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Matricide: la descente aux enfers d’Altaaf Futloo

18 février 2021, 20:30

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Matricide: la descente aux enfers d’Altaaf Futloo

Comment peut-on donner la mort à celle qui vous a donné la vie ? Les habitants des Frangipanes, dans le morcellement Mont Désert Alma, à Circonstance, St-Pierre, sont sous le choc. Une résidente, Beebee Ameena Yadun, une enseignante de 56 ans, a été égorgée par son fils unique, Muhammad Altaaf Hussein Futloo, 29 ans. Ce toxicomane a mortellement agressé sa mère qui lui refusait de l’argent pour payer sa dose de drogue synthétique. Altaaf Futloo a été traduit au tribunal de Moka hier. Il a été par la suite reconduit en cellule policière au centre de détention du même village. 

Peu avant 19 h 30, lundi, Altaaf Futloo s’était rendu au poste de police de St-Pierre pour signaler la disparition de sa mère. Il a expliqué qu’elle était portée manquante depuis 18 heures la veille. En détail, il a donné la description de sa mère, enseignante d’urdu au collège Allemiah de Phoenix. Une femme de taille moyenne mesurant 1 m 60 et de teint clair. Ameena Yadun, qui porte des lunettes, était revêtue le jour de sa disparition d’un hijab noir. 

Dans la soirée de lundi, la machinerie policière a été mise en branle pour retrouver cette personne disparue. Un important effectif de la police, comprenant des policiers du poste St-Pierre et de la Criminal Investigation Division (CID) a débarqué au domicile de la quinquagénaire. Ce déploiement de la police avec un chien renifleur a ébranlé la tranquillité des habitants de ce morcellement. D’autant plus que la surveillance de voisinage y est en place. Ces enquêteurs ont, au cours de leurs recherches, découvert des traces de sang dans la maison. 

En fin d’après-midi du mardi 16 février, Altaaf Futloo a été convoqué par des enquêteurs de la CID de Moka, menés par l’inspecteur Pradeep Kumar Goonjur et le sergent Rostom, pour interrogatoire. En début de soirée, il a fini par craquer et a expliqué son geste. Samedi après-midi, une vive altercation a eu lieu entre sa mère et lui, parce qu’il réclamait de l’argent pour s’offrir sa dose de drogue synthétique et que sa mère lui refusait. Il dit avoir commencé à agresser la quinquagénaire avant de l’égorger avec un couteau de cuisine. Il a placé le cadavre pour le transporter dans le coffre de la voiture de sa mère, une Toyota gris foncé. 

Toutefois, dans un premier temps, il avait simplement dit avoir agressé sa mère et ne pas se souvenir de la suite des événements, car il n’était pas lucide. Pressé de questions, il a fini par avouer s’être débarrassé du corps au rond-point de Khoyratty et d’Arsenal. La CID, épaulée par le Field Intelligence Office de l’est, dirigé par le sergent Jokhoo, avec le concours de la Special Supporting Unit, a organisé une battue à cet endroit, mais aucun corps n’a été trouvé. 

Études en Suisse 

Alors qu’ils étaient sur le chemin du retour, le suspect a finalement dit, au bureau de la CID de Moka, qu’il avait jeté le corps sur un terrain en friche à Côte-d’Or. Les policiers ont alors mis le cap en direction de Côte-d’Or. Effectivement, le corps de la victime y était, enveloppé dans un drap et des vêtements, recouvert de lianes sauvages et de trois pneus usagés. 

Altaaf Futloo, fils unique, a fait sa scolarité secondaire au MGI de Moka jusqu’au HSC. Il était parti poursuivre des études en nutrition en Suisse, mais a dû regagner le pays après avoir fait une dépression. Ses parents sont divorcés. Son père, qui était enseignant de maths, est aujourd’hui à la retraite. Altaaf Futloo vit à Phoenix avec son père. Depuis seulement une semaine, il était venu chez sa mère à St-Pierre. 

Altaaf Futloo est connu dans le milieu de la police pour avoir été arrêté par l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) pour une affaire de drogue en 2018. Il est actuellement en liberté conditionnelle. Il avait été arrêté pour trafic de drogue synthétique à la route Balisage, Roche-Bois, le 22 mai 2018. À cette époque, il avait 26 ans. Cette équipe de l’ADSU de la Metropolitan Police avait saisi dans une des poches de son pantalon 31 doses de cette drogue. Aux policiers, il avait déclaré, «sintétik sa misié, enn parti mo ti pou fimé ek inpé mo ti pou partaz avek mo bann kamouad». Le même jour une perquisition avait été effectuée à son domicile à la route Royale, Phoenix. Aucune drogue n’avait été trouvée. 

Au collège Allemiah, hier matin, la direction a rendu un hommage à Ameena Yadun par des témoignages de ses collègues, le recteur Nazim Kodabux et le manager Mamood Hossenbocus, suivis d’une prière. Encore sous le choc, Mamood Hossenbocus n’a pas tari d’éloges sur cette enseignante exemplaire qui était comme une mère pour ses élèves. Elle était aimée de tous et faisait son travail avec amour et professionnalisme. Sa mort est une grande perte pour le collège où elle a travaillé de longues années. 

Dans son voisinage, la victime est décrite comme une femme tranquille. Cette mort brutale est un choc dans le morcellement. «On surveille des intrus qui pourraient venir ailleurs par notre système de surveillance de voisinage, mais jamais on n’aurait pensé qu’un résident pourrait être tué par un des nôtres», confie un voisin. Le comportement de son fils était quelque peu intrigant lundi en fin d’après-midi. Jamais sa mère ne l’aurait laissé prendre le volant de sa voiture. Mais lundi, c’est Altaaf Futloo qui était sur le siège du conducteur et le véhicule était mal garé devant sa maison. «Aujourd’hui, on commence à refaire le scénario et comprendre ce qu’il a fait», raconte un des habitants du quartier. 

L’autopsie a été pratiquée sur Ameena Yadun à la morgue de l’hôpital Victoria, à Candos, hier matin, par le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Le chef du département médico-légal de la police a attribué le décès de cette enseignante à une slashed wound to the neck (une coupure au cou). Les funérailles de la quinquagénaire ont eu lieu hier après-midi.