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Entre espoir et craintes, la Hongrie accueille le vaccin chinois

26 février 2021, 10:53

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Entre espoir et craintes, la Hongrie accueille le vaccin chinois

 

«On devrait s'estimer heureux de recevoir un vaccin, quel qu'il soit», lance le retraité Laszlo Cservak devant un centre de Budapest, balayant les doutes entourant le vaccin du laboratoire chinois Sinopharm, administré depuis mercredi en Hongrie.

Face aux "lenteurs" du processus bruxellois, le Premier ministre souverainiste Viktor Orban a passé commande de millions de doses auprès de la Russie et de la Chine, faisant de la Hongrie le seul pays des 27 à braver les règles de l'Union européenne.

Mais si les médias affidés au gouvernement vantent les mérites de Spoutnik V et de Sinopharm, la paire est boudée par de nombreux Hongrois, selon les sondages. Ils leur préfèrent ceux validés par l'Agence européenne des médicaments (EMA), à savoir Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca.

Pour le retraité de 75 ans, qui attend son tour aux côtés d'autres candidats enthousiastes, ce scepticisme est totalement injustifié.

«C'est la faute de certains médias qui sèment le doute et après, les gens hésitent à choisir des vaccins autres qu'occidentaux», s'indigne-t-il, ironisant sur les 10 millions d'habitants qui se prennent tous pour des "experts".

 Manque de données 

Pour l'heure, la Hongrie a reçu 550 000 doses de Pékin, aussitôt distribuées aux médecins de famille.

Un million d'autres sont attendues en mars et avril, puis 3,5 millions en mai, selon les détails fournis par le gouvernement.

Les concepteurs de Sinopharm se prévalent d'une efficacité de 79% mais les données sur lesquelles ils se basent n'ont pas été publiées.

Face à ce manque d'informations, certains professionnels de santé se montraient réticents à l'administrer à leurs patients, rapportait jeudi la presse locale.

L'Association des docteurs MOK avait estimé début février «ne pas pouvoir, en toute conscience, recommander l'usage de ce produit à ses membres», faute de documentation suffisante.

Le Centre national de la santé publique (NNK) est cependant allé de l'avant et a donné son approbation finale la semaine dernière, sans répondre à leurs craintes.

De son côté, la médecin Emese Bone dit avoir essuyé peu de refus de ses patients. «Environ 70% des 67 patients de ma liste ont accepté de venir», précise-t-elle à l'AFP, et «seulement une poignée s'est inquiétée de l'absence d'approbation de la part de l'EMA».

Parmi les réfractaires, «des gens âgés, soucieux des effets secondaires, ont préféré attendre, même s'ils pensent que tout est mieux que d'attraper le Covid».

«N'importe quel vaccin»

Ilona Mester, 59 ans, a déjà "hâte" de recevoir la seconde injection dans un mois, témoigne-t-elle à la sortie. «J'ai lu de bonnes choses sur le vaccin chinois, et je n'ai pas hésité longtemps avant d'accepter le rendez-vous. Pour être honnête, j'aurais accepté n'importe quel vaccin».

Dans la file d'attente, tous s'étaient enregistrés au préalable sur le site du gouvernement, qui affiche 2,5 millions d'inscrits.

«Peut-être qu'ils auraient préféré Pfizer ou Moderna, mais qui sait ce qui sera disponible plus tard et surtout quand», souligne une infirmière du centre, Szilvi Eszes. 

A ce jour, près d'un demi-million de Hongrois ont reçu au moins une dose, principalement de Pfizer, mais l'arrivée des lots chinois devrait permettre de rapidement monter en puissance, se félicitent les autorités médicales du pays.

Viktor Orban, qui espère lui-même se faire administrer Sinopharm la semaine prochaine, insiste sur l'urgence de la campagne de vaccination, alors que le nombre de contaminations quotidiennes grimpe fortement.

La Hongrie «s'attend aux deux semaines les plus difficiles» depuis l'émergence de la pandémie, a averti le dirigeant, tandis qu'était annoncée une extension jusqu'au 15 mars du confinement partiel en place depuis novembre.

Face à ces interminables restrictions, le vaccin apparaît "comme une libération", décrit Laszlo Cservak.

«Il y a un an, j'avais l'impression d'être un jeune homme, maintenant je suis vieux. Aller à la piscine, au club de sport, voyager, tout cela me manque terriblement», confie-t-il. «Je suis venu ici pour retrouver ma vie d'avant».