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Force ou faiblesse

9 janvier 2021, 11:13

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Force ou faiblesse

On peut dire qu’il y a autant de manières de pratiquer la démocratie que de pays démocratiques. Dans la configuration classique, il y a d’un côté la Constitution, texte juridique qui définit le fonctionnement démocratique, et de l’autre côté les institutions elles-mêmes. Et ces dernières sont composées d’hommes, il ne faut jamais l’oublier. Même si les institutions sont censées être «au-dessus» des hommes et des gouvernants du moment, ce sont ces mêmes gouvernants qui insufflent une direction et une manière de gérer ces institutions, ou pas. On sait très bien que certains gouvernants font le strict minimum concernant le fonctionnement des institutions, voire même les rendent parfois plus faibles encore. Et puis il faut tenir compte, dans une démocratie, des usages et des coutumes, ceux-ci sont à prendre au sens fort, c’està- dire que certaines coutumes et certains usages ont valeur quasiment de loi, voire dans certains pays la puissance juridique est venue légitimer et légiférer certaines coutumes afin de les reconnaître juridiquement. Enfin, chaque démocratie va tenir compte des événements qui se produisent en dehors du pays, ainsi qu’en son sein, et certains événements peuvent influencer, voire modifier, la pratique démocratique ainsi que les cadres qui la structurent. 

Est-ce ce qui va se passer dans la plus vieille démocratie du monde ? Le saccage et les morts survenus ces derniers jours dans une des institutions démocratiques les plus célèbres de la planète, à savoir le Capitole, montrent, on le sait depuis longtemps, qu’il existe des forces anti-démocratiques qui existent aux États-Unis depuis le XIXe siècle au moins, et qui se sentent revigorées depuis la non-reconnaissance de la défaite électorale du président le plus à droite (frôlant et pénétrant parfois l’extrême droite) qu’ait connu ce pays. Une des forces de la démocratie est le fait qu’elle permet toutes sortes de critiques de… la démocratie elle-même. D’un point de vue intellectuel et moral, c’est quelque chose d’unique dans l’histoire des régimes politiques, surtout depuis ces dernières décennies où la liberté de pensée et la liberté d’expression ont atteint un niveau assez impressionnant. Certains régimes démocratiques sont allés jusqu’à accepter toutes les pensées politiques, tous les fanatismes, tous les extrémismes, toutes les formes de radicalisme d’un point de vue de leur expression théorique, et parfois même pratique, jusqu’à un certain niveau encadré par la loi. Mais il semble que cette force devienne une faiblesse lorsque, par le jeu démocratique des élections, des élus viennent à remettre en doute ou attaquer certains piliers de la démocratie, que ce soit en Inde, au Brésil ou aux États-Unis, pour ne citer que ces grandes puissances.