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Dopage: la suspension de Sun Yang annulée, vers un nouvel examen

24 décembre 2020, 15:57

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Dopage: la suspension de Sun Yang annulée, vers un nouvel examen

Le triple champion olympique chinois de natation Sun Yang a remporté une victoire à sept mois des Jeux de Tokyo, en obtenant de la justice civile suisse l’annulation de sa suspension de huit ans pour violation du règlement antidopage.

Le Chinois n’est pas tiré d’affaire: après avoir annoncé sa suspension le 28 février pour la destruction à coups de marteau d’un échantillon lors d’un contrôle antidopage inopiné en septembre 2018, le Tribunal arbitral du sport de Lausanne va de nouveau statuer.

La plus haute instance juridique du pays alpin, qui a pointé la partialité d’un juge, ne s’attachait pas au fond du dossier. La défense du nageur chinois avait notamment mis en exergue des tweets racistes antichinois du président du panel de juges, l’Italien Franco Frattini.

Cette suspension était l’une des décisions les plus spectaculaires du TAS, en raison de sa sévérité et de la stature du nageur, superstar dans son pays. Il était devenu à Londres le premier Chinois champion olympique de natation.

Cet appel devant la justice civile de Sun Yang contre une décision «injuste» était son ultime recours.

«La décision du Tribunal fédéral suisse découle d’une contestation à l’égard du président du panel du TAS et n’inclut aucun commentaire sur le fond de l’affaire», a réagi dans un communiqué l’Agence mondiale antidopage (AMA), «prête à présenter à nouveau son cas de manière robuste devant un panel du TAS différent en temps voulu».

- Suspendu en 2014 -

Sacré aux Jeux de Londres en 2012 (400 m et 1500 m) et Rio en 2016 (200 m), l’imposant Chinois (1,98 m) a également onze titres de champion du monde à son palmarès.

En février, le TAS n’avait pas annulé ses titres remportés postérieurement au contrôle rocambolesque, notamment les médailles d’or des 200 et 400 m libre aux championnats du monde à Gwangju (Corée du sud) en juillet 2019, notamment parce qu’il n’avait pas fait l’objet de contrôle antidopage positif.

Le nageur chinois de 29 ans avait déjà été suspendu trois mois en 2014 pour un contrôle positif à un stimulant (trimétazidine). Dans le plus grand secret, puisque cela n’avait été rendu public qu’une fois sa sanction largement purgée.

Son avocat Zhang Qihuai, qui a confirmé jeudi à l’AFP avoir eu notification de la décision de la justice suisse sans en avoir eu la teneur, avait dit l’intention de son client d’entamer des poursuites contre un inspecteur qui avait selon lui fourni de «fausses preuves» dans un communiqué. Il avait accusé également l’AMA d’avoir «falsifié les faits et abusé de son pouvoir».

«Le 28 février 2020 a été un jour sombre», avait encore jugé Zhang Qihuai. «Il montre la scène du mal qui terrasse la justice et du pouvoir qui se substitue à l’évidente vérité», a-t-il ajouté. «Ce jour-là, le TAS a fermé les yeux sur les règles et les procédures, fermé les yeux sur les faits et les évidences, et accepté tous les mensonges et les fausses preuves.»

Lors de l’audience, le nageur a argué que les contrôleurs n’avaient pas produit «les documents prouvant leur identité». Ce qui n’avait pas été retenu par le TAS.

- «Les tricheurs n’ont pas leur place» -

Pour le Tribunal, véritable «cour suprême du sport», le sportif n’avait «pas établi qu’il avait une explication valable pour détruire son échantillon» et «il ne (lui) revenait pas de décider seul qu’un contrôle antidopage devait être invalidé et un échantillon détruit.»

La suspension de Sun avait été saluée par de nombreux sportifs. L’Australien Mark Horton avait refusé de lui serrer la main et de monter sur le podium du 400 m libre à Gwangju (Corée du Sud). Le Britannique Duncan Scott, en bronze sur 200 m, avait aussi refusé de serrer la main du natif de Hangzhou, près de Shanghaï.

«Bravo le TAS! Bonne décision, avait tweeté en février le Sud-Africain Chad Le Clos, vice-champion olympique du 200 m en 2016, derrière Sun. Comme beaucoup d’autres nageurs propres, j’ai couru contre Sun Yang et +perdu+. Les tricheurs n’ont pas leur place dans le sport.»

David Sharpe, qui dirige l’Agence antidopage australienne, avait estimé pour sa part que l’arbitrage du TAS restaurait «la confiance dans le système antidopage».

L’affaire de l’échantillon détruit avait atterri devant le TAS après un recours de l’AMA contre de précédentes conclusions controversées de la Fédération internationale de natation (Fina), qui avait blanchi Sun Yang pour vice de forme.