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Politique: Dhaneshwar Damry illustre inconnu et prochain leader du PTr?

21 février 2021, 19:00

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Politique: Dhaneshwar Damry illustre inconnu et prochain leader du PTr?

Il est passé de parfait inconnu à la personnalité politique la plus intrigante en quelques semaines. Le nom de Dhaneshwar Damry, homme d’affaires et membre du Parti travailliste (PTr), est cité avec insistance comme le prochain leader des Rouges. Alors que le principal concerné maintient le silence total sur le sujet, les avis au sein du parti sont partagés.

«Des palabres véhiculés par des mauvaises langues.» Shakeel Momahed affirme qu’il ne prête pas plus d’attention que cela aux rumeurs de changement de leadership. Le député confie qu’il connaît très bien Dhaneshwar Damry, et que ce dernier n’a jamais exprimé le souhait de se mettre en avant et se contente de son rôle, dans l’ombre. Quant à sa proximité avec Navin Ramgoolam, Shakeel Mohamed confirme, et ajoute dans la foulée que l’homme d’affaires est aussi proche des députés et d’autres membres du parti.

Quel est son rôle justement ? Quelle est la clé du mystère ? Selon Arvin Boolell, Dhaneshwar Damry avait des «tendances travaillistes» depuis un certain temps, mais c’est pendant la campagne de 2019 qu’il s’est réellement impliqué activement. «Il avait mis sa logistique à disposition du parti pour la communication, et cela a grandement facilité notre tâche. Comme nous avions des moyens limités, son aide a été bien accueillie», souligne le leader de l’opposition. Pendant la campagne, il avait cédé un étage d’un bâtiment dans lequel sa famille est actionnaire à Ébène au parti pour gérer la communication en ligne. Toujours dans le domaine de la communication, Dhaneshwar Damry est aussi derrière l’organisation de plusieurs événements et débats au sein du parti. En marge de la marche du 13 février, il était présent à une rencontre des travaillistes pour mobiliser les troupes et était sur scène avec les têtes d’affiche du parti. Un pro de la logistique, confirment ceux qui ont bossé avec lui.

Mais au-delà de l’appréciation de sa compétence en communication, ne crée-t-il pas des frustrations au sein du parti ? «Parlons franchement. Il est jeune, intelligent et est issu de la bonne communauté et de la bonne caste pour devenir Premier ministre de ce pays. S’il a des ambitions pour accéder à ce poste, il a raison. D’ailleurs, à sa place, j’y serais déjà. Ce serait bête de sa part de ne pas aspirer au poste de PM…» affirme sans langue de bois Shakeel Mohamed, tout en riant. Tout en précisant dans la foulée que jusqu’à présent, Dhaneshwar Damry n’a jamais fait part de ses ambitions pour prendre le leadership des Rouges ou pour accéder au poste suprême du gouvernement. «J’ai exprimé ce souhait bien plus de fois, et pourtant, je n’y suis pas encore», ironise Shakeel Mohamed.

«Puis, il est jeune. Vous ne pouvez quand même pas empêcher un jeune d’avoir de l’ambition», tonne Arvin Boolell face à la même question. D’ailleurs, il confirme que le businessman est déjà actif sur le terrain dans la circonscription de Pravind Jugnauth. «Il a une vision et je suis sûr qu’il a le pragmatisme qu’il faut pour avancer.»

Cependant, son ascension n’est pas vue d’un bon œil par tous, et même dans les rangs du pouvoir en place, il est surveillé. Un journal à la solde du gouvernement lui a même consacré sa Une récemment. «Dhaneshwar Damry s’est rapproché de Navin Ramgoolam. D’ailleurs, ce dernier se rend souvent chez lui et il y rencontre d’autres aspirants travaillistes. Il y a une relève de jeunes qui se prépare», renchérit une source proche du leader.

À tel point que depuis, l’ancien Premier ministre, selon notre interlocuteur, s’est un peu éloigné de son ancienne garde, y compris des anciens ministres. Des noms ? Anil Bachoo et Rama Sithanen, entre autres. Cependant, les deux nient. «Dans mon cas, ce n’est pas vrai. Vous savez, j’ai mon travail et je gagne bien ma vie. Ça fait un moment que je ne suis plus actif politiquement. Mais je suis un ancien ministre, je suis actif dans mon domaine et Navin Ramgoolam m’appelle toujours pour débattre de quelques idées», avance Rama Sithanen. Quant à Anil Bachoo, il explique qu’il fait toujours partie du parti et qu’il n’est pas encore parti… D’ailleurs, le leader vient de faire appel à lui pour organiser un événement. «Pena okenn pon kinn koupé.»

Est-ce que l’âge et l’appartenance ethnique de Damry font effective- ment de lui un danger pour les autres aspirants à ce poste ? «L’âge ne fait pas tout en politique. Il faut de l’expérience. Regardez le gouvernement actuel. Tou bann ki pé fané bann zenn mem… » lâche un ancien ministre sur un ton sarcastique. Selon lui, en politique, il faut avancer à petits pas. «Si une personne veut voler trop haut et trop vite, elle risque de se brûler les ailes à force de s’approcher trop près du soleil.» Dans le cas présent, les portes pourraient se fermer à force de vouloir prendre en main le trousseau de clés.

Décodage ? Notre interlocuteur n’en dira pas plus. Et se contentera simplement d’ajouter que les faits et gestes de Dhaneshwar Damry au no 8 ne sont pas étroitement surveillés. Un autre membre influent du PTr avance, pour sa part, que pour aspirer ne serait-ce qu’au poste de leader, les moyens financiers ne suffisent pas. «Certes, il veut revamp le parti, ce qui, en soi, n’est pas une mauvaise chose. Mais la politique est plus que cela. Il faut la connaissance, la sagesse et surtout, maîtriser la ‘politik koltar’. Il a tout intérêt à écouter ceux qui connaissent les rouages du parti.»

Des affaires qui marchent

Dhaneshwar Damry est originaire de Goodlands. Il est issu d’un milieu modeste, il est parenté par alliance à des proches du pouvoir. Après sa scolarité, il s’envole pour l’Angleterre pour des études de droit à l’université de Birmingham. Il est d’ailleurs enregistré à la Mauritius Bar Association. C’est pendant ses études qu’il rencontre celle qui deviendra son épouse. Elle est issue d’une richissime famille indienne. Son beau-père, qui est dans l’immobilier, est actionnaire d’un bâtiment à Ébène, dans lequel un étage avait été cédé au PTr pendant la campagne de 2019. «Dhaneshwar Damry est une personne qui a d’énormes moyens financiers, et une bonne partie provient des rentes», explique-t-on au sein du Parti travailliste.

Après le droit, il entame des études en finances et se tourne vers le Trium Global EMBA, un «joint degree» de la Haute École de Commerce de Paris, la New York University et la London School of Economics. Par la suite, il se lance dans l’informatique et créé la compagnie Bhumishq. Celle-ci est spécialisée dans l’informatique au service du secteur financier. En 2016, il avait parlé du potentiel des affaires sur le continent africain dans ce domaine car avec «l’explosion du mobile Internet en Afrique, cela génère du Big Data, d’énormes besoins de traitement et de stockage de données, mais aussi de sécurisation de celles-ci».