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Affaire Kanakiah: la famille dénonce l’«inaction» de la police

4 janvier 2021, 20:23

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Affaire Kanakiah: la famille dénonce l’«inaction» de la police

Les proches de Pravin Kanakiah, retrouvé mort à la Roche-qui-Pleure le 10 décembre, ne comprennent pas trop ce qu’attendent les enquêteurs de la MCIT. Malgré la déclaration du DCP Heman Jangi jeudi dernier à l’effet que rien ne sera négligé, un des derniers témoins à avoir rencontré l’exfonctionnaire au département «procurement» n’a toujours pas été interrogé. Ils attendent aussi les informations sur son cellulaire et les images de Safe City…

Le sac vide récupéré n’est pas pour rassurer les proches non plus. «Quand a-t-on retrouvé le sac ? Et qui l’a retrouvé ?» En l’absence de réponses, les proches se demandent si ce sac» ne leur a pas été montré uniquement dans le but de faire croire que l’enquête avance après la déclaration de Heman Jangi. De plus, le porte-monnaie, la clé de la voiture et surtout le portable du disparu restent introuvables.

Réduit : Unsafe City ?

Les images de CCTV, qu’elles proviennent de Safe City ou du privé, restent un mystère. Alors qu’un haut responsable a déclaré à un proche de Pravin Kanakiah que ce dernier a été vu prenant le bus à Réduit, quand un autre proche s’est enquis auprès d’un autre enquêteur si c’était vrai, on lui a répondu que les images n’ont pas encore été visionnées. Certes, cette affirmation semble rejoindre celle de l’inspecteur Shiva Coothen qui nous avait dit que les images n’ont pas encore été consultées. Or, pourquoi l’enquêteur n’a pas dit de même et un autre s’est contenté de déclarer aux proches que l’informaticien en charge était en congé ?

Toujours est-il que là où la voiture de Kanakiah était normalement garée à Réduit, les caméras demeurent muettes. Le plus troublant, c’est qu’au soir du 10 décembre, un officier du poste de police de Moka a visionné les images à la demande et en présence d’un membre de la famille du disparu alors que l’on ne savait pas encore que Pravin Kanakiah avait déjà péri, et a déclaré qu’il ne l’a pas vu prendre le bus. Ce n’est pas tout : une de ses collègues confirmera l’information à un autre proche de Kanakiah le lendemain toujours avant la découverte du corps.

Le policier-joggeur à la mémoire photographique

Le seul témoin à avoir vu Pravin Kanakiah à la Roche-qui-Pleure se trouve être un policier. En joggant, il aurait aperçu Kanakiah mais en dépit de cette vue fugace de quelqu’un qu’il ne connaissait pas, il a déclaré se rappeler de lui quand il a vu ses photos après son décès. «À moins qu’il ne possède une mémoire photographique…» nous dit un proche tout en ajoutant : «Justement, on aimerait le rencontrer.» Malheureusement, on garde l’information sur son identité au secret, mais pas l’information elle-même.

Le téléphone qui s’est tu à jamais

Les proches sont certains que le cellulaire ne s’est pas «noyé» avec la victime. Pourtant, ils restent toujours dans l’attente de l’ordre du juge pour mettre la main sur les échanges effectués par Pravin Kanakiah. «On aurait su à qui il a parlé juste avant sa mort», nous dit-on. En attendant, ils prient pour que l’on ne vienne pas leur dire que les données ont disparu.

Un transfert qui suscite des questions

Selon nos informations, Pravin Kanakiah allait être transféré de Réduit vers le département du ministère de la Santé à Plaine-Lauzun à la fin de décembre. Il l’avait contesté mais à la fin, sa hiérarchie a insisté. Ce 10 décembre fatidique, Pravin Kanakiah a participé à une réunion avant de faire le handingover à son successeur. Pourquoi ce transfert ? «Pravin était quelqu’un de très honnête et droit dans ses bottes. Peut-être devenait-il gênant…» nous dit un proche. Le fonctionnaire était en tout cas au courant de toutes les commandes passées par le ministère de la Santé puisque c’est lui qui réceptionnait les produits qu’il vérifiait avec les factures. «Bien que Pravin ne se mêle pas de ce qui ne le regarde pas et ne va pas fouiner pour essayer de savoir si les procédures ont été respectées», nous dit un proche, «je crains que l’on ait pensé à tort qu’il conservait des informations sensibles. Et l’on aurait décidé de l’éliminer pour rien, par panique.»

Ce qui est sûr, nous disent en chœur des proches, c’est que s’il y avait une enquête sur les achats, Pravin aurait dit la vérité. Craignaiton ce trait de caractère du défunt ? Nombreux sont ceux à son bureau, y compris son supérieur hiérarchique, qui ont déclaré qu’il y a anguille sous roche. Comme le DCP Heman Jangi a déclaré qu’il «will leave no stone unturned», la famille espère que l’anguille sera bientôt débusquée.

Vertige

Pourquoi Pravin Kanakiah se serait-il suicidé en se jetant d’une falaise ? C’est une autre interrogation de la proche famille du défunt. «La veille, soit le 9 décembre, il a participé à une fête d’anniversaire et il était très heureux», nous dit son épouse. «Le matin du 10 décembre, son attitude était normale et il ne paraissait ni stressé, ni préoccupé pour un sou.» Ce qui est encore plus troublant, nous disent des proches, c’est que «Pravin avait le vertige et ne supportait pas la hauteur. Comment se serait-il jeté du haut de la falaise ?» On nous raconte aussi comment au cours d’un voyage à Rodrigues en 2017, Pravin Kanakiah ne voulait pas faire de la tyrolienne, tellement il en avait peur.

Les parents et proches de Pravin Kanakiah sont non seulement dans l’incompréhension devant tant d’incohérences venant de la police mais ils commencent à prendre peur pour leur sécurité. «Si on fait tout pour nous faire croire qu’il y a eu suicide, les malfaiteurs sont laissés libres…» Ils ne comprennent pas l’attitude de la police. «Serait-ce de la négligence, de la paresse ou de l’incompétence ? À moins que ce ne soit un ‘cover-up’ ?» s’interrogent-ils.