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Italie: Matteo Renzi retire son soutien au gouvernement Conte, désormais sans majorité

14 janvier 2021, 08:18

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Italie: Matteo Renzi retire son soutien au gouvernement Conte, désormais sans majorité

Après avoir pendant plusieurs semaines menacé de retirer ses ministres du gouvernement Conte, Matteo Renzi a franchi mercredi soir le Rubicon. Au cours d’une conférence de presse, l’ancien président du Conseil a annoncé que son petit parti centriste Italia Viva (3% dans les sondages), qu’il a créé après son départ du parti démocrate, ne soutenait plus l’exécutif notamment en raison de désaccords sur la politique économique.

Sur le papier, Giuseppe Conte ne dispose donc plus de majorité au Parlement. Les voix du Mouvement 5 Etoiles (M5S) et de la gauche ne sont en effet pas suffisantes pour garantir une poursuite de l’expérience gouvernementale. «Une crise ne serait certainement pas comprise par le pays», avait déclaré Giuseppe Conte peu avant l’intervention de Matteo Renzi. Et cela alors que la péninsule affronte une situation sanitaire dramatique (plus de 80 000 morts depuis le début de la pandémie) et une récession économique. «Face à la crise épidémique, le sens des responsabilités consiste avant tout à chercher à résoudre les problèmes et non à les cacher», a rétorqué Matteo Renzi pour justifier sa décision de quitter le gouvernement avant de tirer à boulets rouges sur la gestion de Giuseppe Conte : «L’Italie a le nombre de morts le plus élevé [en Europe, ndlr], la croissance économique la plus basse et le plus grand nombre de jours d’école perdus.»

Rabibochage difficile

S’il a reconnu que, sous sa pression, le gouvernement avait corrigé sa copie quant à l’utilisation des fonds européens pour la relance économique («moins de rabais fiscaux, plus d’investissements»), Matteo Renzi a continué d’insister pour que l’Italie recoure au Mécanisme européen de solidarité (MES) qui pourrait lui permettre d’obtenir 37 milliards d’euros de prêts supplémentaires pour le secteur de la santé. Mais jusqu’à présent, le M5S, qui n’a pas encore levé toutes les ambiguïtés quant à son positionnement européen, s’y est opposé. «Ne pas prendre ces fonds pour une raison idéologique est irresponsable», a critiqué Matteo Renzi qui reproche aussi à Giuseppe Conte d’avoir concentré les pouvoirs en gouvernant par décrets-lois.

Pour l’heure, ce dernier n’a pas totalement renoncé à recoudre les fils de sa majorité et a proposé de discuter d’un pacte de législature. Mais un rabibochage avec Matteo Renzi apparaît désormais difficile.

Grande coalition ?

Giuseppe Conte pourrait trouver dans le centre droit des soutiens pour substituer les voix d’Italia Viva, mais cela semble pour l’instant peu probable. Reste l’option d’un nouveau gouvernement avec la même majorité mais sans Giuseppe Conte (à la grande satisfaction de Matteo Renzi), voire un exécutif de grande coalition ou d’unité nationale. Le leader de la Ligue Matteo Salvini s’est d’ailleurs déclaré disposé à examiner un gouvernement de ce type qui serait dirigé par l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

Néanmoins, la droite et l’extrême droite poussent avant tout pour un retour aux urnes alors qu’ensemble, elles sont données gagnantes dans les sondages. Mais c’est justement cette perspective qui forge la conviction de Matteo Renzi que la gauche et le Mouvement 5 Etoiles (en chute libre dans les sondages) voudront finalement trouver avec lui une solution.