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Police: Macron décide un «Beauvau de la Sécurité» dès janvier

8 décembre 2020, 15:35

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Police: Macron décide un «Beauvau de la Sécurité» dès janvier

 

En pleine polémique sur les «violences policières», Emmanuel Macron a décidé la tenue à partir de janvier d’un «Beauvau de la sécurité» sur une réforme de la police, afin d'«améliorer les conditions d’exercice» des forces de l’ordre et «consolider» les liens avec les Français.

Ce sera «la première pierre de la grande loi de programmation de la sécurité intérieure que les forces de l’ordre méritent depuis longtemps», a souligné dans un tweet le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui recevra les syndicats de police le 18 décembre.

Pour déminer une situation explosive, le chef de l’Etat convoque pour janvier ce «Grenelle de la police» qui réunira représentants des forces de l’ordre, élus et citoyens.

«J’y interviendrai personnellement», indique-t-il dans une lettre datée de lundi et consultée par l’AFP qui répond au secrétaire général du syndicat Unité-SGP-FO Yves Lefebvre.

Celui-ci lui avait écrit lundi pour lui faire part de la «colère» qu’ont suscité chez les policiers ses propos reconnaissant des contrôles au faciès lors de son interview vendredi au média en ligne Brut.

Ce «Beauvau de la sécurité», du nom de la place où est situé le ministère de l’Intérieur, devra s’appuyer sur les sept chantiers de réforme présentés par Gérald Darmanin fin novembre, explique le chef de l’Etat: formation, encadrement, moyens, captation vidéo des interventions, inspection, effectifs et lien entre police et population, dont la lutte contre les discriminations et le rapport aux médias.

«Il y a urgence à agir», insiste Emmanuel Macron qui précise avoir demandé à M. Darmanin de «recevoir dès que possible» les syndicats de policiers pour peaufiner les propositions.

«Je souhaite avancer rapidement et concrètement pour améliorer les conditions d’exercice du beau et indispensable métier qui consiste à garder la paix», ajoute-t-il.

«La France tient par ses policiers et ses gendarmes», «nous leur devons soutien et protection. J’y veillerai», conclut-il.

 «Insoutenable» 

Emmanuel Macron reprend ainsi en main ce dossier face à la colère des policiers mais aussi la défiance croissante des Français après le tabassage de Michel Zecler.

Il justifie en outre son annonce vendredi sur Brut de créer dès janvier une plateforme pour signaler les discriminations, en soulignant qu’il ne s’agit pas seulement des contrôles d’identité mais aussi de l’emploi, du logement, du sport et de la culture.

Il avait jugé vendredi «insoutenable» que les contrôles policiers ciblent davantage les jeunes dont la peau «n’est pas blanche».

Dans un courrier adressé au chef de l’Etat, daté également de lundi et dont l’AFP a eu connaissance, Yves Lefebvre souligne que cette interview «a laissé des traces et une colère certaine au sein de la police nationale».

«Même si votre discours venait dans sa globalité souligner l’action des forces de l’ordre et des policiers (...) mes collègues (retiennent) une seule chose, à savoir que les contrôles au faciès existent, qu’ils sont une réalité, qu’un jeune homme de couleur a plus de chance d’être contrôlé que les autres personnes».

«Cette affirmation est venue remettre en cause la qualité du travail quotidien des forces de l’ordre et particulièrement celui des policiers nationaux, surtout ceux engagés dans les quartiers difficiles», s’insurge Yves Lefebvre qui dénonce «des politiques d’urbanisation qui se sont suivies entassant les populations immigrées au même endroit depuis plusieurs décennies».

Il réclame «au plus vite un calendrier de réformes de fond» et «la fin de la politique du chiffre qui est une des raisons principales à l’altération du lien police/population».

Les deux principaux syndicats de gardiens de la paix, Alliance et Unité-SGP-FO, avaient appelé samedi à cesser les contrôles d’identité en signe de protestation.

Les réactions politiques à ce «Beauvau de la sécurité» sont mardi circonspectes, y compris à droite: le député LR Eric Ciotti a dit attendre «des actes», pas seulement «des palabres», tandis que l’eurodéputée LR Nadine Morano y a vu une tentative du chef de l’Etat d'«expier sa faute» après ses déclarations sur Brut.