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La Hongrie commande 2 millions de doses du vaccin russe

22 janvier 2021, 17:16

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La Hongrie commande 2 millions de doses du vaccin russe

Le gouvernement hongrois a annoncé vendredi avoir conclu un accord pour acheter jusqu'à deux millions de doses du vaccin russe Spoutnik V, bien que celui-ci n'ait pas encore été autorisé par les autorités sanitaires européennes.

Le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto, en visite à Moscou, a annoncé la signature du contrat dans une vidéo postée sur son compte Facebook, évoquant de «larges quantités».

«Nous aurons accès à des lots permettant de vacciner un million de citoyens», a-t-il ensuite précisé lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov, selon des propos cités par les agences nationales des deux pays.

Les livraisons se feront en trois étapes, avec 300 000 vaccins à deux doses le premier mois, un demi-million le deuxième mois et 200 000 le troisième mois, pour un total «potentiel de deux millions de doses», a expliqué M. Szijjarto.

Cette annonce intervient alors que les autorités pharmaceutiques hongroises ont donné cette semaine leur feu vert à l'utilisation de Spoutnik V, sur fond de critiques de Budapest à l'égard des «lenteurs» du processus d'approbation des vaccins par l'Agence européenne des médicaments (EMA).

Les autorités nationales peuvent approuver en urgence la distribution d'un produit non autorisé par l'EMA mais en portent alors l'entière responsabilité. 

Reste désormais à attendre l'avis final de l'Autorité de santé, un processus qui peut prendre «plusieurs semaines», a-t-elle indiqué à l'AFP.

Il faudra cependant vaincre le scepticisme de la population: le vaccin russe a la préférence de moins de 2% des Hongrois interrogés dans de récents sondages, loin derrière les deux produits actuellement autorisés dans l'Union européenne (UE) (Pfizer-BioNTech et Moderna).

Prenons-le ailleurs

La Hongrie a par ailleurs approuvé le vaccin développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l'université d'Oxford, déjà utilisé au Royaume-Uni. Mais les doses ne lui seront livrées qu'après l'avis de l'EMA, attendu d'ici fin janvier. 

Le Premier ministre souverainiste Viktor Orban a redit vendredi son impatience, au lendemain d'un sommet des Vingt-Sept par vidéoconférence sur le sujet.

«Nous devrions affronter le fait que quelque chose ne tourne pas rond au niveau de l'UE», a-t-il fustigé à l'occasion de sa traditionnelle interview radiophonique hebdomadaire.

«S'il n'y a pas de vaccin de l'Union, prenons-le ailleurs. Il n'est pas possible que les Hongrois meurent à cause de ça», a ajouté le dirigeant, coutumier des bras de fer avec Bruxelles.

La Commission européenne a pris acte de la décision hongroise: «il est possible pour les Etats membres de signer des contrats avec des développeurs qui n'entrent pas dans notre stratégie», a souligné un porte-parole, tout en rappelant «l'importance» d'avoir une approbation de l'EMA.

«Ils procèdent à des vérifications très minutieuses, ce qui nous permet de démontrer aux citoyens européens que le vaccin qu'on leur administre est sûr et efficace».

Les autorités russes ont déposé une demande d'enregistrement dans l'UE de Spoutnik V, efficace à plus de 90% d'après Moscou, mais l'EMA n'a pas encore entamé la procédure d'examen.

S'il s'était attiré des critiques quand il avait été homologué en août 2020, de manière prématurée selon des experts, il a depuis été administré à plus de 1,5 million de personnes, selon la Russie qui en a fait un instrument d'influence géopolitique.

Il a ainsi été homologué en Serbie, Algérie, Argentine, au Venezuela ou encore au Turkménistan.

«La Hongrie est le premier pays de l'UE à prendre conscience des avantages de Spoutnik V», s'était félicité jeudi dans un communiqué Kirill Dmitriev, le directeur du Fonds souverain russe (RDIF) qui a financé la mise au point du vaccin.

La Hongrie a par ailleurs commandé un million de doses du vaccin développé par le laboratoire chinois Sinopharm et attend l'approbation des inspecteurs hongrois, qui se trouvent actuellement à Pékin.