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Covid-19 - Zone rouge: dans la bulle des confinés

14 mars 2021, 13:15

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Covid-19 - Zone rouge: dans la bulle des confinés

Depuis jeudi soir, minuit, les circonscriptions de La Caverne–Phoenix (n°15), de Vacoas–Floréal (n°16) et de Curepipe–Midlands (n°17) sont bouclées et décrétées zones rouges en raison d’une concentration d’infections au Covid-19 auprès de certains habitants des régions de Curepipe, Vacoas, Phoenix et de leurs périphéries. Personne ne peut y entrer ni sortir et les habitants ne sont autorisés à quitter leur domicile que pour des raisons valables comme aller faire des courses ou acheter des médicaments. Comment vivent les habitants de ces circonscriptions, y compris certains élus ? Si l’obligation fait loi, chacun a une pensée spéciale pour les gens qui comptent à leurs yeux et pour qui ils craignent la contamination.

Michael Sik Yuen, député de Curepipe/Midlands

«N’importe qui peut être porteur du virus» 

Élu de la circonscription de Curepipe/Midlands (N°17) aux élections de 2019, Michael Sik Yuen est inquiet depuis que la région est en zone rouge. «La propagation rapide du virus fait peur, notamment avec les nombreux cas à Curepipe. La population, y compris celle à l’extérieur des zones rouges, doit rester vigilante. Beaucoup de gens marchent avec un masque sous le nez ou la bouche. Il faut se méfier de tout le monde. N’importe qui peut être porteur du virus, tout en étant asymptomatique», déclare-t-il. Il est également préoccupé par la contamination qui touche davantage les jeunes avec la deuxième vague de Covid-19. «Il faut rester à la maison pour se protéger et protéger les autres à tout prix», ajoute-t-il.

Naveena Ramyad, habitante d’Allée Brillant, Castel, Phoenix

Tenir compagnie à ses proches 

La Chief Whip de la majorité gouvernementale habite à Beau-Bassin. Mais face à la recrudescence des cas de Covid-19 dans les circonscriptions 15, 16 et 17, elle a choisi de se rendre chez ses parents à Allée Brillant, Castel, Phoenix. Malgré l’annonce d’un total lockdown dans ces régions, elle a tenu à y rester et à ne pas retourner à Beau-Bassin. «Je ne vais pas fuir la zone rouge. C’est une situation très difficile car mon père a 74 ans et ma mère, 70 ans et des antécédents de santé. Ma priorité est de les protéger. Je travaille de la maison pendant le couvre-feu. Il nous faut être solidaires et contribuer à casser la chaîne de transmission du Covid-19.»

Joanna Bérenger, députée de Vacoas/Floréal

«Je m’inquiète pour le personnel hospitalier»

La députée de la circonscription numéro 16, Joanna Bérenger, craint pour la santé de ceux qui s’occupent justement des personnes positives au Covid-19, soit le personnel de l’hôpital Ear Nose and Throat. «J’ai reçu des appels de certains de ces derniers, qui disent travailler sous pression. Nous ne sommes qu’au début de la crise et déjà, ils sont à bout.» Ces personnes lui ont fait part de leurs horaires de travail, qui sont exténuants. «Que des psychologues aillent les voir pour les soutenir durant cette période.» 

Autre point soulevé par la représentante du Mouvement militant mauricien, c’est l’appel de détresse des personnes qui travaillent comme journaliers. «Des personnes m’ont appelée de Mangalkhan et d’Henrietta, entre autres, et demandent à avoir un accompagnement dans les jours à venir.» Elle souhaite que le gouvernement communique en toute transparence car en ce moment, bon nombre de Mauriciens n’ont plus confiance en ce qu’ils entendent.

Almonzo Royce Capdor, 33 ans, vivant dans la région de Curepipe

Tuer le temps en famille

Almonzo Royce Capdor a lui aussi été pris de court par cette annonce de confinement dans les circonscriptions 15, 16 et 17. Habitant dans la région de Curepipe, il comptait se rendre à son travail, qui consiste à aller récupérer, à l’hôpital, les médicaments des malades, qui sont dans l’incapacité d’aller les chercher. «Sa konfinman la fouf ! Monn soke monn tann sa. Gro stress parski pa anvi reviv parey couma premie lockdown lane derniere ek nek pa gagn akse la boutik», dit Almonzo Royce Capdor. 

Ce dernier est inquiet à l’idée de ne pas travailler. Mais il espère qu’une solution tombera bientôt. En attendant, il essaie de ne pas montrer des signes d’inquiétude et de ne pas transmettre son angoisse à ses deux fils. Il passe du temps avec eux. «Nous jouons au Monopoly, au Ludo et à d’autres jeux. Et nous prenons surtout le temps d’expliquer aux enfants ce qu’est cette pandémie et les précautions à prendre car c’est important.»

Roilya Ranaivosoa, championne d’haltérophilie

«Je ne reverrai mon mari qu’après le 25 mars…»

Habitante de La Brasserie, l’athlète Roilya Ranaivosoa va s’entraîner à domicile mais a le coeur lourd depuis que sa ville est décrétée zone rouge. «D’habitude, j’ai mon époux à mes côtés. Même s’il part travailler, je sais qu’il va rentrer à la maison après. Mais depuis le vendredi 12 mars, il ne peut ni entrer ni sortir de la zone. Il doit rester au travail. Ce n’est qu’après le 25 mars que je reverrai mon mari, enfin, si le confinement est levé», déclare la jeune championne d’haltérophilie. Son mari est affecté à la Special Supporting Unit (SSU). Il sera donc en patrouille et restera aux Casernes centrales pendant toute la durée du lockdown. Elle doit par conséquent développer une nouvelle routine : manger, s’entraîner et dormir mais loin de son conjoint. «Le plus triste pour moi est d’être loin de mon mari alors que nous vivons dans le même pays. Je comprends qu’il doit travailler pour la sécurité des Mauriciens mais cette propagation du virus m’inquiète. Pour s’entraîner, on se fie à des appels vidéo», ajoute-t-elle.

Stephan Buckland, ancienne gloire de l’athlétisme

«98 % des personnes respectent le confinement»

Pour l’ancien sportif de haut niveau, les gens de sa région, soit de Mangalkhan, respectent le confinement imposé. «Je peux même dire que 98 % des gens semblent le respecter. Par contre, il y a toujours certains, qui ne le font pas. J’en appelle au bon sens et au bon vouloir de ces personnes pour qu’elles se ressaisissent. On ne veut pas avoir une triste note encore.» Le point positif est que les boutiques du coin respectent l’ordre alphabétique ou encore la distanciation sociale, ce qui permet d’éviter la transmission. Stephan Buckland demande à la population de respecter les gestes barrières.

Mélissa Ballou, 17 ans, collégienne de Curepipe

Le temps de la remise en question

Pour Mélissa Ballou, le confinement est surtout le temps d’une grosse remise en question. Cette dernière, candidate aux examens du Higher School Certificate, s’interroge sur le déroulement des examens de Cambridge. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore eu de contact avec l’école mais je fais en sorte de me reposer mentalement et de maintenir mes révisions pour être prête pour les examens.» Cette jeune habitante de Curepipe avoue qu’elle essaie de rester optimiste, même si la situation lui fait peur.

Shatyam Issur, 24 ans, Manager de CUT et habitant de Camp-Fouquereaux

Préoccupé pour les bénéficiaires de CUT

Autant Shatyam Issur, 24 ans, Manager du Collectif Urgence Toxida (CUT) et habitant de Camp-Fouquereaux, é t a i t mentalement préparé pour un éventuel confinement et qu’au niveau de CUT, ils avaient déjà activé le protocole sanitaire, animé des réunions d’urgence pour planifier les actions et continuer à offrir des services sur le terrain, autant le jeune travailleur social ne s’attendait pas à un confinement quasi-total dans trois circonscriptions du pays. «Les circonscriptions 15, 16 et 17 sont certes dans le rouge mais les mesures drastiques prises nous montrent que la situation est bien grave et qu’un grand nombre de personnes seront affectées, surtout nos bénéficiaires.» 

Il avoue que la situation lui fait peur. «On pensait que l’on était déjà passé par là et que l’on savait à quoi s’attendre. Mais la situation est grave. J’angoisse quand je pense à nos bénéficiaires, qui, en temps normal, sont déjà dans des situations de précarité. Là, avec ce confinement quasi-total, ils ne pourront bénéficier de nos services. Les risques ne feront qu’augmenter pour eux, comme par exemple, un risque accru de contamination au VIH par l’utilisation de seringues et d’aiguilles souillées.» Il tient à préciser que ces derniers n’ont pas choisi d’en arriver là. «Ce sont les circonstances de la vie qui les ont menés là et ils ont besoin d’encore plus d’aide en cette période difficile.» Il espère que le ministère de la Santé apportera des solutions au plus vite.