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Vendée Globe: «Très touché», «exténué» puis «remotivé», Dalin raconte sa grande mésaventure

16 décembre 2020, 21:24

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Vendée Globe: «Très touché», «exténué» puis «remotivé», Dalin raconte sa grande mésaventure

 

Leader impressionnant du Vendée Globe durant trois semaines, Charlie Dalin a connu un coup d’arrêt lundi avec une sérieuse avarie, qu’il a réparée au prix d’innombrables efforts. Le marin raconte mercredi à l’AFP à quel point il a été «touché», se voyant abandonner avant de repartir, «exténué» mais «remotivé».

Des cernes sous les yeux, Charlie Dalin grignote un petit truc à manger. Installé dans son cockpit presque entièrement fermé, le visage marqué, il sourit et livre le récit de ces très longues dernières heures d’une course extrême qu’il qualifie de «générateur d’émotions assez exceptionnelles».

 

«Des émotions, c’est sûr qu’il y en a, il y en a beaucoup. Avec la fatigue, on a forcément les émotions à fleur de peau, plus que d’habitude. Pourtant moi qui suis quelqu’un d’assez stable dans mon mental, même moi j’ai des coups de mou, c’est pas toujours facile de gérer toutes ces émotions», souligne le marin de 36 ans qui est désormais 3e à 145 miles du nouveau leader, Yannick Bestaven au pointage de midi ce mercredi.

«C’est vrai que c’est un générateur d’émotions assez exceptionnelles, cette course. Etre depuis si longtemps en mer et pour encore longtemps et si loin de tout, le mental est mis à rude épreuve», rappelle le skipper d’Apivia.

même s’il perd un peu la notion du temps, Charlie Dalin est passé lundi par une épreuve difficile: son bateau volant de dernière génération a subi une importante avarie au niveau de l’un des deux foils (appendice latéral qui permet de voler).

 «C’était fini» 

«Je me suis rendu compte que j’avais une cale, c’est-à-dire une pièce dans laquelle passe mon foil bâbord, qui était partie. Du coup mon foil n’était plus maintenu, il bougeait dangereusement dans son puits et le puits était sous pression d’eau, ça faisait des entrées d’eau dans le bateau. Avec la vitesse, le puits se remplissait d’eau et l’eau finissait par entrer dans le bateau».

«Ce n’était pas super et forcément j’étais très touché, marqué quand je me suis rendu compte de ce problème. La première chose que je me suis dit, c’est que le Vendée Globe était terminé pour moi. Ca y est c’était fini, j’allais aller en Australie, c’est la fin de la course, je ne voyais vraiment pas comment régler ce problème», se remémore-t-il.

«L’équipe s’est mobilisée et a trouvé une solution et du coup, ça a été une longue, longue journée de travail. J’ai travaillé presque du lever du jour jusqu’au coucher du soleil, ici les journées sont longues en ce moment c’est bientôt l’été austral. J’ai re-fabriqué cette cale avec des morceaux de carbone que j’avais à bord du bateau».

«J’ai fait un nombre énorme d’aller-retours, entre le bateau, le cockpit et l’extérieur du bateau, j’ai été obligé de me suspendre à une drisse pour pouvoir accéder au point de sortie extérieur du foil pour pouvoir positionner cette cale».

 «Spirale négative» 

«Je voyais les heures qui tournaient, le soleil commençait à baisser, je me suis dit qu’il fallait absolument que je réussisse à sécuriser la pièce avant qu’il fasse nuit. C’est seulement une heure avant que le soleil ne disparaisse derrière l’horizon que j’ai réussi à installer la pièce et à la sécuriser, et j’ai pu reprendre ma route vers le sud-est».

L’architecte naval de formation est ensuite allé dormir. «J’étais vraiment exténué, au bout de mes forces après autant d’efforts pour réparer le bateau».

Et puis, le marin est reparti en course tout en surveillant de très près la pièce reconstituée. Son travail semble récompensé, la réparation tient bon.

«Aujourd’hui je dois encore récupérer de tous mes efforts, mais ça va mieux, je me sens remotivé, je suis content d’être de nouveau en course, certes avec un foil que je ne peux plus utiliser, mais (...) avec un bateau en état de naviguer».

«J’espère que c’est la fin de la spirale négative dans laquelle j’étais, entre la tempête, les vents faibles, les poursuivants qui reviennent derrière moi. J’espère que le dernier souci de la série est passé», dit-il en esquissant un sourire.

Charlie Dalin est désormais dans les Cinquantièmes Hurlants, il a retrouvé le vent et s’apprête à entrer dans l’océan Pacifique au large de la Tasmanie. «Encore quelques heures de navigation pour rentrer dans le Pacifique et en terminer avec l’océan Indien qui a été si difficile», promet-il.