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Séisme politique à Marseille avec la démission annoncée de la maire Michèle Rubirola

15 décembre 2020, 20:39

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Séisme politique à Marseille avec la démission annoncée de la maire Michèle Rubirola

Marseille bascule de nouveau dans l’incertitude mardi: Michèle Rubirola, première femme maire de la deuxième ville de France, va démissionner pour raisons de «santé» a annoncé le chef de son parti, avec en perspective de nouvelles tractations politiques pour sa succession.

Moins de six mois après son élection sur une liste d’union de la gauche, le Printemps marseillais, Michèle Rubirola, 64 ans, va démissionner «pour question de santé», a indiqué à l’AFP Julien Bayou, chef de file d’Europe Ecologie les verts (EELV), le parti de la maire de Marseille, confirmant une information révélée par plusieurs médias à la mi-journée

Mme Rubirola doit s’exprimer mardi à 16H00 devant la presse à l’issue d’une «réunion importante» de sa majorité, a annoncé la mairie dans un communiqué et des sources au sein de l’équipe municipale.

Sa démission, qui doit être acceptée par le préfet, devrait entraîner un nouveau vote du conseil municipal pour lui choisir un ou une successeur(e). Un exercice périlleux pour la toute nouvelle majorité de gauche, qui avait réussi à ravir la mairie à la droite après 25 ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR).

En juillet, en raison de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) qui oblige à un vote par secteur dans ces trois villes, l’élection de Mme Rubirola s’était jouée au «troisième tour», c’est-à-dire au conseil municipal, au terme de plusieurs heures d’un suspense haletant, notamment pour s’assurer du soutien de la liste de gauche --concurrente du Printemps marseillais-- conduite par Samia Ghali, figure des quartiers populaires de la ville.

Faute de majorité absolue au premier tour de scrutin dans l’hémicyle du Vieux-Port, les tractations entre élus s’étaient poursuivies toute la journée du samedi 4 juillet, pour aboutir, in extremis, à l’élection de Mme Rubirola.

Une victoire inespérée pour cette femme, médecin dans les quartiers populaires, quasi-novice en politique, désignée pour rassembler la coalition de gauche hétéroclite du Printemps marseillais (Parti socialiste, Parti communiste, une partie des Insoumis, Ecologie-les Verts).

 En retrait 

Depuis ses débuts à la mairie début juillet, Mme Rubirola s’est mise en retrait à plusieurs reprises, pour des vacances en août, pour une intervention chirurgicale en septembre et enfin, fin octobre, car elle était «cas contact» au Covid-19.

Pas à l’aise face aux caméras, elle laissait souvent la place à son premier adjoint, Benoit Payan, chef de l’opposition socialiste sous la dernière mandature de Jean-Claude Gaudin (1995-2020), qui devrait devenir maire par intérim.

Ce «tandem» déstabilisait ses adversaires politiques, dont le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (LR), qui avait glissé à la presse en octobre: «Je ne veux pas discuter avec un duo mais avec la maire!».

Alors que les rumeurs sur une démission de la maire enflaient après un article du Monde rapportant que l’élue envisageait de partir après trois mois dans le fauteuil de maire, Michèle Rubirola et Benoît Payan avaient coupé court, dans une interview en duo à Libération fin octobre.

«Aujourd’hui, je suis ici et j’y reste», affirmait la sexagénaire, tout en glissant: «On ne sait pas ce qui va arriver, comme la maladie».

Dans son entourage, une source confie à l’AFP qu’il ne s’agit pas de luttes entre le premier adjoint et la maire.

Devant la mairie mardi, Agnès, militante de la première heure du Printemps marseillais, juge que Benoît Payan, s’il devait prendre la succession, «est très marqué PS et il ne correspond pas vraiment aux aspirations des électeurs»

La démission du maire d’une grande ville en cours de mandat - hormis nomination à de plus hautes fonctions - n’est pas une première mais est en général liée à une mise en cause par la justice, comme ce fut le cas pour l’ancien maire de Nice Jacques Médecin en 1990 à la suite de sa mise en examen pour délit d’ingérence. L’ancien maire de Bordeaux Alain Juppé avait également dû renoncer à ses fonctions électives en 2004 après sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.