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Comme pour le Covid-19, aucun pays n’est à l’abri du changement climatique

3 décembre 2020, 20:26

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Comme pour le Covid-19, aucun pays n’est à l’abri du changement climatique

Les systèmes de santé sont mal préparés pour faire face aux dangers grandissants liés au changement climatique et aucun pays n’est à l’abri, comme l’a prouvé la crise du Covid-19, avertissent des experts dans un rapport publié jeudi.

«Les menaces pour la santé humaine se multiplient et s’intensifient à cause du changement climatique. Si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d’être dépassés à l’avenir», avertit le Dr Ian Hamilton, directeur exécutif du rapport sur la santé et le changement climatique, publié tous les ans par la revue médicale.

Ce rappport mesure 43 indicateurs-clés sur ces deux sujets et est réalisé en collaboration par 35 institutions, dont l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’OMM (Organisation météorologique mondiale) et des universités.

«Nous sommes confrontés aux perspectives les plus sombres pour la santé publique que notre génération ait vu», avertit Dr Wenjia Cai, de l’université Tsinghua à Pékin, alors que la publication intervient à quelques jours du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, qui engage les Etats à agir pour limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C.

«Le changement climatique crée un fossé cruel qui renforce les inégalités existantes en terme de santé, entre et dans les pays. (...) Tout comme pour le Covid-19, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables, celles ayant des pathologies comme l’asthme ou le diabète le sont encore plus», relève Hugh Montgomery, médecin en soins intensifs, cité dans un communiqué.

Au cours des 20 dernières années, la mortalité liée à des épisodes de canicule a grimpé de 54% chez les plus de 65 ans et 296.000 personnes en sont mortes en 2018, selon le rapport. Les pays les plus touchés ont été la Chine, l’Inde, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon.

En France, les épisodes de canicule ont causé 8.000 morts rien qu’en 2018 parmi les plus de 65 ans.

Adaptation des systèmes de soin

«Aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri des conséquences sanitaires du changement climatique qui s’aggrave», avertit le rapport.

Les très fortes chaleurs ont également un impact économique, empêchant le travail en extérieur dans des pays en développement, avec des milliards d’heures de travail perdues en 2019, surtout en Inde, en Chine et au Bangladesh.

La hausse des températures et les événements climatiques extrêmes, toujours plus nombreux, menace également la sécurité alimentaire.

Dans le même temps, «des régimes alimentaires mauvais pour la santé deviennent plus répandus dans le monde, la consommation excessive de viande rouge ayant contribué à 990.000 décès en 2017», dont 13.000 en France, une consommation aussi mauvaise pour le climat que pour l’environnement.

Le rapport s’est aussi intéressé aux décès provoqués par l’usage d’énergies fossiles, notamment le charbon, responsables du réchauffement climatique mais aussi de sept millions de décès annuels à cause de la pollution de l’air.

Des scientifiques ont déjà fait le lien entre la destruction de la nature par les humains et l’émergence de nouvelles maladies, des zoonoses comme le Covid-19. Le changement climatique contribue aussi à une plus grande propagation de maladies infectieuses dans le monde, avertit le rapport, qui cite la dengue, la malaria ou les maladies liées aux bactéries du genre Vibrio.

Parmi les raisons d’espérer, les systèmes de santé s’adaptent au changement climatique. Dans 86 pays, ils sont connectés aux services météorologiques afin de mieux se préparer. Et de plus en plus d’Etats font le lien entre santé et climat.

Limiter le réchauffement climatique permettra d’atténuer les effets négatifs en terme de santé, insistent les experts.

«Le temps est venu pour nous tous de prendre plus au sérieux les facteurs environnementaux en terme de santé», exhorte Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet. «Nous devons répondre à l’urgence climatique, protéger la biodiversité et renforcer les systèmes naturels dont notre civilisation dépend», poursuit-il.

Les milliards dépensés pour relancer l’économie à travers le monde présentent «une véritable opportunité pour harmoniser les réponses à la pandémie et au changement climatique», constate Maria Neira, de l’OMS. «Mais le temps est compté», avertit-elle.