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Berlin, Stockholm et Varsovie répliquent à Moscou et expulsent des diplomates

8 février 2021, 21:35

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Berlin, Stockholm et Varsovie répliquent à Moscou et expulsent des diplomates

 

L'Allemagne, la Suède et la Pologne ont rendu lundi coup pour coup en expulsant des diplomates russes en représailles à une mesure similaire visant des diplomates accusés d'avoir manifesté en faveur de l'opposant Alexeï Navalny.

Varsovie, Berlin et Stockholm vont chacun expulser un diplomate russe en poste dans leur pays, ont annoncé quasi simultanément les trois gouvernements.

Ces expulsions sont «infondées, inamicales et s'inscrivent dans le prolongement de la série même d'actions que l'Occident mène à l'égard de notre pays et que nous qualifions d'ingérence dans nos affaires intérieures», a réagi une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

La Russie a annoncé vendredi expulser des diplomates européens pour avoir participé selon elle à des manifestations en faveur de l'opposant emprisonné. 

«Flagrant délit»

La présence des diplomates à des rassemblements «illégaux le 23 janvier» en soutien à M. Navalny à Saint-Petersbourg et Moscou est «inacceptable et incompatible avec leur statut», avaient estimé les autorités russes pour justifier ces expulsions. Ils ont été pris «en flagrant délit», selon la porte-parole du ministère.

Ces expulsions ont été jugées «inacceptables» par la ministre suédoise des affaires étrangères, Ann Linde, pour qui le diplomate suédois expulsé «ne faisait que remplir ses fonctions».

La Suède avait confirmé vendredi qu'un de ses diplomates avait "observé" une manifestation à Saint-Petersbourg dans le cadre de ses fonctions mais réfuté toute participation active.

Le diplomate allemand expulsé ne cherchait qu'à «s'informer par des moyens légaux sur l'évolution de la situation sur le terrain», souligne pour sa part le ministère allemand des Affaires étrangères.

La Russie avait annoncé vendredi expulser des diplomates européens, quelques heures après des pourparlers entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et Josep Borrell. Un camouflet pour le chef de la diplomatie européenne.

L'UE pourrait ainsi décider de nouvelles sanctions contre Moscou, même si elles sont difficiles à mettre en œuvre. 

«Il est sûr que nos relations sont sévèrement tendues et l'affaire Navalny est un plus bas», avait constaté Josep Borrell, face à M. Lavrov, réitérant son appel à la libération de l'opposant et au «lancement d'une enquête impartiale concernant son empoisonnement».

 Propos «très agressifs»

L'expulsion "injustifiée" des diplomates montre «une facette supplémentaire de ce qui se passe actuellement en Russie et qui a peu à voir avec un Etat de droit», avait en retour fustigé la chancelière allemande Angela Merkel, qui a toutefois confirmé son engagement dans le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie et l'Allemagne.

Le président américain Joe Biden a lui aussi vivement critiqué la Russie, notamment pour son traitement d'Alexeï Navalny, des propos qualifié de «très agressifs» par le Kremlin. 

Ennemi juré du pouvoir russe actuel, l'opposant de 44 ans a été condamné mardi à deux ans et huit mois d'emprisonnement pour avoir enfreint un contrôle judiciaire alors qu'il se trouvait en convalescence en Allemagne après un empoisonnement en Sibérie. 

Lui accuse les autorités de vouloir le réduire au silence. Il a survécu, cet été, à cet empoisonnement dont il tient le président Vladimir Poutine pour responsable. L'UE a adopté des sanctions contre des responsables russes face au refus de Moscou d'enquêter. 

L'arrestation de l'opposant à son retour de convalescence a suscité des manifestations à travers le pays.

De nombreuses ONG, des médias russes et les pays occidentaux ont dénoncé la répression brutale qui a suivi et conduit à quelque 10 000 arrestations émaillées de violences policières.

L'opposant était de nouveau au tribunal vendredi, accusé d'avoir diffamé un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui avait défendu dans un clip de campagne, l'été dernier, une réforme constitutionnelle qui a renforcé les pouvoirs de M. Poutine.

M. Navalny, qui risque une lourde amende voire une peine de prison, dénonce une accusation politique.

Outre ce dossier, l'opposant est visé par une enquête pour escroquerie, délit passible de dix ans de prison.