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23 janvier 2000: Rattrapé, Rajen Sabapathee meurt

16 janvier 2021, 21:59

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23 janvier 2000: Rattrapé, Rajen Sabapathee meurt

L’express du dimanche 23 janvier 2000 revient sur la capture et la mort du fugitif Rajen Sabapathee le vendredi 21 janvier 2000 à Chamarel. La chasse à l’homme a été entamée le 30 juillet, suivant une quintuple évasion de La Bastille. Récit d’une «opération commando», dont l’assaut est donné à 04h45 à Chamarel…

L’attentat du samedi 16 janvier à cité Beau-Séjour contre les Ragavoodoo a permis de déboucher sur l’arrestation de Rajen Sabapathee. D’une part cette fusillade a confirmé la présence de l’évadé à Maurice et d’autre part elle a «délié les langues». En effet, c’est sur la base des témoignages concordants des deux victimes, Sabrina et Yashil Ragavoodoo, que les enquêteurs ont pu resserrer l’étau autour du fugitif.

Grâce à d’étroites surveillances et de nombreuses filatures, la police a pu mettre la main sur un informateur qui a balancé la cachette de l’ex-Mr Mauritius. C’est dans la soirée de jeudi que le commandant de la Special Mobile Force (SMF), Khemraj Servansing, a eu le feu vert du commissaire de police par intérim, André Feillafé, pour monter une «opération commando».

22 heures. QG de la SMF à Vacoas. Un briefing est organisé. Environ une centaine de policiers y participent, certains de la SMF, d’autres de la Central Investigation Division (CID) de Plaines-Wilhems-Rivière-Noire. Il y a aussi des éléments du Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM), dirigés par le lieutenant Gokhool.

Trois heures plus tard. Quelques policiers se trouvent à un kilomètre de la cachette de Sabapathee. Ils doivent repérer le lieu exact avec l’aide des limiers de la CID. Les commandos, qui vont donner l’assaut, avancent avec un maximum de précaution, car l’informateur de la police a aussi donné des indications quant aux armes que posséderait Sabapathee. Un rapport officiel de la police stipule que c’est à 04 h 45 vendredi que l’offensive est menée. L’hélicoptère de la police, avec à son bord l’assistant surintendant de police Parmanand Sookun, le copilote Dhanesh Jawaheer et deux membres du GIPM, survole la région.

Le phare de l’appareil éclaire le lieu. La maison suspecte est barricadée et les occupants sont sommés de se constituer prisonniers. Tout de suite après, deux coups de feu sont tirés de cette maison. Puis trois autres coups de feu sont entendus, cette fois en direction des policiers. Sabapathee sort de sa cachette par une porte de derrière. Il tire deux coups de feu avant de prendre la clef des champs. Commence alors une chasse à l’homme. Le fugitif se dirige vers une maison en tôle pour s’y réfugier. Il tire alors plusieurs coups de feu. Deux éléments du GIPM, Preetam Gopaul et Satyaprakash Trilochund, sont touchés par une décharge de chevrotine.

Les tireurs de la police ripostent à leur tour. Sabapathee est touché : quatre balles l’atteignent à l’estomac et à l’abdomen. Blessé, l’évadé de la prison de La Bastille est maîtrisé avant d’être arrêté. L’ex-Mr Mauritius était armé jusqu’aux dents. Un fusil à double canon, un revolver, un étui contenant quatorze cartouches, une arme tranchante et trois cartouches vides sont saisis sur lui.

Les soldats perquisitionnent la maison où se terrait Sabapathee. Une motocyclette, que les enquêteurs soupçonnent d’avoir été utilisée au cours de l’attentat chez les Ragavoodoo, est saisie. Sabapathee rend l’âme en cours de route alors qu’on le transporte à l’hôpital de Candos, à Quatre-Bornes.

Le lendemain , de nombreuses personnes accompagnent la dépouille de Rajen Sabapathee de la rue Sainte-Anne au cimetière de St-Martin où l’ex-Mr Mauritius est inhumé selon les rites tamouls. Plus tôt, des milliers d’anonymes se recueillent sur sa dépouille au domicile de ses parents à la rue Sainte-Anne avant la levée du corps. Ils y ont défilé depuis vendredi après-midi. Ainsi, peu avant que le corps ne quitte la maison mortuaire, des amis de la famille endeuillée doivent contrôler l’accès des sympathisants au domicile du défunt. D’autres demandent aux personnes présentes d’apposer leurs signatures sur des registres de condoléances improvisés.

Les sympathisants sont tellement nombreux que peu après 14 heures, les parents décident d’interdire purement et simplement l’accès de la foule jusqu’à la dépouille pour permettre le déroulement du rite religieux. C’est vers les 15 heures que le corps de Rajen Sabapathee est installé dans son cercueil. Son cousin, Rama Valayden, fait une déclaration et dit que tout sera fait pour que les circonstances exactes de la mort soient connues.

Le cortège s’ébranle. Une voiture avec une photo géante du culturiste précède le cercueil et diffuse la chanson «Tu m’as tout donné, tu m’as tout repris» de Mike Brant, chanteur préféré du défunt. Le convoi prend plus de trois heures pour arriver au cimetière de St-Martin en passant par les rues Hugnin, Pope Hennessy et Mont-Roches. Des gens sont massés des deux côtés de la route pour voir passer le cercueil. Des slogans hostiles aux autorités sont lancés. On ne déplorera aucun incident.

À 18 heures, le convoi mortuaire de Rajen Sabapathee arrive à Saint-Martin suivi d’une foule de plus de 10 000 personnes. Quelques-unes scandent des slogans tel que «Rajen Innocent» alors que d’autres portent en silence des pancartes et des banderoles avec le même slogan. Ceux qui suivent le cortège funèbre sont là pour rendre un hommage à celui qu’ils appellent «l’enfant gâté de Stanley».