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Fifa: Platini et Blatter désormais poursuivis pour escroquerie en Suisse

28 novembre 2020, 07:01

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Fifa: Platini et Blatter désormais poursuivis pour escroquerie en Suisse

Michel Platini et Sepp Blatter sont désormais poursuivis pour «escroquerie» et «abus de confiance» en Suisse, après l'élargissement de l'enquête initialement ouverte contre eux pour «gestion déloyale», et qui a brisé en 2015 leur parcours dirigeant dans le football.

Aucun fait nouveau n'est cependant intervenu dans cette affaire, qui porte sur le paiement par la Fifa de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) à Michel Platini début 2011, a indiqué à l'AFP une source ayant accès au dossier, confirmant des informations du journal français Le Monde et du site français Mediapart.

Le parquet suisse (MPC), en pleine tourmente en raison des accusations de collusion avec la Fifa qui visent son ancien chef, se dote ainsi d'options juridiques supplémentaires pour qualifier le règlement de cette somme.

«On a le sentiment que le MPC maintient cette procédure vieille de cinq ans par le jeu artificiel et dilatoire de l'élargissement des charges», a dénoncé l'entourage du N°10 légendaire des Bleus, dans une déclaration à l'AFP.

«Depuis 2015, Michel Platini a été: témoin, témoin assisté, mis hors de cause officiellement par le même MPC en 2018, puis suspect auditionné sur la base de soupçons qui ont été levés au cours des dernières auditions», menées fin août et mi-novembre, ajoute la même source.

Arriéré de salaire

Pénalement, l'enjeu pour les deux ex-dirigeants n'a pas changé: ces trois qualifications sont passibles de cinq ans d'emprisonnement au maximum, selon le Code pénal suisse, de même que le chef de «faux» dont répond également Michel Platini.

Mais côté football, cette longue phase d'enquête prolonge la mise à l'écart du Français des instances dirigeantes, bien que la suspension infligée par la justice interne de la Fifa ait pris fin l'an dernier. Le Suisse a de son côté été emporté par une cascade de scandales de corruption quelques mois avant l'éclatement de l'affaire.

Anciens alliés devenus rivaux, Sepp Blatter et Michel Platini martèlent depuis le départ qu'il s'agit d'un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français en 1999-2002.

«Je n'ai rien à me reprocher dans le paiement arriéré des salaires sur la base d'un commun accord», a réaffirmé vendredi soir l'ex-patron de la Fifa dans un message à l'AFP.

Selon les deux hommes, l'accord entre eux remonte au printemps 1998: Sepp Blatter, entré à la Fifa en 1975 comme directeur du développement mais dépourvu de légitimité sportive, cherchait alors l'appui du triple Ballon d'Or pour prendre la tête de l'instance.

Vingtaine d'affaires

Mais la Fifa, dirigée depuis 2016 par Gianni Infantino, déplore de son côté l'absence de contrat écrit mentionnant à l'époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement depuis fin 2019 devant la justice civile suisse.

L'affaire est d'autant plus complexe qu'il existe bien une «convention» écrite signée en 1999, après l'accession de Sepp Blatter après la présidence de la Fifa: mais elle prévoit un salaire de 300 000 francs suisses par an pour Michel Platini, loin du million annuel réclamé par l'ancien champion.

Platini comme Blatter ont depuis expliqué cet écart en évoquant les «problèmes de liquidité» que connaissait à l'époque la Fifa. Ils auraient donc prévu que le complément de salaire serait versé par la suite, négligeant simplement de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision rendue en 2016. 

Outre ce dossier, qui vise également l'ancien secrétaire général de la Fifa Jérôme Valcke et l'ex-directeur financier Markus Kattner, la justice suisse a ouvert depuis cinq ans une vingtaine de procédures concernant l'instance suprême du football. 

La seule qui a trouvé un épilogue, et visait Jérôme Valcke et le patron du PSG et de beInMedia Nasser Al-Khelaïfi, s'est conclue fin octobre par un acquittement quasi-général dans une affaire de droits télés, où la «gestion déloyale» a été écartée par les juges.