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Covid-19: le vaccin représente-t-il la fin de la quarantaine obligatoire ?

28 janvier 2021, 21:29

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Covid-19: le vaccin représente-t-il la fin de la quarantaine obligatoire ?

C’est un des secteurs qui souffrent le plus du Covid-19. Avec la vaccination lancée mardi, certains opérateurs du tourisme prennent un nouveau souffle tandis que d’autres émettent quelques réserves. Comment Maurice compte se repositionner sur la carte mondiale? Cela symbolise-t-il la fin de la quarantaine obligatoire?

Depuis le mardi 26 janvier, la vaccination contre le Covid-19 est une réalité. Tant espérée, celle-ci insuffle de nouveaux espoirs aux acteurs du tourisme. «C’est un grand pas vers la réouverture des frontières, pas forcément totale. On l’accueille positivement. Cela nous donne du courage pour l’avenir avec la saison touristique et une meilleure visibilité», explique Umarfarooq Omarjee, directeur exécutif d’Omarjee Aviation et représentant d’Alitalia à Maurice. Ainsi, ajoute-t-il, 100 000 personnes seront protégées à travers la vaccination contre le Covid-19.

Une mesure qui réjouit également Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals (ATP). «C’est une bonne chose. On commence à respirer.»

De son côté, Ashfaaq Polin, Operations Manager de La Vallée Des Couleurs Nature Park, est sceptique. «Certains disent que le vaccin fonctionne. D’autres, que son efficacité est à 95 %, ou expriment des craintes. Nous, on est sur la réserve. On se prépare pour le worst case scenario.» Quel est donc ce scénario? Une absence de touristes pendant un an, répond-il.

Quant à Ashok Mooroteea, Resident Manager du Cotton Bay Resort and Spa à Rodrigues, il estime qu’une reprise du tourisme est possible. «Avec tous ces confinements, les visiteurs veulent voir d’autres choses et revenir à Maurice, pourquoi pas?», déclare-t-il.

Pour sa part, Chimène Hope, Director of Operations chez Emotions Destination Management Company, maintient qu’avec la vaccination, le tourisme sera relancé. «Le monde n’attendait que cela. Maintenant, quand et à quel moment, c’est difficile à dire. Tout dépend du rythme global. Certaines frontières demeurent carrément fermées, dont celles de l’Australie. Cela prendra du temps.»

La vaccination va-t-elle restaurer la confiance des touristes envers notre destination? Selon Umarfarooq Omarjee, le fait que Maurice soit covid-safe, couplé à la vaccination, constitue un atout pour le repositionnement du secteur. «Nous travaillons sur un plan de relance par rapport à la situation mondiale. Les pays les moins touchés par la pandémie auront plus de visibilité pour le tourisme. Puis, depuis presque un an, les Européens ont essentiellement bougé dans leur région. Désormais, ils ont envie de retrouver le soleil, la mer et la plage. La stratégie est de relancer cela avec ce que Maurice a de mieux à offrir.»

Pour le président de l’ATP, une date provisoire pour la réouverture est impérative pour que le tourisme redécolle. «Même si c’est dans un, deux ou six mois, il faut qu’on le sache et se prépare en conséquence. Ainsi, les tour-opérateurs extérieurs pourront recommencer à vendre la destination Maurice. Il faut faire une campagne de promotion. Va-t-on ouvrir pour la Pâques ou décembre 2021 ? On est dans le flou.» En revanche, il appelle à capter la clientèle des affaires voulant séjourner à Maurice pour six mois à un an. Les hôtels pourraient être trop chers pour cette catégorie de voyageurs, à l’inverse des villas et autres résidences qui ont des licences officielles. Un créneau qui peut se développer davantage.

La quarantaine obligatoire sera-t-elle enlevée? «Il fallait l’imposer pour protéger la population locale. Un exemple parallèle est la vaccination obligatoire contre la fièvre jaune pour les visiteurs des pays africains. Elle a permis de protéger bilatéralement les populations. En le faisant pour le Covid-19, je crois que l’idée de l’État serait de travailler sur une réouverture en enlevant la quarantaine», précise le représentant d’Alitalia.

Daniel Saramandif estime que cette mesure barrière tiendra jusqu’à ce que la majorité de la population ait été vaccinée. «À ce moment-là, on essaiera de revoir la quarantaine.»

Quant à Ashfaaq Polin, il affirme que tant que durera quarantaine, on risque de ne pas attirer les visiteurs étrangers sous nos cieux. Pour lui, il faut impérativement enlever cette mesure. Sur cette question, Chimène Hope déclare qu’avec la mise en place du vaccin, il faut enlever la quarantaine. «On doit savoir trancher pour voir si on fait confiance au vaccin ou pas.»

Jusque-là, bon nombre d’opérateurs se sont concentrés sur la clientèle locale pour leur survie. Mais quelle est la contribution de ce segment dans les revenus touristiques globaux? Selon Umarfarooq Omarjee, «cette proportion est faible, équivalant à environ 5 %». Pourquoi? «Quand les frontières sont fermées, automatiquement la demande diminue drastiquement et l’offre reste la même. Dans ce cas, tous les prestataires se battent pour avoir la clientèle. Les prix, aussi bien pour les hôtels, services etc. baissent drastiquement.» En effet, les tarifs pour les séjours comme pour les parcs d’attractions sont réduits de 50%, voire plus. Par extension, cela induit une chute des revenus touristiques.

De son côté, Daniel Saramandif explique qu’environ 25 % des hôtels étaient opérationnels pour la clientèle locale. «En décembre 2020, certains de ces établissements atteignaient un taux d’occupation de 75 à 80 %. Ce mois-ci, cela varie de 5 à 15 %. Plusieurs essaient de capitaliser sur la Saint Valentin pour brasser plus de clients.» Résultat: les séjours pour les citoyens mauriciens ne pèsent que 10 % de la totalité des revenus touristiques habituels. Bénéficiant du Wage Assistance Scheme, Ashfaaq Polin souligne que le parc d’attractions tourne toujours avec une réduction de 30 % sur le ticket d’entrée. «On continue à opérer et à faire des rénovations et travaux de maintenance», poursuit-il

Tendance maintenue pour Rodrigues

Avec la vaccination, qu’en est-il de la popularisation de la destination Rodrigues auprès des Mauriciens? Selon Ashok Mooroteea, de Cotton Bay Resort and Spa, l’essor pour l’île se maintiendra à l’avenir. «Je pense que les Mauriciens qui séjournent à Rodrigues vont conserver le même rythme. Comme c’est la seule destination périphérique qui n’est pas sujette à la pandémie, l’engouement se poursuivra.» Quant à Chimène Hope, elle soutient que les Mauriciens se sont orientés vers Rodrigues, dans la mesure où ils ne peuvent se déplacer ailleurs. «Si les Mauriciens ne voyagent plus autant vers Rodrigues, l’île accueillera de nouveau les Français comme avant.»

En chiffres

1 042 arrivées touristiques ont été enregistrées en décembre dernier. C’est ce que révèlent les données de Statistics Mauritius. 998 visiteurs étaient venus par voie aérienne et 44 par voie maritime. De ce taux, 640 étaient des hommes et 402, des femmes. En novembre 2020, le nombre d’arrivées touristiques était de 1 177, soit 794 hommes et 383 femmes.