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Covid-19: on vous transmet… les explications sur les vaccins et l’immunité collective

28 mars 2021, 18:30

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Covid-19: on vous transmet… les explications sur les vaccins et l’immunité collective

Vaccin : tout le monde n’a que ce mot à la bouche depuis quelques semaines. En attendant, depuis que la campagne de vaccination a débuté en janvier, plus de 100 000 personnes se sont fait vacciner et le ministère de la Santé espère que 62 % de la population aura reçu les doses voulues d’ici août de cette année. Ce, afin d’accéder au graal : l’immunité collective, cruciale pour un retour à la normale. 

Cependant, les vaccins font toujours peur à certains et dans certains cas, les messages partagés en masse sur WhatsApp et les réseaux sociaux, les informations pas toujours vérifiées n’arrangent en rien la situation. Comment marchent les vaccins ? C’est quoi la herd immunity (immunité collective) dont on entend parler à tout bout de champ ? Est-ce que le gouvernement nous injecte des nanoparticules pour permettre à la SMF de nous tuer à distance ? 

Tout d’abord non, personne n’utilise les vaccins comme prétexte pour nous injecter des puces qui permettront au gouvernement d’éradiquer des pans entiers de la population. «D’ailleurs, on parle d’un gouvernement qui utilise toujours des Fax en 2021. Ou krwar zot pou kav ena teknolozi touy a distans ?» ironisent les internautes. Bon on évitera les scénarios de films de science-fiction, concentrons-nous sur ce que nous savons. Enfin, sur ce que nous disent les experts. 

Comment ça marche ? 

Commençons par le commencement. Comment tombe-t-on malade ? Lorsqu’on attrape le virus, celui-ci pénètre dans les cellules de notre corps. C’est à l’aide des protein spikes, ces petites pointes que l’on voit sur les dessins représentant le coronavirus, qu’il s’attache aux cellules humaines. Il révèle alors le matériel génétique contenu dans son ADN. 

Cette information est comparable à un manuel d’utilisation pour répliquer le virus. Nos cellules lisent les informations et répliquent le virus, qui, en se multipliant, attaquent d’autres cellules et nous rendent malades. 

Les vaccins servent à «mettre en garde» le système immunitaire et l’habituer à la présence du virus. Donc, lorsqu’une personne vaccinée est contaminée, son corps sait déjà ce qu’il doit faire pour se défendre. Il y a deux «grandes» catégories de vaccins : celui à base de virus complet mais inactif, et celui qu’on appelle DNA Vaccine. 

Virus inactif 

C’est la méthode «traditionnelle». Le virus est isolé et rendu inactif par un procédé chimique. Dans cet état, le virus garde toutes ses propriétés physiques et génétiques mais ne peut pas se reproduire. Par la suite, une molécule qui stimule le système immunitaire et le pousse à réagir est rajoutée et le vaccin est obtenu. Le Covaxin a été conçu en utilisant cette méthode. 

Comme le virus est inactif, il ne se développe pas et la personne vaccinée ne tombe pas malade. Cependant, le système immunitaire le reconnaît et produit des anticorps pour le combattre. En cas d’infection par la suite, le corps, déjà habitué au virus, sait comment réagir pour le combattre. 

Le vaccin génétique 

L’autre type de vaccin se base sur l’ADN (NdlR, DNA en anglais). Ce vaccin est à base de mRNA. Qu’est-ce ? L’ARN (acide ribonucléique) est le «précurseur» de l’ADN. Il contient des informations codées et se développe en ADN. Une comparaison serait la photographie argentique. L’ARN est le négatif qui contient les informations pour devenir une photo, mais n’est pas une photo. L’ADN est la photo obtenue après tout un procédé. 

Pour les vaccins mRNA, comme Pfizer et Moderna, le RNA (NdlR, ARN en français donc) du virus responsable de la production génétique des spikes a été isolée et est injectée dans le corps. Le système reçoit alors l’information sur la présence des spikes même si dans la réalité, lesdits spikes ne sont pas physiquement présents. Le système immunitaire produit alors les antigènes pour les combattre et en cas d’infection, le virus ne peut pas s’attacher à nos cellules. 

Le vaccin développé par AstraZeneca part du même principe, mais il est légèrement différent. Alors que dans le cas précédent, l’information génétique est livrée par l’ADN, pour l’AstraZeneca, l’information est transmise directement par l’ADN à travers un adénovirus. Un virus de cette famille, inoffensif pour l’homme, a été choisi. 

L’ADN responsable de la création des protein spikes du coronavirus est rajouté à l’adénovirus et est par la suite injecté dans le corps. L’adénovirus infecte les cellules, et le système immunitaire, en décelant les informations génétiques sur la présence des spikes, produit les anticorps nécessaires. 

À l’apparition du virus, la communauté scientifique pensait que les spikes étaient la partie la plus importante du virus, d’où le développement des vaccins mRNA, qui favorisent des anticorps qui ne s’attaquent qu’aux pointes de protéines. Cependant, avec l’apparition des variants, la donne a changé et la deuxième génération de vaccin, qui intègre les données génétiques des virus mutants, est en préparation. 

L’efficacité 

Pour l’heure, selon les informations disponibles, tous s’accordent à dire que les vaccins mRNA sont plus efficaces. Pendant les études, l’efficacité est mesurée par le pourcentage de personnes vaccinées infectées qui présentent des symptômes par rapport à un groupe placebo. On parle donc de l’efficacité de protéger un groupe. En ce qui concerne la protection apportée par le vaccin à un individu, elle dépend de la quantité d’anticorps présents après l’inoculation. Cependant, ce facteur n’est pas mesuré pendant les essais cliniques. 

Les vaccins sont-ils efficaces contre les variants ? Oui, mais moins qu’avec le virus historique, et cela ne pose pas de problème. L’efficacité des vaccins mRNA ou ceux à base de virus inactif est élevé en ce qui concerne le virus original. Donc, même avec une baisse dans l’efficacité, le corps est suffisamment protégé. 

En ce qui concerne l’AstraZeneca, les données sont moins rassurantes. L’efficacité du vaccin est d’environ 62 %, et une baisse par rapport au variant peut le ramener à un niveau encore inférieur, il protège moins. Cependant, lors d’un test sur des hamsters en laboratoire récemment, il a été prouvé que les animaux sont quand même protégés des formes graves de la maladie causée par les variants. 

Pendant combien de temps le vaccin protège-t-il ? 

Aucune donnée n’est disponible à ce sujet, qui revient pourtant souvent. Cependant, à l’exception du vaccin Johnson & Johnson, il faut deux doses pour que la protection soit optimale. Il faudra attendre un peu de temps et des études plus poussées pour pouvoir déterminer à quelle fréquence il faudra se faire vacciner. 

«Herd immunity» 

Depuis le début de la campagne de vaccination, un mot revient sans cesse : l’immunité collective. Selon le Dr Kailesh Jagutpal, il faudra vacciner quelque 60 % de la population pour arriver à ce résultat et avec tous les vaccins commandés, 879 056 Mauriciens pourraient être vaccinés à terme. Cela représente 82 % de la population adulte. Mais les chiffres ne sont pas si simples à comprendre. 

Tout d’abord, intéressons-nous au concept. La herd immunity est atteinte lorsqu’un pourcentage assez important de la population a été vacciné. Ce pourcentage varie de maladie en maladie, mais l’idée reste la même. «Le virus ne se transmet pas à travers la population vaccinée, et donc, les autres sont aussi protégés car il n’y a pas de chaîne de transmission», explique Houriiyah Tegally, doctorante en bio-informatique. 

Dans le cas du coronavirus, le chiffre de 60 % avait été avancé par plusieurs études auparavant, mais il est en train d’être rapidement revu à la hausse. Il y a plusieurs raisons à cela. 

Premièrement, comme l’a expliqué le Dr Vasantrao Gujadhur dans l’émission «La Minute Gujadhur» le 19 mars, les personnes vaccinées peuvent transmettre le coronavirus. Il est rejoint dans ses propos par Houriiyah Tegally. «Pour l’instant, nous n’avons pas encore de données concrètes sur les vaccinés qui sont vecteurs. On ne peut pas affirmer qu’un pourcentage de vaccinés brisera la chaîne de transmission. Il faudra un peu de temps pour avoir les chiffres. Il est donc prématuré de parler d’immunité collective…» 

Le concept même d’immunité collective est biaisé dans le cas du coronavirus car il s’applique généralement aux maladies où les personnes vaccinées ne sont pas des vecteurs. 

De plus, elle ajoute que ce chiffre de 60 % a été annoncé sur des estimations concernant le virus ‘d’origine’ et a été calculé par rapport à la vitesse de propagation. Avec les variants qui ont surgi, ce chiffre doit être revu à la hausse. «D’autant que le vaccin est moins efficace contre les variants», met en garde la doctorante. 

L’autre élément qui entre en jeu est l’efficacité des vaccins. Lorsqu’on parle d’immunité collective pour d’autres maladies, on parle de vaccins avec une efficacité de 100 %. L’exemple cité par le Dr Vasantrao Gujadhur est la rougeole. Lorsque 95 % de la population est vaccinée, les 5 % restants sont aussi protégés car la chaîne de transmission est brisée. 

«Là, pour ce qui est du Covid-19, nous parlons de vaccins qui viennent d’être développés ceux utilisés à Maurice n’atteignent pas 90 % d’efficacité. Donc, le concept devient encore plus lointain», affirme HouriiyahTegally. 

Quel seuil alors ? 

«Le maximum de personnes. Il n’y a pas assez de données et la maladie évolue toujours», avance Houriiyah Tegally. Le chiffre est avancé par le Dr Vasantrao Gujadhur. Il faudrait vacciner 900 000 personnes pour «pave the way for a gradual return to near normalcy, including the reopening of our borders», comme l’a souhaité le Dr Kailesh Jagutpal au Parlement…