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Valentin Delluc, le skieur des airs

21 mars 2021, 14:33

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Valentin Delluc, le skieur des airs

 

Les skis bien accrochés, il s'envole au dessus des barres rocheuses enneigées pour retomber dans la poudreuse, faire des tonneaux et se laisser glisser à folle allure. Valentin Delluc est un adepte du speed riding, un mélange de ski extrême et de parapente, entre ciel et terre.

C'est l'un des dernier-nés des sports extrêmes aériens. Le speed riding a à peine 20 ans. Il suffit d'embarquer une paire de skis, une voile légère de parapente, de faire deux à trois heures de rando pour atteindre des endroits magiques et inaccessibles aux skieurs traditionnels. Et de se jeter dans un tourbillon de sensations.

«Pendant ce vol-là, j'arrive à ne penser à rien, tout droit haut dans le ciel. Et si on fait un vol engagé, proche du sol, on vit le moment à 200%, c’est rare dans la vie de vivre autant l'instant présent. En fin de journée, il y a un espèce de bien-être qui s'installe», raconte à l'AFP Valentin Delluc, l'un des meilleurs speed rider de la planète.

Le gars d'Avoriaz rend hommage à sa station de coeur dans une vidéo particulièrement spectaculaire où il «ride» sur les parois des immeubles, entre deux tonneaux - une acrobatie qui consiste à faire passer le corps au dessus de la voile - sans oublier de glisser, skis de travers, sur les câbles des télésièges inactifs en raison de la pandémie de Covid-19.

- Son et vibrations -

«Le câble est tressé donc ça fait énormément de bruit et ça vibre sous les pieds ! C'est vraiment des sensations, waouh, c'est comme les avalanches», lance-t-il avant de poursuivre.

 

«C'est génial ! C’est un truc, quand t'es petit, on te dit faut pas y aller. Souvent, on est deux, c'est un peu le jeu vidéo, et quand ça part, tu te dis qu'un petit bonhomme comme toi, de 70 kg, a pu faire une avalanche de 1 km de large sur une face de 1.500 m de dénivelé, c’est vraiment gigantesque. L'énergie que ça dégage en bas de la face, les nuages de neige qui montent, et là c'est des visuels, t'es pas normalement fait pour voir ça».

Delluc pratique le speed riding depuis une dizaine d'années, comme aujourd'hui environ 2 000 passionnés. La discipline fait partie de la famille des sports de vol libre, aux côtés du parapente (voile gonflable avec assise de vol), du base-jump (saut dans le vide en chute libre à partir de points fixes) ou encore du wingsuit (saut en combinaison en forme de chauve-souris).

Elle est née au début des années 2000, initiée notamment par François Bon, Antoine et Valéry Montant, spécialistes du parapente acrobatique, et qui un jour ont tenté de pimenter le jeu en chaussant les skis.

Delluc, lui, a découvert le speed riding grâce à son frère aîné, Anthony Delluc, décédé dans un accident d'ULM en 2010.

 Peur et bonheur 

 

«Il m'avait toujours dit d'essayer le speed riding. Après son accident, je me suis dit : faut que tu prennes une voile et que t'essaies. Dès que j'ai fait le premier vol, j'ai tout de suite compris, la sensation ah mais c'est ça que tu voulais me dire», confie le skieur de 28 ans, également instructeur d'ULM, tout comme son père.

«Sans ça, je ne serais certainement pas où je suis, c'est un gros événement dans une vie. J'ai commencé par rapport à tout ça. Avant quand je le voyais en faire, j'avais peur. Je peux comprendre les gens qui disent : ils sont fous, ils vont proche des cailloux. C'était quelque chose que je ne pensais pas aimer et je suis vraiment tombé amoureux».

Aujourd'hui, il continue à jouer les hommes volants en s'élançant des plus beaux sommets, équipé de sa voile de 8 mètres carré qui lui permet de filer à 140 km/h. Sans cesser d'avoir peur.

«Je me sers de la peur pour ne pas me sentir plus fort et invincible, et ne pas faire n'importe quoi. On ne fait pas ça pour mourir. Et moi c'est comme ça que je trouve mon bonheur et que je suis heureux», glisse-t-il.