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Rapt d’élèves au Nigeria: les 344 garçons libérés attendent toujours de revoir leurs parents

18 décembre 2020, 22:20

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Rapt d’élèves au Nigeria: les 344 garçons libérés attendent toujours de revoir leurs parents

Exténués, parfois en larmes, plus de 300 garçons enlevés il y a une semaine par des hommes armés dans le nord-ouest du Nigeria, attendaient toujours de pouvoir retrouver leurs familles vendredi, après la courte visite du président Buhari.

Arrivés en bus et en camion jusqu’à la résidence du gouverneur dans la matinée, les enfants ont marché pieds nus jusqu’à une salle de reception, où les attendaient de nombreux officiels dont le gouverneur Aminu Bello Masari.

«Vous avez souffert physiquement, mentalement, psychologiquement», a déclaré le gouverneur alors que les enfants étaient massés dans l’Assemblée locale, assurant que pour lui aussi cette période avait été douloureuse.

«Je suis heureux, très heureux de savoir que je vais revoir mon père, ma mère et mes petits frères», confiait un jeune adolescent de 14 ans, souriant mais l’air épuisé.

«Merci mon dieu» 

Et pourtant, en fin d’après-midi, ils n’avaient toujours pas eu accès à leurs familles, qui attendaient pour nombre d’entre elles à l’extérieur du quartier officiel de la ville de Katsina.

Il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat s’ils allaient pouvoir les retrouver dans la soirée ou s’ils devraient attendre samedi, ni quelles étaient les raisons de ce retard.

Les autorités leur ont donné des habits et le président Muhammadu Buhari, originaire de l’Etat de Katsina et qui était dans la région cette semaine pour un «séjour personnel» leur a rendu une courte visite dans le bureau du gouverneur, leur parlant en Haoussa, la langue locale.

Des familles, venues de la petite ville voisine de Kankara, où a eu lieu l’attaque, étaient venus à Katsina dès le matin dans l’attente de retrouver leurs enfants.

«Quand mon fils m’a appelée hier, et qu’il m’a dit maman maman c’est moi, j’ai dit merci mon dieu, merci mon dieu, j’étais si heureuse!», confiait une mère de famille, dont le fils est âgé de 18 ans.

Ce sont des centaines de mineurs, collégiens et lycéens, qui avaient été enlevés vendredi soir par des hommes armés, surnommés «bandits» dans cette région du Nigeria.

Ils avaient été enlevés au lycée d’Etat pour garçons de Kankara, dans l’Etat de Katsina, dans un rapt ensuite revendiqué par le groupe jihadiste Boko Haram, habituellement actif dans la partie nord-est du pays, à des centaines de kilomètres plus à l’est.

Jeudi, les jihadistes de Boko Haram avaient diffusé une vidéo de dizaines d’élèves présumés enlevés.

Le visage couvert de poussière et griffé, un jeune garçon expliquait faire partie de 520 élèves enlevés par «le gang de Shekau», du nom du chef historique de Boko Haram.

Dans cette video, Boko Haram affirmait, par la voix de ce jeune garçon d’environ 14 ans, que certains avaient été tués.

Les enfants, pour la plupart très jeunes, apparaissaient à bout de forces. Il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat si les enfants de la vidéo sont ceux qui ont été libérés.

Vidéo des enfants 

Selon des informations de l’AFP, ce rapt de masse a été coordonné par le chef de gang Awwalun Daudawa en collaboration avec deux autres bandits renommés, Idi Minoriti et Dankarami, groupes armés qui terrorisent les populations dans le nord-ouest du Nigeria, et commettent des enlèvements contre rançon et des vols de bétail.

Selon plusieurs témoignages de jeunes garçons qui ont réussi à s’échapper, les otages avaient été divisés en plusieurs groupes, le soir même de leur enlèvement.

Selon une source sécuritaire proche du dossier, les lycéens qui apparaissaient dans cette vidéo étaient ceux détenus par Awwalun Daudawa, qui répond directement aux ordres de Boko Haram, les autres pouvant être libérés à la suite de négociations engagées entre les ravisseurs et le gouvernement local.

Cette attaque, qui a ravivé le souvenir de l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles à Chibok en 2014, était un camouflet pour le président nigérian Muhammadu Buhari, originaire de l’Etat de Katsina où il célébrait jeudi ses 78 ans.

Boko Haram et sa branche dissidente, le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), actifs dans le nord-est du Nigeria, ont fait plus de 36 000 morts en dix ans de conflit et deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.