Publicité

Consommer écoresponsable: et si on mangeait les «kourpa» (escargots) ?

9 février 2021, 19:26

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Consommer écoresponsable: et si on mangeait les «kourpa» (escargots) ?

Cap’ ou pas cap’ ? Si, «pas cap’» fut la réponse spontanée de la plupart des personnes interrogées, impensable voire impossible même pour certains. D’autres se sont tout de même questionnés : «Il est vrai que ce n’est pas un aliment qui fait partie de nos habitudes de consommation. Mais beaucoup d’entre nous mangent bien des tangues, alors pourquoi pas des escargots ?»

Pourquoi manger des escargots et quel rapport avec la protection de notre environnement ? 

Il faut savoir que le lissachatina fulica ou achatina fulica, ce gros escargot à coquille pointue que l’on trouve dans les moindres recoins, est «bestia non grata» à Maurice et dans beaucoup d’autres pays également. Et pour cause. Sur notre île, après les insectes, les mollusques sont les animaux les plus nombreux. Appelés Gastéropodes, les escargots, mollusques à coquilles constituées de calcaire, en sont un bon exemple. Le lissachatina fulica précisément, est une espèce invasive, qui aime la chaleur et l’humidité, et vit dans quasiment toutes les régions tropicales du globe : l’Afrique, l’Asie, les Antilles, l’océan Pacifique, l’océan Indien entre autres. L’on dénombre généralement entre 100 et 500 oeufs par ponte, à raison de 3 à 6 fois par an, par individu. À Maurice, ce gastéropode mesure généralement 12 cm de long, et pèse plusieurs centaines de grammes. Mais il peut, dans certains pays, mesurer jusqu’à 20 et 30 cm pour les plus gros. Beaucoup trop nombreux sur l’île, ils sont souvent responsables de la destruction d’arpents de plantations, au grand dam des planteurs qui subissent des pertes considérables lors des récoltes. Si sa population ne fait pas l’objet d’un contrôle, le lissachatina fulica peut faire subir énormément de dégâts aux cultures, dévorant les champs de brèdes cresson et autres. Par ailleurs, ils sont une menace pour notre faune également. Plus particulièrement pour nos escargots endémiques, qui, à l’inverse, doivent impérativement être préservés. En effet, à Maurice, nous possédions 81 espèces d’escargots endémiques, nous en avons perdu environ 36, soit 44 %. Aujourd’hui, le nécessaire doit être entrepris, des actions concrètes doivent être menées pour éviter la disparition de ces espèces, qui font partie de la biodiversité de notre île et sont utiles à la bonne santé de notre écosystème.

Dans l’attente que le lissachatina fulica ou achatina fulica se retrouve un jour dans nos assiettes, il est toujours possible d’utiliser sa coquille – que l’on peut très facilement ramasser à proximité de n’importe quelle forêt de l’île ou lieux humides –, comme élément décoratif. Pour y planter des fleurs ou plantes aromatiques, et pourquoi pas, habiller vos tables lors de dîners en famille ou entre amis. Constitué de cristaux de carbonate de calcium, entrelacés de longues protéines fibreuses, la coquille contient des nutriments requis par les plantes, et qui permettent une croissance saine. Une idée écologique, simple à la portée de tous, et qui ne nécessite de puiser dans votre budget.



Le «peppered snails» (photo answersafrica.com)

 Le «peppered snails» (photo answersafrica.com), sont des escargots sautés à base d’ail, d’oignons et de piment, un plat très apprécié au Nigéria entre autres. De nombreuses recettes sont facilement répertoriées sur Internet pour varier les préparations, en soupe, en salades ou en ragoûts. Au Nigeria, certains médecins recommandent même de consommer le mollusque, car un aliment riche en protéines et excellent contre l’hypertension. Et quant au goût, certains Nigérians affirment qu’il serait similaire à celui de la viande. À savoir, le parfait nettoyage de l’animal serait un impératif pour en apprécier sa dégustation. Et à noter, seuls les escargots d’élevage ne représentent pas de danger pour la santé.

Méconnu à Maurice, cet escargot, à défaut d’être consommé frais,
 est également commercialisé en boîtes de conserve dans certains pays.

Le saviez-vous ?

<p>Si en France les escargots de Bourgogne &ndash; qui mesurent 4 à 5,5 cm &ndash; sont une recette de cuisine traditionnelle que l&rsquo;on ne présente plus, la question à savoir, si oui ou non, la consommation des escargots de Maurice est possible, reste pour beaucoup un mystère. En effet, de nombreuses personnes se demandent si le lissachatina fulica est comestible. Et la réponse est : Oui. Toutefois, attention ! Si sa consommation est possible, elle ne concerne cependant pas les spécimens sauvages que l&rsquo;on peut ramasser dans tous les recoins, au pied d&rsquo;un arbre ou sur le mur d&rsquo;une maison. Car il faut savoir que ceux-ci sont porteurs d&rsquo;agents pathogènes, et peuvent transmettre des parasites à l&rsquo;humain. Vecteurs d&rsquo;un petit ver rond, au nom de nématode Angiostrongylus cantonensis, qui peut provoquer des méningites chez l&rsquo;Homme. Des études épidémiologiques aux Antilles ont d&rsquo;ailleurs déjà démontré que le lissachatina fulica sauvage était porteur de larves préjudiciables à la santé publique. La consommation d&rsquo;escargots ramassés n&rsquo;importe où est donc déconseillée. Par contre, sont consommables, exclusivement ceux nés et élevés en captivité, n&rsquo;ayant jamais été en contact avec un spécimen sauvage. Certains pays d&rsquo;Afrique, comme le Nigéria, sont de gros consommateurs du gastéropode. Et ceux pas encore familiers à cette tradition tentent de promouvoir son élevage, dans l&rsquo;espoir que sa consommation entraîne la diminution de l&rsquo;espèce. À l&rsquo;heure où l&rsquo;on parle d&rsquo;un besoin urgent de changer les habitudes et les modes de consommation, faire une place à cet aliment dans nos assiettes, et l&rsquo;intégrer peu à peu dans nos habitudes de consommation, pourrait être l&rsquo;une des solutions pour ralentir l&rsquo;expansion de cette espèce invasive, ainsi participer à la protection de notre environnement.</p>

 

 

 

 

Les chiffres

<p>Il y aurait plus de 190 billiards (millions de milliards) de mollusques sur la planète, espèces aquatiques ou terrestres. Ils comprennent : Les escargots, les limaces, les calmars, les pieuvres, les seiches, et les sangsues. Quant aux escargots, il existerait plus de dix millions d&rsquo;espèces, cependant seules 200 000 sont répertoriées et 80 000 décrites par les scientifiques. Ils ont une durée de vie entre cinq et ans ans dans la nature, et entre dix et 15 ans en captivité. Mais certains escargots ont déjà vécu plus de 30 ans.</p>