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A Wuhan, les experts de l'OMS privilégient la piste de l'hôte «intermédiaire»

9 février 2021, 18:15

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A Wuhan, les experts de l'OMS privilégient la piste de l'hôte «intermédiaire»

Les experts de l'OMS en visite à Wuhan ont jugé mardi comme «la plus probable» la piste d'une transmission du coronavirus par un animal intermédiaire, au terme de leur mission dans cette ville de Chine frappée en premier par l'épidémie.

Plus d'un an après la découverte des premiers cas de contamination dans cette métropole de 11 millions d'habitants, ils ont balayé l'hypothèse d'une fuite d'un laboratoire, sans écarter celle d'une transmission par les produits surgelés privilégiée par Pékin.

La théorie la plus probable pour expliquer l'origine de l'épidémie reste celle de la contamination de l'être humain par un animal «intermédiaire», a déclaré le chef de la mission de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Peter Ben Embarek, lors d'une conférence de presse.

Cet animal n'a toutefois «pas encore été identifié», a indiqué Liang Wannian, le chef de l'équipe de scientifiques chinois.

L'hypothèse de la fuite d'un laboratoire, soulevée par l'administration de l'ancien président américain Donald Trump, est en revanche «hautement improbable», a déclaré Peter Ben Embarek.

Washington avait accusé l'Institut de virologie de Wuhan, qui mène des recherches sur des pathogènes très dangereux, d'avoir laissé s'échapper le coronavirus, volontairement ou non.

Prenant le contre-pied de commentaires initiaux de l'OMS, M. Ben Embarek a également évoqué «la possibilité» d'une transmission du coronavirus «via le commerce des produits surgelés».

«Il serait intéressant d'examiner si un animal sauvage congelé qui a été infecté a pu être un vecteur potentiel», s'est-il interrogé.

Inconnue

La Chine a fait état ces derniers mois de nombreux échantillons «positifs» au coronavirus sur des produits alimentaires importés de l'étranger.

L'hypothèse d'une contamination par la chaîne du froid est souvent évoquée par les médias chinois, car elle tend à accréditer la thèse d'une importation du virus.

Quant au marché Huanan de Wuhan, premier foyer connu de Covid-19 où étaient vendus des produits frais habituels mais aussi des animaux sauvages vivants, «son rôle exact» dans la propagation du virus «reste inconnue», a concédé M. Ben Embarek. 

La présence de lapins, furets et rats des bambous sur le lieu de vente en font toutefois des suspects potentiels, a noté Marion Koopmans, une autre membre de la délégation de l'OMS.

C'est à Wuhan qu'ont été rapportés les premiers cas de Covid-19 en décembre 2019. Aucune preuve faisant état de malades dans la ville avant cette date n'a été trouvée, a indiqué Peter Ben Embarek.

Cette mission sur les origines de la transmission du virus à l'Homme était jugée extrêmement importante pour tenter de mieux lutter contre une possible prochaine épidémie.

Elle a toutefois eu du mal à se mettre en place, la Chine semblant réticente à laisser venir ces spécialistes mondiaux de diverses disciplines comme l'épidémiologie mais aussi la zoologie.

Embûches

Les autorités chinoises s'emploient depuis des mois à instiller le doute sur l'endroit où le virus a pu commencer à infecter des humains.

Ultime signe de la sensibilité du dossier, la conférence de presse annoncée d'abord par l'OMS pour 16H00 locales (08H00 GMT) a ensuite été avancée d'une demi-heure par le ministère chinois des Affaires étrangères, pour débuter finalement peu avant 17H30.

La mission des experts internationaux aura été marquée jusqu'au bout par l'imprévisibilité. 

Début janvier, le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait publiquement fait part de sa «déception» alors que le départ de la mission était retardé d'une semaine et que certains des experts étaient déjà dans l'avion.

Arrivés finalement à Wuhan le 14 janvier, les enquêteurs ont dû observer une quarantaine de deux semaines, la procédure habituelle pour tout voyageur venant de l'étranger.

Suivis partout par une nuée de journalistes chinois et internationaux, les experts ont finalement pu tweeter et donner des interviews par téléphone. 

L'un d'entre eux, Peter Daszak, un zoologiste qui dirige l'ONG EcoHealth aux Etats-Unis, a affirmé vendredi que l'équipe avait eu accès à tous les endroits qu'elle souhaitait. 

Les spécialistes se sont notamment rendus à l'Institut de virologie de Wuhan et au marché Huanan.