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Vaccins: les laboratoires promettent des efforts face à la grogne dans l'UE

1 février 2021, 17:21

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Vaccins: les laboratoires promettent des efforts face à la grogne dans l'UE

Plusieurs groupes pharmaceutiques ont promis lundi d'accélérer la production de vaccins anti-Covid peu avant un sommet sur le sujet à Berlin et alors les attaques redoublent contre l'Union européenne pour sa gestion de la crise.

Le laboratoire allemand BioNTech a annoncé jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires de son vaccin développé avec l'américain Pfizer au deuxième trimestre pour l'UE.

Dans la foulée, le géant allemand de la pharmacie Bayer s'est lui engagé à produire le vaccin d'un autre laboratoire du pays, CureVac, actuellement «en voie de certification» selon le ministre allemand de la Santé Jens Spahn.

L'objectif est une production de 160 millions de doses en 2022. Ces capacités s'ajoutent à une production dans le réseau existant de CureVac de 300 millions de doses cette année et un milliard en 2022, a expliqué Franz-Werner Haas, patron de CureVac.

La veille, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait indiqué que le groupe anglo-suédois AstraZeneca, qui subit les foudres des dirigeants européens en raison d'importants retards de production, allait fournir 9 millions de doses supplémentaires par rapport à ce qui était offert la semaine dernière, soit 40 millions au total.

«Faillite» de l'UE

Ces annonces sont intervenues juste avant un sommet de lutte nationale contre le Covid prévu lundi après-midi entre dirigeants allemands et groupes pharmaceutiques. Il sera présidé à partir de 12H00 GMT par la chancelière Angela Merkel, à un moment où son gouvernement et l'Union européenne toute entière sont plus que jamais sous pression face aux retards de la campagne de vaccination.

Les médias allemands étaient lundi sans pitié pour l'UE, accusée d'avoir commandé des vaccins trop tard et d'avoir mal négocié notamment avec AstraZeneca.

L'Europe affiche actuellement un bilan de vaccination inférieur à celui notamment du Royaume-Uni, où les partisans du Brexit y voient la confirmation du bien-fondé pour le pays d'avoir quitté l'UE.

Il s'agit «d'une déclaration de faillite pour Bruxelles, une preuve d'incapacité des 27 Etats membres», fustige le journal populaire allemand Bild.

«Comment peut-on, dans la crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale, négliger à ce point l'approvisionnement» de vaccins, dénonce de son côté Der Spiegel.

Si l'UE a ficelé un paquet de soutien à l'économie de 750 milliards d'euros pour faire face aux effets de la pandémie, elle n'a investi que près de 3 milliards pour l'approvisionnement en vaccins, «difficile de le justifier», pointe le magazine.

Ursula von der Leyen se retrouve particulièrement en ligne de mire, certains, comme le parti d'extrême-droite allemand AfD, réclamant son départ.

«Elle a pris un sérieux coup, mais je ne pense pas (qu'elle) va partir», estime une source diplomatique européenne. 

«Personne n'était au courant des problèmes d'approvisionnement jusqu'à récemment. Vous ne pouvez pas accuser seulement la Commission», juge une autre.

Remous dans la coalition

Le chaos actuel fragilise aussi la chancelière à quelques mois d'élections législatives en septembre.

Sa bonne cote de popularité et celle de son parti conservateur depuis des mois a reposé en grande partie sur une gestion jugée jusqu'ici efficace de la pandémie, à laquelle la première économie européenne avait plutôt bien résisté au printemps avant d'être frappée de plein fouet par la deuxième vague cet hiver.

Mais les ratés de la campagne de vaccination ont donné l'impression d'une perte de contrôle par celle qui dirige le pays depuis près de 16 ans et provoquent des remous jusque dans sa coalition gouvernementale avec le parti social-démocrate (SPD).

Le ministre des Finances et candidat du SPD à la chancellerie Olaf Scholz a ainsi multiplié les attaques contre le ministre de la Santé Jens Spahn, et indirectement Angela Merkel, en exigeant une réelle «stratégie de vaccination». 

Une tentative pour le parti, en berne dans les sondages, de lancer sa campagne des législatives.