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Self-employed: le porte-monnaie dans la zone rouge

21 mars 2021, 14:00

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Self-employed: le porte-monnaie dans la zone rouge

Frappés de plein fouet par un premier confinement en 2020, les self-employed broient du noir. Surtout ceux qui se trouvent dans la zone rouge. Alors que certains pouvaient opérer l’an dernier, cette fois, ce n’est pas le cas. Comment faire alors ?

Retour à la case départ. Depuis le 10 mars, Vicky Mahadewa, 50 ans, cultive son jardin, à Petit-Verger et La Laura. «Je m’y rends pour cueillir des roses, Gerbera entre autres fleurs. Si on les laisse ainsi, cela abîmera les plantes», déclare le fleuriste, responsable de Stapelle Ltd, sis à Port-Louis et Trianon. Sauf qu’une fois cueillies, les fleurs doivent être jetées, faute de pouvoir être vendues. Depuis le reconfinement, il a reçu trois commandes seulement, pour des enterrements... Même les fleurs importées n’ont pas tenu le coup. Vicky évoque des pertes colossales.

Autre secteur, mêmes griefs. Nishaan Aubdoollah, responsable de la boucherie A.B. Aubdoollah Shop à Cas- tel, est tombé sur un os. Un gros. Le commerce, lancé depuis 1950 et qui a fait vivre trois générations familiale de bouchers, a pu opérer pendant un seul jour, soit le 12 mars. Dans la soirée, la région fut décrétée zone rouge. «Meat and poultry shops», «cold storages» et autres commerces du même type n’ont depuis plus le droit d’opérer depuis. «Hélas, nous ne sommes pas considérés comme étant un service essentiel. La situation nous rend perplexes. Car le 16 mars, les produits ont bien été livrés même dans la zone rouge. Alors qu’on n’a pas le droit d’ouvrir. Entre-temps, on a dû conserver nos produits au congélateur.» Pourtant, lors du confinement, en 2020, Nishaan et ses collègues ont pu travailler, tout en respectant les règles d’usage. Cette fois-ci, les paramètres sont bien plus sévères, selon lui. «Kliyan pé rod nou mé pa pé kapav fer nanié. Déza, pa pé kouver fré, aster pa pou kapav al riské gagn kontravansion !»

Comme le scénario d’un mauvais film d’horreur, le calvaire recommence également pour Denis Bazil, propriétaire de Roti Zéant, à Curepipe. Un petit commerce qui existe depuis 2015 et qui emploie trois personnes. «Avec le confinement, les gens eux-mêmes apprennent à préparer les rotis à la maison. C’est vraiment difficile, et cela fait deux années de suite. Les dettes s’accumulent. Comme on travaille pour soi, il y a la location, les salaires des employés, entre autres frais à honorer…»

Pour sa part, Joëlle Bathilde, responsable de Joëlle Coiffure et Esthétique à Rose-Hill, qui existe depuis cinq ans, affirme qu’en 2020, elle avait pu rouvrir après trois mois de confinement. Mais les séquelles sont toujours là et ce reconfinement équivaut à un coup de massue. «Le démarrage était un peu lent. Les clients ne dépensaient plus leur argent comme avant, ils étaient plus prudents. Et là…» Joëlle est d’avis que les salons auraient quand même pu obtenir l’autorisation d’opérer. «Tout le monde se plaignait en 2020 et même en ce moment. Les gens ont besoin de prendre soin d’eux, d’être bien dans leur peau, cela aide à garder le moral par ces temps durs…»

Quels sont les recours pour ces self-employed donc ? Vicky Mahadewa compte sur l’aide financière de l’État. Idem pour Denis Bazil, qui s’est dirigé vers la Banque de développement pour un plan de soutien. Nishaan Aubdoollah, lui, fait valoir que les Rs 2 550 promises par l’État et le «one-off» de Rs 10 000 (voir hors-texte) ne couvriront jamais les frais, les pertes. «On comprend le fait qu’il faille protéger la population. Mais l’effondrement de l’économie risque d’être pire que le Covid lui-même… Il y a beaucoup de gens qui se retrouveront alors sur le carreau. Et là, bonjour les dégâts…»

«One-off de Rs 10 000»

Les self-employed disposeront d’un «one-off» de Rs 10 000 pour faire face à l’impact pandémique de cette deuxième vague. Et ce, outre l’allocation de Rs 2 550 déjà annoncée récemment, et que certains ont déjà perçue. Cette assistance touche quelque 200 000 travailleurs indépendants déjà enregistrées à la Mauritius Revenue Authority et nécessitera une enveloppe financière de plus Rs 2 milliards.

En outre, les petits entrepreneurs bénéficieront d’un prêt sans garantie allant jusqu’à un montant de Rs 100 000, assorti d’une période de remboursement de cinq ans. Idem pour les PME éligibles sous le SME Covid-19 Special Support Scheme. Ces PME auront droit à un prêt de Rs 1 million avec un taux d’intérêt de 0,5 % et d’un moratoire d’un an pour le paiement.