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Marday Venkatasamy: «Les PME recherchent un système de paiement sécurisé»

25 janvier 2021, 22:15

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Marday Venkatasamy: «Les PME recherchent un système de paiement sécurisé»

Quel est votre constat concernant les méthodes de paiement choisies par les PME dans la région du COMESA ?
Plus de 80 % de la communauté du business dans le COMESA sont composés de PME. Un nombre important d’entre elles est engagé dans le commerce transfrontalier. Ce segment de l’économie est toutefois majoritairement informel, reposant sur des transactions financières inefficaces et risquées.

Cependant, dans des pays tels que le Rwanda, le Kenya et la Tanzanie, des paiements par voie mobile sont utilisés mais pas de façon considérable surtout par rapport aux transactions transfrontalières. Les grosses sommes d’argent au-delà des coûts domestiques, les cadres régulateurs tels que l’Anti Money Laundering et l’interopérabilité avec d’autres Payment Service Providers (PSP) comptent parmi les principaux obstacles auxquels font face les PME.

Les cadres régulateurs, les critères divergents imposés, de même que les standards établis entre pays représentent des obstacles certains pour les PME et leurs clients. D’autres défis prennent la forme de barrières country-specific-dataflow et des règlements relatifs à la localisation d’information, qui peuvent soit rendre difficile la tâche des PSP d’opérer dans le marché, soit augmenter les coûts.

Est-il exact de dire que les méthodes de paiement actuelles représentent un frein au développement général des PME?
Non. Aujourd’hui, l’environnement des systèmes financiers compte plusieurs modes de paiement incluant des cash transactions, des paiements par voie mobile, des transferts bancaires, et, bien sûr, les traditionnelles grosses sommes d’argent. Toutefois, il est important de noter qu’à mesure que l’industrie évolue pour pénétrer de grands marchés émergents dans l’écosystème africain et les marchés globaux, nous avons constaté un financing gap que nous estimons à 136 milliards de dollars américains (USD) chez le secteur formel des PME du continent africain. Cela s’explique par l’inclusion limitée de ce segment du marché. Voilà pourquoi les paiements digitaux à faible valeur, aux coûts revus à la baisse, transparents et adaptés à la base inférieure de la pyramide des PME représentent une solution apparente pour booster le développement socio-économique et la pérennité de celles-ci.

Le commerce transfrontalier concerne l’échange de produits et de services avec de la valeur. Quand un défi lié aux transactions financières se présente, c’est sûr que cela aura un impact négatif sur le développement et le commerce effectué par les PME. Ces business recherchent un système de paiement efficace qui s’adresse à ces critères spécifiques : la sécurité, la consommation des clients, les coûts à leur portée, la possibilité d’interopérer ou encore l’ease of access. Le tout, en étant en règle avec les cadres régulateurs existants.

Comment la digitalisation des services financiers et du commerce transfrontalier peut-elle contribuer à la croissance de ces business?
Une économie digitale inclusive connecte des foyers pauvres et riches aux commerçants, écoles, cliniques, etc. Elle doit pouvoir interagir avec toutes les couches sociales. Ce principe est principal et central dans la création d’un plan qui permettrait aux gens modestes d’ouvrir et d’utiliser des comptes digitaux. Cela permet aussi d’utiliser de la monnaie digitale comme un outil de gestion financière dans la vie de tous les jours. Dans un monde où l’inégalité salariale est liée par une répartition inégale des capital rents, des marchés en ligne aident à réduire les revenus disparates en fournissant l’accès à des marchés internationaux à des PME. Pénétrer le marché transfrontalier peut s’avérer très difficile pour elles. Mais avec l’acceptation grandissante de l’espace digital comme LE marché du commerce, les PME doivent activement y participer.

Dans la région, surtout celle couverte par le COMESA, plusieurs pays se retrouvent avec des distances énormes entre eux. Des connexions appauvries dues au commerce affaibli et aux infrastructures inadéquates et la prévalence de non-tariff barriers ont été constatés. Nous avons également compris que l’expansion digitale et financière peut également améliorer les opportunités économiques pour les femmes et créer de nouvelles avenues pour l’exportation dans des industries telles que celles opérant dans les business services, la télécommunication et les services liés à l’information. Un système financier digital peut apporter de nombreux bénéfices, dont la possibilité de créer et développer un business, à travers lequel des opérateurs peuvent obtenir des opportunités de micro financement, la possibilité de gérer des paiements inattendus ou des chocs financiers sans le besoin de voyager ou créer des frais additionnels ou encore, permettre aux PME de s’ajuster et évoluer dans un environnement compétitif.

Y a-t-il la possibilité de mettre sur pied une plateforme de paiement commune pour les PME opérant dans le COMESA?
Le Digital Financial Inclusion Program du COMESA Business Council vise à créer une plateforme régionale digitale et intégrée pour les PME. Celle-ci établira les fondations pour des paiements à faible valeur. Les principaux buts de cette plateforme sont une inclusion financière digitale plus importante pour les PME, qui verront une participation grandissante de celles-ci dans le commerce régional, tout en augmentant le volume de commerce transfrontalier et en baissant les coûts de transaction. En d’autres mots, les PME pourront effectuer des paiements en temps réel, dans la transparence.

Si cette plateforme commune est créée, comment va-t-elle booster ces entreprises ?
Nous nous attendons à accroître le volume et la valeur du commerce transfrontalier, l’accès à l’inclusion financière et digitale, la participation des PME et une qualité supérieure de produits africains dans les marchés régionaux et globaux. Des PME et des petits fermiers auront ainsi la possibilité de profiter de marchés plus considérables. La plateforme pourrait aussi directement soutenir la croissance des PME qui étaient exclues financièrement et pourrait encourager la visibilité des produits africains, et ce faisant, promouvoir leur participation dans les chaînes d’approvisionnement régionales et continentales. En outre, elle permettrait le commerce intrarégional et créerait des possibilités à long terme.