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Angus Road: l’ICAC joue la carte du silence

8 décembre 2020, 20:42

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Angus Road: l’ICAC joue la carte du silence

La scène politique est en surchauffe. L’étau se resserre autour de Pravind Jugnauth. Même si la commission anticorruption est circonspecte, les choses ont pris une tournure judiciaire avec la poursuite de Bhadain. Par ailleurs, avec l’affaire Kistnen, l’opposition donne de la voix et réclame des démissions.

Depuis que l’affaire Angus Road a éclaté, la commission anti-corruption (ICAC) se montre prudente et silencieuse, car il s’agit d’un high-profile case, selon nos informations. Rien ne semble transpirer du côté du triangle de Réduit. On nous indique qu’une enquête est en cours à divers niveaux, mais rien de plus ne nous sera révélé, surtout sur les volets qu’abordent les enquêteurs. On nous indiquera qu’un communiqué officiel de l’ICAC émis le 26 novembre a déjà expliqué comment se font les enquêtes qui sont en étapes ; une préliminaire suivie éventuellement d’une plus approfondie.

Concernant les enquêtes approfondies, l’article 47 (6) de la Prevention of Corruption Act (PoCA) stipule : «After receipt of the opinion of the Commission, the Director-General shall submit :
a – a report to the Director of Public Prosecutions, which shall include all materials, information, statements and other documents obtained in the course of the investigation;

b - a description of the articles of evidence, which have remained in the custody of the Commission;

c - the recommendations of the Commission.»

Le communiqué fait aussi état des enquêtes sur Angus Road à la suite d’allégations de blanchiment d’argent. Le 15 mars 2011, l’enquête sur Angus Road était au stade préliminaire, mais elle a été close le 9 juin 2011. Une autre enquête sera ouverte le 8 mars 2013, mais elle sera mise en suspens (kept in abeyance) Une autre, ouverte le 20 octobre 2013 a été stoppée le 27 juin 2014. Elle a redémarré le 28 août 2020 et consolide l’enquête ouverte le 8 mars 2013. L’enquête reprend, le 11 novembre 2020, celles du 15 mars 2011 et du 20 novembre 2013. Au niveau de la classe politique, Roshi Bhadain ne lâche pas l’affaire. Sa poursuite privée (private prosecution) contre Pravind Jugnauth serait en bonne voie, selon ses dires; il a révélé que le Directeur des poursuites publiques (DPP), Satyajit Boolell, lui a répondu et lui a signifié les conditions pour l’ouverture d’une procédure en Cour suprême. Ainsi, selon Roshi Bhadain, le Premier ministre aurait signifié son intention de le poursuivre et cela ferait de lui une partie lésée (aggrieved party), qui est nécessaire dans une poursuite privée. À la suite de la lettre du DPP, Roshi Bhadain dit qu’il y a une chance de faire éclater la vérité et il précise qu’une équipe d’avocats travaillent de concert pour consolider le dossier.

La tension monte donc contre le Premier ministre dans l’affaire Angus Road. Lors du comité central du MSM, samedi dernier, Pravind Jugnauth aurait fourni des explications sur ce qu’on lui reproche. Il a même donné des détails sur les reçus émis par Bel Air Sugar Estate dans cette transaction immobilière. Entre-temps, les partis réunis de l’opposition maintiennent la pression sur le chef du gouvernement sur ce même dossier. Le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, a soulevé plusieurs questions, dont la raison pour laquelle l’ex-Attorney General, Ravi Yerigadoo, aurait demandé au Serious Fraud Office britannique d’arrêter son enquête.

De plus, dans l’affaire Kistnen, des informations émanent du Sun Trust qu’il a été conseillé au ministre Yogida Sawmynaden de sortir de son mutisme pour s’expliquer sur les allégations qu’il percevrait Rs 15 000 au titre de sa constituency clerk, qui ne serait autre que l’épouse du défunt Kistnen. Navin Ramgoolam a, lors d’une conférence de presse vendredi, fait des révélations sur cette affaire et réclamé la démission du ministre. Chose que le leader des Mauves, Paul Bérenger, a également réclamée, samedi. Ces deux affaires qui défrayent la chronique ne devraient donc pas quitter l’agenda des partis politiques.