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Covid-19 et Wakashio: les villages du Sud-Est sous le poids de la pauvreté

13 décembre 2020, 19:00

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Covid-19 et Wakashio: les villages du Sud-Est sous le poids de la pauvreté

À Bois-des-Amourettes, derrière l’apparence des coquettes petites maisons, la pauvreté est une réalité. La plupart d’entre elles sont recouvertes de tôles cannelées usées et sont des bicoques montées sur une structure en bois dont la fragilité est à vue d’oeil. Les occupants n’ont ni eau ni électricité. 

Maita Deslettres fait partie de ces familles qui bénéficieront du don des Rs 2 000 pour Noël et le nouvel an. Ils vivent à quatre dans une maisonnette de deux pièces. Pour jouir des bénéfices de l’énergie solaire, la famille a dû investir plus de Rs 55 000 pour l’installation de panneaux solaires. La mère de famille, âgée de 52 ans, raconte que son fils a économisé sou après sou, multipliant les petits contrats de travail en tant que maçon pour qu’ils puissent se les offrir. 

Sephoni Appellon garde le sourire même si son père ne pourra lui offrir de cadeaux pour Noël.

N’ayant toujours pas accès à l’eau courante, la famille Deslettres, comme les autres familles avoisinantes, fait le va-et-vient vers une source naturelle qui se situe à 500 mètres de leur maison pour s’approvisionner en eau. L’obligation d’emprunter un escalier pour accéder à la source complique davantage la situation : «Nous devons tous les jours porter l’eau nous-mêmes jusqu’à notre maison. C’est un vrai calvaire pour les plus âgés», explique Maita Deslettres. 

Un peu plus loin, Roseda Appellon, 70 ans, partage le même avis. Tout comme la famille de Maita Deslettres, elle vit avec son mari dans une bicoque en tôle. Cependant, depuis une semaine, ce dernier est admis à l’hôpital, après une chute dans les escaliers. Les conséquences du naufrage du MV Wakashio se sont greffées sur la situation déjà fragile de ces personnes. «Avant, nous pouvions nous rendre à la mer pour pêcher mais avec le naufrage il nous a été impossible de continuer cette activité qui nous permettait de nous nourrir pendant trois mois», raconte Roseda. 

Julietta Colas nous présente sa maisonnette, accompagnée de sa fille et de ses animaux de compagnie.

Des factures impayées 

À Providence, petit patelin à côté du village de Bois-des-Amourettes, Jean-Pierre Appellon ne sait plus à quelle porte frapper pour sortir de son endettement et pour nourrir sa famille, composée de huit personnes, dont six enfants. Pêcheur de profession, il affirme n’avoir touché de compensation après l’épisode du MVWakashio, ne détenant pas une carte de pêcheur. Ce père de famille déclare vivre dans des conditions difficiles car n’ayant pas les moyens de payer ses factures d’eau et d’électricité. Jean-Pierre fait également partie des personnes qui vont bénéficier du don de Development practioners in network (DPiN) (voir encadré). 

Maita Deslettres prépare le déjeuner. Au menu : du riz, lentilles et brèdes.

Leur situation fait peine à voir. Et ce n’est pas Julietta Colas, 47 ans, qui dira le contraire. Cette mère célibataire a quatre enfants, dont la plus jeune, âgée de 12 ans, est atteinte de la maladie du lupus. Depuis que son conjoint a déserté la maison conjugale, il y a dix ans, elle s’occupe seule de ses enfants et fait le maximum pour qu’ils soient scolarisés. Elle raconte que la plus grande s’est mariée et que les trois autres enfants sont encore à sa charge. 

Dans cette maisonnette exiguë de deux pièces, Julietta Colas explique qu’elle n’a pas de toilettes. Et que pour se soulager et pour son hygiène intime, elle doit compter sur la générosité de son frère qui habite à quelques pas. Mais s’il y a une leçon que la mère de famille a retenue de la vie, c’est qu’il ne faut jamais baisser les bras pour ses trois enfants, son chien loup et son chat. 

La source naturelle qui dépanne plusieurs familles à Bois-des-Amourettes.

La situation de Sangeeta Choolun n’est guère meilleure que celles des familles rencontrées plus tôt. Depuis la pandémie du Covid-19, elle peine à se faire embaucher pour des petits boulots. Elle nous explique, par ailleurs, qu’elle et sa famille vivent dans une petite pièce en tôle, dont le toit fuit à chaque fois qu’il pleut…

Roseda Appellon, 70 ans, tenant haut la tête contre vents et marées.

 

 

Sunil Dowarkasing: «Il faut donner une raison de vivre à ces familles qui ne font que survivre» 

<p>Sunil Dowarkasing n&rsquo;est pas insensible face à ces familles dans le besoin. Ce consultant chez DPiN est descendu sur le terrain pour apporter son aide. Aujourd&rsquo;hui, il organise une formation avec des habitants de huit villages du Sud/Sud-Est afin de créer un <em>&laquo;Mangrove Watch&raquo;</em> en collaboration avec DPiN. Après la formation, les personnes seront invitées à surveiller les mangliers sur la côte. Le 16 décembre, 100 familles participeront au programme d&rsquo;embellissement du Waterfront de Quatre-Soeur, en procédant au nettoyage du lieu et à la mise en terre de plantes. Ces familles bénéficieront d&rsquo;un don de Rs 2 000 par DPiN. Sunil Dowarkasing affirme que plusieurs familles sont touchées par la pauvreté dans les villages côtiers du Sud-Est. Il fait appel au gouvernement pour leur apporter un soutien.<em> &laquo;Il faut que le gouvernement agisse en faveur des familles qui sont dans le besoin. Pourquoi ne pas utiliser l&rsquo;argent de la compensation qui sera versée pour les dégâts causés par le &laquo;Wakashio&raquo; et entreprendre quelque chose de constructif pour ces familles ?&raquo; </em>Il avance qu&rsquo;il faut aménager un système de Waste Water dans ces endroits, car cela aidera aussi à protéger nos lagons. Envisager le dessablage, qui consiste à enlever les matières abrasives, sables et autres particules lourdes, qui pourraient embourber les canaux et les bassins. Selon Sunil Dowarkasing, Maurice a soumis un <em>&laquo;Voluntary National Reviews Report&raquo;</em> au Nations unies en 2019 pour faire mention que le pays avait presque entièrement éradiqué la pauvreté. Toutefois, il est d&rsquo;avis que cet objectif n&rsquo;est pas atteint. <em>&laquo;Il faut donner une raison de vivre à ces familles. Ils ne font que survivre.&raquo;</em></p>