hôpital», confie notre interlocuteur. 

Les employés se demandent maintenant si B. n’a pas contaminé d’autres employés et malades. En tout cas, quand l’infirmière de la section de dialyse à l’hôpital de Souillac, a été testée positive avant-hier, on a découvert que d’autres membres du personnel soignant étaient également porteurs du Covid, bien qu’asymptomatiques. À hier, ils étaient une vingtaine à avoir contracté le virus.

Le saut de virus de Souillac à Rose-Belle. Et le pédiatre… 

Si cette hypothèse s’avère, une autre question surgit : le virus a-t-il été transmis au personnel et malades, à l’hôpital de Rose-Belle et, si oui, comment ? La réponse : «Le mari de l’infirmière de l’hôpital de Souillac travaille à l’hôpital de Rose-Belle…» Les pièces du puzzle semblent s’emboîter, mais cela reste au stade d’hypothèse et la transmission aurait pu se faire autrement. En tout cas, voilà plusieurs employés de l’hôpital Nehru contaminés aussi, dont le Regional Health Director du Sud, le Dr Hosany. 

Le problème : il consulte également dans le privé… En tant que pédiatre… Si les tentacules du ‘contact tracing’ s’étendent et sans vouloir être alarmistes, pourrait-on supposer que des enfants ont pu être contaminés ? Dont, parmi les cas de contaminations ‘indéterminées’ jusqu’ici ? Nous enquêterons...

Le cluster de Forest-Side 

Autres maillons de la chaîne, qui s’assemblent : des habitants de Forest- Side ont l’habitude de se faire soigner à l’hôpital de Rose-Belle. «Il est possible qu’un soignant de l’hôpital déjà infecté mais asymptomatique ait transmis le virus à un patient», fait valoir notre source à Souillac. Mais revenons-en à notre possible patient zéro.

Patient zéro (part II) 

Il faudra attendre l’exercice de séquençage pour déterminer si le patient zéro est bien la personne décédée en janvier, soit Re. Si les autorités veulent bien découvrir et dire la vérité… Elles persistent à dire, jusqu’ici, que ‘cet homme’ qui est revenu de la Grande péninsule et considéré comme un cas importé donc, n’est pas décédé selon les autorités à l’époque, du Covid mais de complications liées à d’autres pathologies. 

On nous avait fait comprendre que Re était parti en Inde pour se faire soigner mais qu’arrivé là-bas, les médecins indiens se sont rendus compte que son état de santé était trop préoccupant pour qu’il soit opéré. «Comment est-ce possible que cela n’a pu être décelé avant son départ, s’il était dans un état critique», avions-nous demandé à un haut-gradé du gouvernement. N’y a-t-il pas de consultations faites au préalable avant d’expédier un malade à l’étranger ? 

La réponse : «La famille voulait à tout prix l’envoyer en Inde.» Pour nous rassurer, le ministère avait promis d’émettre un communiqué sur cette affaire mais on attend toujours, presque trois mois après… 

Ce n’est pas le seul communiqué que nous attendons. Lorsque ces trois employés – dont B.- furent testés positifs, encore une fois, le ministère en avait promis un autre à ce sujet, mais labouzi rouz inn fini. 

Le patient Re fut ainsi inhumé au cimetière Bigarra, en deux temps trois mouvements. Ni connu et à peine vu… Sauf par quelques témoins, qui affirment que des employés du ministère de la Santé étaient en Personal Protective Equipment (PPE) au cimetière ce jour-là… 

N’empêche que, contactée hier, une source au bureau du Premier ministre persiste et signe : le patient Re n’est pas mort du Covid bien qu’il ait été testé positif. Il a quand même contaminé les trois employés avant de rendre l’âme...

Pas un virus variant mais varié tout de même 

Le ministre de la Santé, Kailseh Jagutpal a déclaré vendredi, sur les ondes d’une radio privée, qu’à la suite de l’exercice de séquençage effectué en Afrique du Sud, il semblerait que le virus à l’origine de la deuxième vague soit le même qui ait touché le pays l’année dernière. Même s’il a admis que cette fois, il se propage plus vite (NdlR, comme le font les variants)… Des informations qui… varient donc, selon les déclarations. De quoi perdre notre santé mentale… 

Le ministre n’a ainsi pas précisé si c’est le même virus qui était en embuscade depuis avril 2020 – depuis que le dernier local avait été enregistré – avant de frapper de nouveau, car porté par un ou plusieurs patients asymptomatiques. Quoi qu’il en soit, selon le ministre de la Santé, «notre virus», celui qui rôde en ce moment donc, ne proviendrait pas de l’Afrique du Sud, ni d’Angleterre, ni du Japon et ni même de l’Inde où il s’est même transformé en double mutant comme en fait état la presse internationale. Décoiffant, non ? 

Bon, variant ou pas, mutant ou pas, ce qui est certain, c’est que le virus a bien débarqué de l’étranger à travers le patient décédé, Re. Nous avons voulu chercher davantage de précisions auprès du ministre et d’autres personnes concernées mais personne n’a le temps de nous parler, surtout lorsque les questions commencent à devenir embarrassantes.

Les docteurs d’abord, les autres après 

En attendant à l’hôpital de Souillac, dans toutes les unités, une vingtaine de cas avaient été répertoriés à hier soir, les médecins ont été transférés dans un centre de quarantaine et certains des autres employés ont été priés de rester chez eux, en auto-isolement. Les autres ‘petits’ employés ont dû poireauter dans la cour de l’hôpital pendant 3 bonnes heures hier toujours, avant que l’on s’occupe d’eux. On apprenait par la suite qu’ils allaient partir en quarantaine, à 21 heures...